La vocation et le chrétien - Ministère Ligonier
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La vocation et le chrétien

Note de l’éditeur : Ceci est le dix-huitième chapitre de la série Mots et expressions bibliques mal compris.

Les Écritures affirment clairement que les chrétiens doivent être le sel et la lumière du monde. Mais comment devons-nous l’être exactement ?

Bien que nous ne soyons pas sauvés par nos bonnes œuvres, la Bible enseigne que Dieu attend ces bonnes œuvres de la part des chrétiens. Que veut-il que nous fassions exactement, et où veut-il que nous le fassions ? Selon les Écritures, Dieu gouverne et prend soin de toute sa création providentiellement. Comment cela se traduit-il dans les sociétés humaines, compte tenu de la réalité du péché ?

Aujourd’hui, dans notre monde hautement sécularisé, les chrétiens sont également confrontés à d’autres questions : Les chrétiens doivent-ils s’impliquer dans la politique ? Comment les chrétiens peuvent-ils récupérer un mariage chrétien ? Comment les parents chrétiens doivent-ils élever leurs enfants ? Comment les chrétiens peuvent-ils vivre leur foi sur leur lieu de travail ? Un thème central de la Réformation permet de répondre à ces questions : la doctrine de la vocation.

VIVEZ SELON QUE VOUS AVEZ ÉTÉ APPELÉS

À l’instar d’autres termes théologiques, le mot “vocation” a été repris dans la langue vernaculaire, et a reçu un sens très restreint, devenant synonyme de travail ou d’occupation. Les chrétiens ont eux aussi absorbé ce sens séculier, si bien que l’on suppose souvent que la doctrine de la vocation a trait à la manière dont les chrétiens peuvent glorifier Dieu dans leur travail.

Le concept théologique comprend bien cela, mais la doctrine de la vocation, telle qu’elle a été développée par Martin Luther, Jean Calvin, les puritains et d’autres théologiens de la Réformation, est bien plus que cela. Il s’agit d’une théologie de la vie chrétienne ou, en d’autres termes, d’une théologie sur la façon de vivre dans le monde.

Le mot “vocation” signifie simplement “appel”, de sorte que les passages qui utilisent ce terme-là nous enseignent ce qu’est la vocation. Par exemple, en 1 Corinthiens 7, l’apôtre Paul utilise différents dérivés du mot “appel”, qui culminent dans ce texte clé : “Seulement, que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de lui. C’est ainsi que je l’ordonne dans toutes les Églises” (1 Cor 7.17).

Dieu nous assigne une vie, et ensuite Dieu nous appelle à cette vie. Telle est, en résumé, la doctrine de la vocation. Notez que rien n’est dit sur le fait de choisir une vocation, de trouver sa véritable vocation, ou d’être épanoui dans sa vocation. Nous pouvons expérimenter ou lutter avec tout cela, mais la vocation est fondamentalement l’œuvre de Dieu.

Chaque vocation apporte le prochain dans notre vie.

Dans le contexte de 1 Corinthiens 7, l’apôtre Paul parle surtout de la vocation du mariage. Est-il préférable de se marier ou de rester célibataire ? Il aborde également la question de l’identité ethnique et nationale, à savoir s’il est préférable d’être Juif ou gentil. Il aborde également le système économique gréco-romain, la question de savoir si l’on peut être à la fois chrétien et esclave, et s’il est permis de chercher à être libre. Derrière tous ces “appels” se profile l’appel au salut, dans lequel la Parole de Dieu appelle les individus par le moyen de l’Évangile, et fait naître la foi dans leurs cœurs.

Ces passages traitent donc de ce que Luther a appelé les différents “domaines” que Dieu a conçus pour la vie humaine, dans lesquels nous avons nos multiples appels : la maisonnée, l’État, et l’Église.

Dans chaque cas, pour toutes les questions soulevées en 1 Corinthiens 7, la réponse de Paul est la même : “Vivez selon que vous avez été appelés”.

CE QUE DIEU FAIT DANS VOTRE VIE

Nous pourrions nous demander : “Que fait Dieu dans ma vie ?” La vocation nous encourage à poser une autre question : “Que fait Dieu à travers ma vie ?”

Dieu gouverne et prend soin de sa création humaine providentiellement, entre autres par le moyen de la vocation. Il nous donne notre pain quotidien par la vocation des agriculteurs, des meuniers et des boulangers (voir 2 Corinthiens 9.10). Il nous protège par la vocation des autorités dirigeantes, y compris celles qui “portent l’épée”, comme les officiers de police, les soldats et les juges (voir Rm 13.1-7). Il crée et prend soin des enfants par la vocation des mères et des pères (voir Ps 127). Il proclame et enseigne sa Parole par la vocation du ministère (Rm 10.14-17).

Luther a décrit la vocation comme un “masque de Dieu”. Considérez tous ceux qui font des choses pour vous – les personnes qui ont construit votre maison, confectionné vos vêtements, fabriqué votre voiture, fait le ménage, servi votre repas, soigné vos maladies, et ainsi de suite. Derrière ces gens ordinaires, Dieu est caché, et il vous bénit à travers eux.

Vous aussi, vous êtes un masque de Dieu. Il bénit les autres à travers vous, même si vous n’en êtes pas conscient : votre conjoint, vos enfants, vos collègues, vos clients, vos frères chrétiens.

LE DESSEIN DE DIEU POUR TOUTES LES VOCATIONS

Dieu veut que nous l’aimions et que nous aimions notre prochain comme nous-mêmes (Mt 22.34-40). Par conséquent, le but de toute vocation – dans le mariage, la parentalité, le lieu de travail, la nation, et l’Église – est que nous aimions et servions notre prochain (voir Ga 5.13-15).

Chaque vocation apporte le prochain dans notre vie. Le mariage nous donne notre conjoint ; la parentalité, nos enfants ; le lieu de travail, nos collègues et nos clients ; notre nation, nos concitoyens ; notre Église, les membres de notre congrégation. Ce sont ces prochains que Dieu veut que nous aimions et servions. Lorsque nous le faisons, notre amour et notre service deviennent un canal pour l’amour et le service de Dieu.

Assurément, il nous arrive souvent de ne pas aimer notre prochain. Nous l’utilisons parfois, voire le maltraitons. Au lieu de le servir, nous voulons qu’il nous serve. Voilà la racine des conflits dans les mariages, les entreprises, et les congrégations. Autrement dit, nous péchons dans nos vocations. Dieu peut continuer à travailler à travers nous, mais nous le combattons.

Nous devons confesser ces péchés, recevoir le pardon, et rectifier les choses. Et lorsque nous le faisons, nous grandissons dans la foi et l’amour. La sanctification se trouve également dans la vocation.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Gene Edward Veith
Gene Edward Veith
Le Dr Gene Edward Veith est doyen et professeur émérite de littérature au Patrick Henry College de Purcellville, en Virginie. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont God at Work et Reading between the Lines.