Dieu le Saint-Esprit - Ministère Ligonier
Dieu le Fils
21 mai, 2021
Trouver son bonheur en la Trinité
28 mai, 2021
Dieu le Fils
21 mai, 2021
Trouver son bonheur en la Trinité
28 mai, 2021

Dieu le Saint-Esprit

Note de l’éditeur : Ceci est le cinqième chapitre de la série La Trinité

Le Saint-Esprit subsiste dans la Trinité indivisible comme l’une des trois hypostases (personnes). En tant que tel, il est pleinement et intégralement Dieu, un dans son existence éternelle avec le Père et le Fils, un dans sa puissance et sa gloire. Tout ce que Dieu fait, l’Esprit le fait, puisque dans toutes les œuvres de Dieu, les trois personnes œuvrent ensemble de manière inséparable, que ce soit dans la création, la providence ou le salut. Par conséquent, lorsque nous parlons de l’Esprit à l’œuvre, nous devons toujours nous rappeler que le Père et le Fils sont également impliqués.

Néanmoins, le Saint-Esprit n’est pas le Père, et il n’est pas non plus le Fils, car les trois sont éternellement distincts. Il n’y a qu’un seul Dieu, donc l’Esprit est identique dans son être ou son essence au Père et au Fils, mais en termes de personne, il est irréductiblement distinct. Ainsi, il y a des actions attribuées (ou appropriées) spécifiquement à l’Esprit – c’était juste lui qui était envoyé à la Pentecôte – mais même ici il était envoyé par le Père par et dans le Fils.

En termes de relations éternelles entre les trois, l’Esprit procède du Père (Jn 15.26). En ce sens, l’Esprit est issu du Père, une relation qui ne comporte aucun élément de subordination, d’infériorité ou de préséance temporelle, mais qui indique plutôt un ordre relationnel et hypostatique (personnel). C’est quelque chose qui dépasse toute capacité de compréhension, car cela se passe dans le mystère de la vie interne de Dieu. Cependant, par la foi, nous cherchons à comprendre cette réalité.

Conformément à cette procession éternelle (1), le Père envoie l’Esprit, par et dans le Fils, en relation avec toutes ses œuvres dans la création, y compris notre rédemption (Ac 1.8 ; Ga 4.4-6). C’est ce qu’on appelle une mission (un envoi) (2).

Comme nous l’avons noté, le Fils est aussi activement impliqué avec le Père dans l’envoi de l’Esprit. Jésus fait référence à l’envoi de l’Esprit par le Père à la Pentecôte en réponse à sa demande ou en son nom (Jn 14.16, 26). Il dit aussi qu’il enverra lui-même l’Esprit (16.7) et, plus tard, il souffle sur les disciples et leur dit : « Recevez le Saint-Esprit ! » (20.22)

Cela a donné lieu à un débat sans fin sur la manière dont le Fils est impliqué éternellement dans les relations entre le Père et l’Esprit. Il n’y a pas de déclaration biblique explicite sur le fait que l’Esprit procède du Fils aussi bien que du Père. À l’origine, le Symbole de Nicée indiquait simplement que l’Esprit « procède du Père ». L’Église latine a ensuite ajouté l’expression filioque (« et du Fils ») au Symbole, malgré l’opposition ecclésiastique et théologique véhémente et continue des Églises orientales. L’Occident a compris que le Père avait remis toutes choses au Fils, y compris la spiration (ou procession) de l’Esprit, tandis que l’Orient soutient que cela met en péril le Père en tant que source de la subsistance personnelle du Fils et de l’Esprit et, de plus, brouille la distinction entre le Fils et l’Esprit. Cependant, tant les Églises orientales (les orthodoxes orientaux) que les Églises occidentales (le catholicisme romain et le protestantisme) reconnaissent que, puisque la Trinité est indivisible, les trois sont intégralement impliqués.

