Le roi du royaume de Dieu
1 janvier, 2024Posséder le royaume
8 janvier, 2024Le lieu du royaume de Dieu
Note de l’éditeur : Ceci est le quatrième chapitre de la série Le royaume de Dieu.
L’autorité de tout roi est limitée aux frontières de son royaume. L’application de cet axiome au royaume du Christ crée une tension entre la foi et la vue. La Bible déclare que la terre, avec tout ce qu’elle contient et tous ses habitants, appartient à l’Éternel (Ps 24.1), mais le monde est hostile au règne de Dieu, déterminé à s’éloigner de lui et de son autorité souveraine (Ps 2.3). Malgré la rébellion, Dieu déclare qu’il établira son Roi-oint sur la sainte montagne de Sion (Ps 2.6). La foi dans le règne médiatorial du Christ, qui nous soumet, nous gouverne, et nous défend, en réprimant et en conquérant tous ses ennemis et les nôtres (Petit catéchisme de Westminster Q/R 26), est un réconfort pour les citoyens de son royaume. Cependant, l’Écriture anticipe une manifestation de la royauté du Christ au-delà du règne spirituel de son Église, dont il est le chef souverain (Éph 1.22 ; Col 1.18).
La Bible décrit souvent le règne du Christ en termes géographiques. Sa domination s’étend d’une mer à l’autre, jusqu’aux extrémités de la terre (Ps 72.8). Zacharie 14.9 anticipe le jour où l’Éternel sera Roi sur toute la terre. Daniel évoque ce moment où tous les royaumes du monde seront mis en pièces, et remplacés par un royaume qui ne sera jamais détruit (Da 2.44). Il est préférable de considérer que cette inclusion géographique s’accomplit dans l’état éternel quand Dieu crée un nouveau ciel et une nouvelle terre qui remplacent l’ancienne création, maudite par le péché, par un nouveau monde semblable à l’Eden, caractérisé par une justice parfaite (Ésaïe 65.17 ; 2 Pierre 3.13 ; Apocalypse 21.1). La particularité la plus significative de ce royaume futur est sans doute la présence du Roi au milieu des citoyens (Za 2.5, 10-11). Bien que l’Église se trouve aujourd’hui dans un environnement hostile, elle possède la bienheureuse espérance que tous les royaumes de ce monde tomberont, et que le royaume de Dieu prévaudra. Aujourd’hui, l’Église est en conflit ; alors, l’Église triomphera et occupera un lieu réel de paix et de justice dans la présence du Roi.
L’attention portée à la terre promise tout au long de l’Ancien Testament est instructive pour cette théologie du royaume. Une grande partie de la théologie de l’Ancien Testament concerne la conquête, l’héritage, l’expulsion et la reprise de possession de cette terre par Israël. La promesse initiale d’une terre était une composante intégrale de l’alliance de Dieu avec Abraham. Dieu avait promis à Abraham une terre dont les coordonnées géographiques s’étendaient de l’Euphrate jusqu’au fleuve d’Égypte (Ge 12.7, 15.18-17.8). Bien que l’Éternel ait garanti à Abraham que sa descendance posséderait le pays pour toujours, Abraham, au mieux, ne le possédait que de manière symbolique, puisqu’il ne possédait qu’une grotte (Ge 13.17, 23). Abraham savait bien que la promesse d’un pays n’était pas qu’une question de terre, puisque sa principale préoccupation était une meilleure patrie céleste (Hé 11.16). Dans un sens, l’expérience d’Abraham reflète celle de l’Église : sa possession « actuelle » de la terre n’équivaut pas à la réalité du « pas encore » qui est à venir. Cette théologie de la terre est un cas d’école pour le royaume de Dieu.
Premièrement, la terre était promise. Bien que la promesse soit assurée, elle comportait une composante géographique qui n’avait pas été réalisée, non seulement par Abraham, mais aussi par ses descendants. Pendant plus de quatre cents ans, les descendants d’Abraham ont été des sujets dans un pays étranger, sans aucune perspective d’hériter de l’ancienne promesse. Mais Dieu a renouvelé la promesse (Ex 6.8, 13.5, 11), et la nation a fait les premiers pas vers son héritage. Comme leur père Abraham, ils ont fait confiance à la promesse sans en voir l’accomplissement, puisque la génération qui a quitté l’Égypte n’a jamais traversé le Jourdain. Il en va de même pour l’Église aujourd’hui. Par la foi, nous savons que les débonnaires hériteront la terre (Mt 5.5), et que la semence spirituelle d’Abraham héritera le monde (Rom 4.13). Cela dépasse notre expérience « actuelle », mais c’est la promesse de Dieu. Une chose est certaine : Christ a préparé une place pour son peuple (Jean 14.2 ; Hé 6.19-20).
Deuxièmement, la terre était prospère. L’Éternel a décrit la terre comme étant bonne et spacieuse, ruisselante de lait et de miel (Ex 3.8). Il s’agit d’une figure de style qui parle de l’abondance que le pays fournirait. La prospérité de la terre était une manière imagée d’illustrer les bénédictions qui appartenaient aux rachetés. Faire partie du peuple racheté de Dieu, c’est se trouver dans un lieu de richesse spirituelle. En termes pauliniens, Dieu nous a bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ (Éph 1.3). La terre « de lait et de miel » du chrétien équivaut aux lieux célestes.
