L'homme en relation d'alliance avec Dieu - Ministère Ligonier
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L’homme en relation d’alliance avec Dieu

Note de l’éditeur : Ceci est le quatrième chapitre de la série La doctrine de l’homme.

Depuis le jour où Dieu a créé Adam et Ève, ils étaient dans une relation d’alliance avec lui. Tout comme un poisson vit dans l’eau pour remplir le rôle que Dieu lui a donné, les êtres humains vivent dans une relation d’alliance avec Dieu, afin de pouvoir remplir le rôle que Dieu leur a donné. Même si le mot “alliance” n’apparaît pas en Genèse 1-3, les éléments d’une alliance sont présents. De même que le mot “alliance” n’apparaît pas dans l’établissement de l’alliance davidique en 2 Samuel 7, mais que les psaumes 89 et 132 y font référence comme à une relation d’alliance, de même Osée 6.7 fait référence à la relation de Dieu avec Adam comme à une alliance. La Confession de foi de Westminster 7.1 parle de la distance entre Dieu, en tant que Créateur, et ses créatures comme étant si grande que Dieu a volontairement condescendu à entrer dans une relation d’alliance. Ce langage ne signifie pas que la relation naturelle entre le Créateur et la créature n’existait pas sans une relation d’alliance, mais qu’une alliance était nécessaire pour qu’il y ait une relation fructueuse entre Dieu et ses créatures. La condescendance volontaire de Dieu fait référence à la bénévolence dont il fait preuve, en pourvoyant à tout ce dont ses créatures ont besoin pour s’épanouir. Ainsi, même si nous lui devions obéissance en tant que Créateur, Dieu a prévu une alliance pour la pleine expression d’une relation bénie avec lui.

Les bénédictions de Dieu à l’égard d’Adam et d’Ève se manifestent pleinement en Genèse 1-2. Il a pourvu à tout ce dont ils avaient besoin pour accomplir le mandat qu’il leur avait donné : être féconds, se multiplier, remplir la terre, et la soumettre (Ge 1.28). Il leur a donné de la nourriture et de l’eau, un bel endroit pour vivre, un travail utile, une compagnie dans le mariage, et une communion régulière avec lui. Il a également établi avec eux une relation d’alliance qui pouvait conduire à une plus grande bénédiction.

Plusieurs éléments de l’alliance sont reflétés en Genèse 1-3. Dieu a pris l’initiative de pourvoir à tout ce dont Adam et Ève avaient besoin, et il a fixé les termes de l’alliance. Il leur a donné un commandement qui leur interdisait de manger de l’un des arbres du jardin, l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Ce commandement était assorti d’une peine de mort en cas de désobéissance. Il y avait aussi devant eux l’arbre de vie, la récompense de l’obéissance. Ce sont des éléments communs à une relation d’alliance, dans laquelle des bénédictions sont promises en cas d’obéissance, et des malédictions en cas de désobéissance. C’était un test probatoire qui aurait pu soit conduire à une plus grande bénédiction de vie, soit à la punition de la mort. Adam et Ève avaient la capacité de respecter ce commandement dans l’obéissance à Dieu. Ils avaient été créés dans un état de sainteté positive, et n’étaient pas soumis à la loi de la mort, mais la possibilité de pécher était là. S’ils avaient réussi le test, ils auraient été récompensés par la vie éternelle, ce qui aurait rendu le péché impossible.

L’exigence de l’alliance des œuvres, qui consiste à observer parfaitement la loi de Dieu, subsiste.

Les relations d’alliance sont basées sur un principe de représentation. Adam est le représentant de l’alliance, et ses actions affectent donc ceux qu’il représente. Le mot hébreu adam n’est pas seulement le nom personnel Adam, mais aussi le nom générique de l’humanité (utilisé en Ge 1.26-28). Adam a été créé le premier (1 Tim 2.13-14), et lorsque Dieu a confronté Adam et Ève dans le jardin, à cause de leur péché, il s’est adressé d’abord à Adam, même si Ève avait désobéi à Dieu la première avant de donner le fruit à son mari. Adam fut tenu pour responsable de leur désobéissance. Son péché l’a affecté lui-même (Ge 3.7), sa relation avec Eve (v. 16), sa relation avec Dieu (v. 8), la création (v. 17-19), ses enfants (Ge 4.1-11), et tous ceux qui descendent naturellement de lui, comme le montrent le refrain “et il mourut” dans la généalogie de Genèse 5 ainsi que la propagation de la méchanceté sur la terre avant le déluge (Ge 6.5).

La Confession et les Catéchismes de Westminster appellent l’alliance avec Adam, l’alliance des œuvres et l’alliance de vie. D’autres l’appellent l’alliance de la création. Le terme “alliance de la création” reflète des questions plus vastes liées au mandat que Dieu a donné à l’humanité en Genèse 1.26-28. L’entrée du péché a entravé la capacité de l’humanité à remplir ce mandat, mais celui-ci est toujours en vigueur. Le terme “alliance de vie” met l’accent sur la bénédiction de la vie qui aurait été le résultat de l’obéissance d’Adam. Le terme “alliance des œuvres” met l’accent sur ce qui est au cœur du test probatoire que Dieu a donné à Adam. Bien que certains réagissent défavorablement au terme “œuvres” parce qu’il est légal et qu’il leur semble froid, il s’agit d’un mot significatif, qui exprime notre ultime espoir de salut.

