Ailes d’aigles
12 juin, 2023Sel
19 juin, 2023Hauts lieux
Note de l’éditeur : Ceci est le septième chapitre de la série Mots et expressions bibliques mal compris.
Le mot hébreu bamah, traduit par « haut lieu », a longtemps intrigué les linguistes. Dans d’autres langues sémitiques anciennes, ses équivalents désignent les « flancs » ou les « côtés » d’un animal, parfois étendus pour désigner la campagne ouverte sur les pentes des collines, où se déroulaient les batailles (voir Ps 18.33-34). Pourtant, la Septante – la traduction grecque de l’Ancien Testament – traduit parfois bamah par le mot grec signifiant « sommets des montagnes ». Cela concorde avec les versets qui décrivent un bamahcomme quelque chose vers lequel on monte (1 Sa 9.13-14, 19), ou quelque chose associé aux nuages (És 14.14).
Il n’est donc pas surprenant que bamah soit traduit par « lieu élevé », même si la plupart des érudits ne pensent pas que les auteurs bibliques avaient principalement la hauteur en vue. Les archéologues donnent le nom de bamah à tout sanctuaire, ou site de lieu de culte, trouvé dans les anciennes villes israélites. Le petit temple qui existait à l’intérieur de la forteresse judéenne d’Arad en est un exemple, jusqu’à ce qu’il soit démantelé, probablement à l’occasion des réformes d’Ézéchias (voir 2 Rois 17.9).
Ce qui est essentiel, c’est qu’Israël a construit des sanctuaires, parfois en plein air (1 Rois 14.23 ; 2 Rois 16.4), et d’autres fois dans leurs villes et villages (1 Rois 13.32 ; 2 Rois 23.5 ; 2 Ch 28.25). Mais pour quelle raison les ont-ils construits ?
Certains hauts lieux étaient le résultat de l’idolâtrie, et de pratiques religieuses païennes. Nombres 33.51-52 indique qu’Israël devait détruire divers instruments religieux cananéens, y compris des hauts lieux. Salomon a construit un haut lieu pour les faux dieux étrangers Kemosh et Molech (1 Rois 11.7). Et le méchant roi Manassé a construit des hauts lieux lors de son ignoble accès d’idolâtrie (2 Rois 21.1-5). Ainsi, certains hauts lieux étaient les fruits amers de l’apostasie.
Mais d’autres hauts lieux ont été consacrés à Yahvé par des Israélites cherchant à offrir un culte acceptable. 1 Samuel 9.11-27 raconte la première rencontre de Saül avec Samuel. Samuel assistait à un festin sur le haut lieu de la ville pour bénir le sacrifice, qui était vraisemblablement offert à l’Éternel. Après tout, Dieu était en train de communiquer avec Samuel à ce moment précis au sujet de Saül, et rien ne laisse supposer que ce haut lieu n’était pas orthodoxe (voir v. 15-17). 1 Rois 3.2 déclare même que les gens sacrifiaient sur les hauts lieux « car jusqu’à cette époque il n’avait point été bâti de maison au le nom de l’Éternel », bien que le verset suivant dépeigne la fréquentation des hauts lieux par Salomon comme étant incompatible avec son amour pour l’Éternel. Lorsqu’Ézéchias démolit les hauts lieux, l’envoyé assyrien tenta d’utiliser cet acte contre lui, accusant Ézéchias de démolir des hauts lieux consacrés au Dieu même en qui il plaçait sa confiance (2 Rois 18.22 ; Ésaïe 36.7).
Il est préférable d’interpréter ces exemples ultérieurs de hauts lieux comme étant ceux qui ont été tolérés par Yahvé à certains moments, même s’ils ne correspondaient pas à son intention de culte véritable, et ne conduisaient finalement non plus à un culte pur. C’est pourquoi, même les rois justes de Juda ont été critiqués par cette expression : « les hauts lieux ne disparurent point ; le peuple offrait encore des sacrifices et des parfums sur les hauts lieux » (par exemple, 1 Rois 22.44 ; 2 Rois 12.3, 14.4, 15.4). C’est également la raison pour laquelle les réformes d’Ézéchias et de Josias, qui impliquaient la destruction des hauts lieux, ont été des points culminants dans l’histoire d’Israël. Après tout, Moïse avait prévenu Israël que l’idolâtrie sur les hauts lieux conduirait à terme à l’exil (Lév 26.30).
L’histoire des hauts lieux en Israël nous rappelle l’importance d’adorer Dieu uniquement comme il l’a ordonné dans sa Parole. Les efforts pour aller au-delà de la Parole de Dieu dans le culte ne finissent pas bien. Les efforts pour « améliorer » le culte sur la base de nos émotions, de nos préférences, de notre pragmatisme, de nos habitudes, de notre popularité, ou de nos bonnes intentions, ne finissent pas bien. L’histoire des hauts lieux nous enseigne à nous contenter de la volonté révélée de Dieu en matière de culte, en nous rappelant qu’il ne manquera jamais de nous visiter dans sa grâce et sa miséricorde lorsque nous l’adorons en esprit et en vérité (Jean 4.24).