Pierre place l’Esprit sur un pied d’égalité avec Dieu lorsqu’il affirme que mentir au Saint-Esprit, c’est mentir à Dieu (Ac 5.3-4). Les œuvres qu’il accomplit ne peuvent être faites que par Dieu. L’Esprit est mentionné dans des déclarations triadiques omniprésentes dans les lettres du Nouveau Testament, sachant que theos (Dieu) se réfère habituellement au Père et kyrios (Seigneur) au Fils. En tant que Dieu, l’Esprit possède tous les attributs divins de manière intégrale (par exemple, Ps 139.7-10). Par conséquent, les trois personnes ensemble ne sont pas plus grandes que ce que l’Esprit est distinctement.

Il faut souligner que l’Esprit n’est pas une force ou une puissance impersonnelle. La Bible le décrit en termes personnels. Il peut s’attrister du péché (Ép 4.30), persuade et convainc (Jn 14-16), intercède (Ro 8.26-27), témoigne (Jn 16.12-15), crie (Ga 4.6), parle (Mc 13.11), et informe les évangélistes et les apôtres de ce qu’ils doivent faire (Ac 8.29, 39 ; 16.6-10). Il a une pensée (Ro 8.27) et œuvre avec nous d’une manière qui fait appel à notre propre intelligence (1 Co 12.1-3 ; 2 Co 10.3-6). Il est discret, attirant l’attention sur Christ le Fils, et non sur lui-même (Jn 16.14-15 ; voir 13.31-32 ; 17.1-26), suscitant la confession que Jésus est Seigneur (1 Co 12.1-3). Il est invisible, car il ne partage pas notre nature. Bien que le grec pneuma (Esprit) soit un nom neutre, cela n’a aucune pertinence pour les débats contemporains sur le genre puisque Dieu n’est pas un être sexuel.

L’ESPRIT, LA CRÉATION ET LA PROVIDENCE

Que l’Esprit soit Créateur, inséparablement (3) avec le Père et le Fils, est évident, entre autres, dans Genèse 1.2, où « l’Esprit de Dieu planait au-dessus de l’eau ». Ailleurs, lorsque l’Ancien Testament propose une réflexion poétique sur la création, l’Esprit – ou le souffle – de Dieu est mentionné (Ps 33.6-9). Cela est reflété dans le Symbole de Nicée, où il est confessé comme « l’auteur et le dispensateur de la vie ». Par conséquent, Il est continuellement actif dans la providence et dans l’octroi, le maintien et la fin de la vie (Ps. 104:29-30).

L’ESPRIT DANS LA VIE ET LE MINISTÈRE DE JÉSUS

Tout au long de la vie et du ministère de Jésus, le Fils incarné, l’Esprit était actif. Bien que Jésus témoigne à plusieurs reprises que le Père l’a envoyé (par exemple, Jn 4.34 ; 5.19-24, 30, 36-38 ; 6.29-33, 38-39, 44, 57), il a été conçu par le Saint-Esprit (Mt 1.20 ; Lc 1.34-35). À chaque étape des récits relatifs à sa naissance et à son enfance, puis au début du ministère public de Jésus, Luc fait référence à la présence et à la participation active de l’Esprit (Lc 1.34-35, 41-42 ; 2.25-27 ; 3.16, 21-22 ; 4.1, 14-19). Le baptême de Jésus en est un exemple frappant, lorsque le Père le reconnaît comme son Fils tandis que l’Esprit descend et repose sur lui (Mt 3.13-17), l’oignant au début de son ministère et indiquant ainsi la réalité permanente de son pouvoir par la suite. Cela inclut le fait de le soutenir dans son humilité incarnée alors qu’il faisait face à la tentation sévère du diable (Lc 4.1-13).

C’est « par l’Esprit éternel » que Jésus s’est offert au Père sur la croix (Hé 9.14), une référence claire à l’Esprit Saint plutôt qu’à une quelconque abstraction psychologique – notez que « Dieu » est généralement une désignation du Père dans le Nouveau Testament. De même, le Père a ressuscité Christ d’entre les morts par le Saint-Esprit, modèle de notre propre résurrection (Ro 8.10-11).