Lorsque Adam a désobéi à Dieu, l’alliance des œuvres a officiellement pris fin. Adam et Ève n’avaient plus le droit de manger de l’arbre de vie et ont été expulsés du jardin (Ge 3.23-24). Cependant, l’exigence de l’alliance des œuvres, qui consiste à observer parfaitement la loi de Dieu, subsiste. Si la punition de la violation de l’alliance des œuvres s’étend à tous les descendants d’Adam, il en va de même pour l’obligation d’observer parfaitement la loi, ce que les pécheurs sont incapables de faire. Il n’y aurait aucun espoir de salut si Dieu n’intervenait pour ramener à lui ses créatures déchues.

Dieu a manifesté à Adam une grâce rédemptrice parce que son péché a introduit la malédiction de la mort dans le monde. Dieu a fait pour Adam et Ève des vêtements de peau à la place de leurs propres efforts pour se vêtir de feuilles de figuier. Cette provision est une préfiguration de la nécessité du sang versé, d’un sacrifice de substitution pour payer pour le péché. Dieu n’a pas seulement maudit le serpent, mais il a promis d’envoyer quelqu’un de la semence de la femme pour vaincre le serpent. D’ici là, les deux semences se livrent une guerre hostile. Les détails concernant celui qui viendrait de la semence de la femme sont développés tout au long de l’Ancien Testament, jusqu’à la venue du Christ, notre Médiateur. L’alliance de grâce est le début de la grâce rédemptrice de Dieu, à laquelle Adam a répondu par la foi en nommant sa femme Ève, parce qu’elle était la mère de tous les vivants (Ge 3.20). Adam a exprimé sa foi dans les promesses et les provisions de Dieu pour que la vie continue, et que Dieu fasse ce qu’il a promis.

Dans la nouvelle alliance, Jésus-Christ a accompli toutes les promesses de l’alliance de grâce que Dieu avait révélées à travers les différentes alliances de l’Ancien Testament (avec Noé, Abraham, Moïse et David), et il a également rempli l’obligation de l’alliance des œuvres d’observer parfaitement la loi de Dieu. Paul montre en Romains 5.12-21 comment le Christ a accompli l’alliance des œuvres qu’Adam avait brisée. Adam et le Christ n’agissent pas seulement pour eux-mêmes, mais leurs actions ont des implications pour ceux qu’ils représentent. La présentation que fait Paul d’Adam et du Christ en tant que têtes fédérales (alliance) soutient l’idée que la relation de Dieu avec Adam, en Genèse 1-3, est une relation d’alliance. La désobéissance d’Adam a rompu l’alliance des œuvres, et a entraîné les conséquences du péché dans la bonne création de Dieu, y compris la mort. La faute d’Adam a entraîné la condamnation de tous ceux qui descendaient naturellement de lui (Rm 5.18), parce que son péché leur était imputé. Comme le dit Paul, la désobéissance d’un seul homme a fait de la multitude des pécheurs (Rm 5.19). La désobéissance d’Adam, notre représentant, affecte notre statut juridique. Son péché a été compté contre nous, dans le sens où il a été légalement placer à notre compte (c’est-à-dire imputé). Mais nous sommes aussi condamnés parce que nous sommes incapables de remplir l’obligation permanente d’observer parfaitement la loi de Dieu. Nos propres œuvres ne peuvent pas être la base du salut.

La foi en nos propres œuvres conduit au désespoir parce que nous continuons à violer la loi de Dieu. La beauté de l’Évangile réside dans le fait que Dieu a donné son propre Fils comme Médiateur de l’alliance, qui a observé toute justice. Il a parfaitement observé la loi et, sur la base de son obéissance, nous pouvons être déclarés justes par la foi en lui seul. Paul souligne qu’il s’agit d’un don gratuit accordé par la grâce de Jésus-Christ (Rm 5.15) qui apporte la justification (Rm 5.16). Là où Adam a échoué, le Christ a réussi. Le péché d’Adam fut imputé à ses descendants naturels ; la justice du Christ est imputée à tous ceux qui ont foi en lui. Lorsque nous contemplons les œuvres de notre Sauveur en notre faveur, et que nous connaissons les effets de son obéissance pour notre justification, comment notre cœur ne serait-il pas embrasé par la beauté et la gloire de ce que le Christ a fait pour nous ? Nous sommes sauvés par les œuvres, non pas les nôtres, mais celles du Christ. La contemplation des œuvres du Christ devrait nous consoler tant dans la vie que dans la mort.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Richard P. Belcher
Richard P. Belcher
Dr Richard P. Belcher Jr. est professeur d'Ancien Testament, et doyen académique, du Reformed Theological Seminary en Charlotte. Il est ancien enseignant dans la Presbyterian Church in America. Et il est l'auteur de plusieurs livres, dont "The Fulfillment of the Promises of God: An Explanation of Covenant Theology".