Troisièmement, la terre était peuplée. La terre que Dieu a promis de donner à Israël n’était pas en sommeil ou inhabitée pendant toutes les années où ils étaient sous la servitude égyptienne. L’Éternel avait déclaré que la terre était habitée par des nations plus grandes et plus puissantes qu’Israël (Dt 7.1). La présence de cette population indigène constituait à la fois un problème pour la foi et une menace potentielle pour la fidélité. L’Éternel a répondu à cette menace en mettant en garde contre le fait d’habiter la terre avec les indigènes, et de conclure avec eux des traités qui les pousseraient à pécher contre Dieu (Ex 23.32-33). Au contraire, ils devaient « renverser » les idoles du peuple et « les mettre en pièces » (v. 24). Le fait qu’Israël n’ait pas tenu compte de cet avertissement a entraîné son expulsion de la terre.
Le problème pour la foi était tout aussi réel. Puisque les Cananéens autochtones étaient des guerriers si forts et si habiles, et qu’Israël était si faible et si inexpérimenté en matière de guerre, la question pressante était de savoir comment acquérir la terre. Que la terre soit un don de Dieu était une chose, mais posséder ce don semblait en être une autre. Il était peu probable que les indigènes partent volontairement ; ils se battraient pour conserver leur patrie. Les chances qu’Israël gagne ce combat étaient minces. La manière dont l’Éternel explique le processus de possession de la terre illustre une leçon spirituelle vitale de la conquête du croyant sur la domination du péché.
La procédure pour traiter avec les Cananéens était double : Dieu combattrait pour Israël, et Israël devait combattre pour lui-même. L’Éternel assure le peuple qu’il va retrancher l’ennemi, le détruire et le faire reculer (Ex 23.23, 27). Il le ferait en envoyant son ange devant eux, à qui ils devaient obéir (v. 20, 23). En plus de l’ange qui mènerait la charge, Dieu enverrait sa peur et ses frelons devant les Israélites pour chasser les Cananéens (v. 27-28). Ces deux expressions sont des figures de style qui font référence à des choses qui produisent la terreur.
La conquête de Canaan illustre la coopération entre Dieu et le peuple. Dieu a obtenu et assuré la victoire en vertu de ses promesses de leur donner la terre et d’expulser les Cananéens qui s’opposaient à leur possession de la promesse. Les Israélites doivent néanmoins traverser le Jourdain et chasser l’ennemi dans une bataille meurtrière (Dt 9.3). Croyant que Dieu leur avait donné la victoire, ils entrèrent dans le pays et combattirent à la lumière de cette victoire certaine. Les Israélites n’ont pris possession du pays qu’en obéissant au commandement de Dieu et en utilisant leurs épées. Les batailles pour posséder la terre étaient sans relâche, et la possession du nouveau territoire était graduelle.
La conquête de la terre illustre la lutte du croyant contre le péché, sa sanctification progressive. Bien que le Christ ait remporté la victoire sur le péché et détruit sa domination sur nous, le péché ne s’enfuit pas de nous simplement parce que nous avons été sauvés. Si nous essayons de combattre le péché par nos propres forces, la défaite est certaine, car le péché est plus fort que nous. Inversement, si nous ne nous efforçons pas de combattre le péché avec l’armure de Dieu, la défaite est tout aussi certaine. Mais si nous nous joignons au conflit en revendiquant tout ce que Dieu a promis et que Christ a gagné, nous pouvons jouir de la victoire. Même lorsque nous expérimentons la victoire sur un péché spécifique, nous ne devons jamais baisser notre garde car nous vivons dans un monde rempli des Cananéens du péché et de la tentation. Une victoire ne mène qu’au prochain conflit. La guerre marque notre expérience actuelle du royaume.
Quatrièmement, la terre était un lieu de présence divine. Dans le Cantique de la Mer, Moïse a inclus dans sa louange une référence à la terre dans laquelle Dieu allait faire entrer son peuple : « Tu les amèneras et tu les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu que tu as préparé pour ta demeure » (Ex 15.17). Dans un sens particulier et spirituel, être dans le pays, c’était être là où se trouve l’Éternel ; c’était être en sa présence. L’Éternel a gracieusement assuré Moïse que sa présence l’accompagnerait dans le pays, et qu’il lui donnerait du repos (Ex 33.14). L’idée de « repos » est devenue synonyme de la terre et de la présence de Dieu (Ps 132.13-14). Le repos était là où était l’Éternel ; il marquait sa présence. En ce sens, la terre évoque le repos final qu’expérimentera chaque croyant dans le royaume céleste de Dieu, le lieu de sa présence glorieuse et la demeure éternelle du croyant (1 Pierre 1.4). Dans un autre sens, il s’agit d’un parallèle avec le repos du sabbat dont jouit le croyant dans le lieu de culte, où Dieu rencontre son peuple. Le lieu de culte est une manifestation du lieu du royaume de Dieu.
La terre promise touche de manière significative à la théologie du royaume. Les deux sont des lieux réels. La terre était un symbole de la présence de Dieu parmi son peuple racheté, de sa protection et de ses provisions. En fin de compte, la terre est typique (une prophétie imagée) du royaume universel et éternel de Dieu, l’expérience ultime de la présence divine et de la paix qui en découle. La terre évoque à la fois la destination ultime du peuple de Dieu, et le voyage quotidien vers cette destination. L’entrée dans la terre de repos est la destination finale des croyants. Le royaume vient.
Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.