Le roi messianique
28 décembre, 2020
Du sein de la Vierge
4 janvier, 2021
Le roi messianique
28 décembre, 2020
Du sein de la Vierge
4 janvier, 2021

Le prêtre éternel

Note de l’éditeur : Ceci est le huitième chapitre de la série Le Messie promis.

Le Psaume 110 a la particularité d’être le texte de l’Ancien Testament le plus fréquemment cité dans le Nouveau Testament. Écrit par le roi David, le Psaume 110 est un psaume royal qui prophétise l’ascension et la domination d’un futur roi messianique. Ce roi, dit David, viendra par la puissance du Seigneur (v. 2) et établira la domination de Dieu sur toute la terre (v. 5). Il jugera les nations (v. 6), renversera les ennemis de Dieu (v. 1, 6), et rassemblera le peuple de Dieu à lui (v. 3). Et dans un passage particulièrement frappant, David appelle même ce roi « mon Seigneur » (v. 1), reconnaissant la supériorité de son descendant royal.

Au centre de cette remarquable prophétie apparaît l’un des personnages les plus obscurs de l’Ancien Testament. David dit : « L’Éternel l’a juré, et il ne se rétractera pas : “Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédek.” » (v. 4) Melchisédek n’apparaît qu’une seule autre fois dans l’Ancien Testament. Après qu’Abraham eut vaincu les quatre rois d’Orient et sauvé son neveu Lot, il rencontra Melchisédek, qui est identifié comme le roi de Salem et le prêtre du Dieu Très-Haut (Gn 14.18-20). David trouve dans ce personnage mystérieux une préfiguration de la personne et de l’œuvre de Jésus Christ, à la fois grand roi et grand prêtre de son peuple.

PRÊTRE ROYAL

Dans l’Antiquité, il était courant pour les rois de fonctionner également comme prêtres.  Ils régnaient non seulement sur le domaine civil mais aussi sur le domaine sacré. Pour Israël, cependant, un tel prêtre-roi était une impossibilité. Dieu avait donné la royauté à la tribu de Juda (Gn 49.9-10), et spécifiquement à la lignée de David (2 Sa 7.12-16). Toutefois, il avait confié le sacerdoce exclusivement à la tribu de Lévi, et plus précisément aux descendants d’Aaron (Nb 17).

Cependant, David comprit que le roi messianique d’Israël régnerait sur toutes choses, y compris sur le royaume sacré réservé aux prêtres. Mais sur quelle base le roi d’Israël pouvait-il aussi servir de prêtre ? Après tout, le roi Saül n’a-t-il pas été rejeté pour avoir exercé des prérogatives sacerdotales (1 Sa 13.13-14) ? David trouve en Melchisédek non seulement la base d’un autre sacerdoce, mais l’espoir d’un meilleur sacerdoce. En raisonnant dans le même sens, l’auteur d’Hébreux indique que le fait qu’Abraham donne un dixième de son butin à Melchisédek et reçoive de lui une bénédiction est une expression claire de la supériorité de Melchisédek sur Abraham (Héb 7.4-10). Et si Melchisédek est supérieur à Abraham, il est certainement supérieur à Lévi, le descendant d’Abraham. Melchisédek, dont le nom signifie « roi de justice », représente donc un meilleur sacerdoce, en partie parce qu’il s’agit d’un sacerdoce royal. Précurseur du ministère de Jésus, Melchisédek était à la fois prêtre et roi.

Un merveilleux encouragement pour les croyants réside dans le fait que Jésus unit les fonctions de roi et de prêtre. Si Jésus n’était qu’un roi, nous pourrions à juste titre vivre dans la crainte de son juste jugement. Mais la Bonne Nouvelle est que ce Roi juste qui règne sur Son peuple est aussi le Grand Prêtre qui s’offre en sacrifice expiatoire et qui est leur Médiateur devant le Père. En fait, parce que nous avons un tel Grand Prêtre, il est capable de « compatir à nos faiblesses » (Héb 4.15) et nous pouvons nous approcher « avec assurance du trône de la grâce afin d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun » (v. 16). En Jésus, le Roi-Prêtre ultime, nous trouvons un Dieu qui connaît nos peines, qui a porté notre péché, et qui règne sur nous comme notre gracieux Seigneur.

PRÊTRE ÉTERNEL

Le sacerdoce de Jésus est également supérieur au sacerdoce lévitique car il s’agit d’un sacerdoce éternel.  David dit : « L’Éternel l’a juré, et il ne se rétractera pas : “Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédek.” » (Ps 110.4) Contrairement aux prêtres lévitiques, pour lesquels la généalogie était essentielle pour établir leur légitimité, il n’existe aucune trace de la généalogie de Melchisédek dans la Genèse ou ailleurs. Il n’y a aucune trace de sa naissance ou de sa mort, de sa lignée ou de sa descendance. Comme le note astucieusement l’auteur des Hébreux, la présentation de Melchisédek dans Genèse 14 lui confère une qualité éternelle, une qualité qui préfigure le caractère éternel du grand sacerdoce de Jésus (Héb 7.3).

L’un des inconvénients du sacerdoce lévitique était que ceux qui servaient comme prêtres avaient la fâcheuse habitude de mourir. Ainsi, tout comme Israël avait constamment besoin de nouveaux sacrifices, il avait également constamment besoin de nouveaux prêtres. Mais le sacerdoce de Jésus est différent. Il est prêtre pour toujours. En raison de son absence de péché, même après que Jésus se soit offert en sacrifice parfait et final, la mort ne pouvait pas le retenir (v. 16). Il se tient donc pour toujours à la droite du Père.

Pour les croyants en Christ, le grand sacerdoce éternel de Jésus devrait être une source de réconfort quotidien. Il nous rappelle que lorsque nous oublions Dieu, Il ne nous a pas oubliés. Lorsque, par notre désobéissance, nous abandonnons Dieu, nous sommes en mesure de savoir qu’il ne nous a pas abandonnés (Héb 13.5). Nous avons un médiateur parfait au ciel qui plaide les mérites de son propre sang versé pour nous, nous ramenant à Dieu par la repentance et la foi en lui seul. Le Psaume 110 anticipe et célèbre l’avènement de ce Roi-Prêtre éternel, Jésus Christ.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Stephen M. Coleman
Stephen M. Coleman
Stephen M. Coleman est professeur adjoint en Ancien Testament au Westminster Theological Seminary à Philadelphie et chercheur principal au J. Alan Groves Center for Advanced Biblical Research.