Dans le contexte de Luc-Actes, l’ascension de Jésus est liée à l’envoi de l’Esprit quelques jours plus tard, à la Pentecôte (Ac 1.8-11). Le contexte est celui de l’enlèvement d’Élie au ciel, avant lequel Élisée a demandé une double portion de l’esprit de son mentor et s’est vu répondre que cela se produirait s’il voyait Élie enlevé (2 R 2.9-12). Les Apôtres assistent ici au départ de Jésus, avec l’effusion de l’Esprit qui s’ensuit et qui est relatée dans les chapitres suivants. Jésus lui-même établit un lien entre le don de l’Esprit et son ascension (Jn 7.37-39). À partir de là, l’Esprit donne sa force au ministère des Apôtres et à la propagation de l’Église, comme le montrent les Actes des Apôtres.

L’ESPRIT ET L’ÉGLISE

Nous sommes baptisés dans le nom unique du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Mt 28.19-20).  L’Esprit accomplit cette opération en nous baptisant dans le corps de Christ (1 Co 12.13). Il y a ici une conjonction entre l’œuvre de l’Esprit et le sacrement du baptême, qui est le signe et le sceau de notre incorporation dans le corps de Christ. C’est l’Esprit qui nous attire effectivement à la foi et nous dote de dons pour le bien de l’Église, y compris en appelant à l’un ou l’autre ministère ceux qu’il a choisis (Ac 13.1-7).

C’est l’Esprit qui nous transforme à l’image du Seigneur (2 Co 3.17-18) et nous permet de lutter contre la tentation et le péché (Ro 8.12-14). Il nous unit à Christ et nous permet de nous nourrir de lui par la foi dans la Sainte Cène. Seul Celui qui est lui-même Dieu peut faire cela ; seul Celui qui est Dieu peut être classé avec le Père et le Fils. Enfin, le but ultime de Dieu est que nous vivions et prospérions pour toujours dans le royaume gouverné par l’Esprit (1 Co 15.35-58).

Tout ceci, rappelons-le, s’inscrit dans le contexte de la Trinité indivisible et des œuvres inséparables de Dieu. L’Esprit ne travaille pas seul. Il ne s’en va pas tout seul, laissant le Père livré à lui-même. Le Père non plus ne laisse pas son Esprit tout seul. Tous trois sont engagés dans l’œuvre de notre salut, l’Esprit opérant de manière distincte dans ces tâches particulières.

1.      La procession, ou spiration, est la propriété personnelle qui distingue l’Esprit du Père et du Fils. L’Esprit est pleinement divin, comme les deux autres, mais du point de vue de sa personne, il procède éternellement du Père et du Fils, ou est spiré par eux. ︎

2.      La mission trinitaire désigne l’envoi du Fils par le Père dans l’incarnation et le déversement de l’Esprit par le Père et le Fils à la Pentecôte. La mission trinitaire est une expression de la Trinité économique – l’œuvre de Dieu vis-à-vis de la création. La mission reflète également les propriétés personnelles des personnes trinitaires dans la trinité ontologique – Dieu tel qu’il est en lui-même. ︎

3.      La doctrine des opérations inséparables ou des œuvres inséparables de la Trinité dit que chaque personne de la Trinité est pleinement impliquée dans chaque œuvre que Dieu accomplit dans sa création. La création, la providence et le salut ne sont pas des œuvres réalisées par un seul membre de la Trinité. Le Père, le Fils et l’Esprit sont tous à l’œuvre dans la création, le maintien et la rédemption. Chacun ne fait pas sa part comme un membre d’un comité, mais chacun accomplit la même œuvre, bien que ce soit d’une manière spécifique à sa propre personne et à ce qui lui est propre. ︎

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Robert Letham
Robert Letham
Robert Letham est professeur de théologie systématique et historique à l'Union School of Theology au Pays de Galles. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont The Holy Trinity et Union with Christ.