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Qui était Pierre Courthial ?

Pierre Courthial était un théologien et pasteur réformé très actif en France au XXe siècle. Il est né en 1914 à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, au nord de Lyon, dans un foyer mixte : son père était réformé et sa mère catholique romaine. Il a été élevé dans l’Église réformée française et, à l’âge de seize ans, il a découvert les écrits de Jean Calvin et de Pierre Viret. Leur vision théologique combinée exercera une influence dominante sur sa propre vision.

Le service en tant qu’homme d’Église

Étudiant à la Faculté de théologie protestante de Paris, Courthial reçoit l’influence du grand théologien réformé français, Auguste Lecerf, et se lie d’une amitié pour la vie avec son condisciple et futur théologien réformé, Pierre Charles Marcel. Courthial obtient une bourse pour passer son doctorat à l’Université libre d’Amsterdam. Cependant, les études doctorales à Amsterdam n’étaient pas prévues. Courthial a répondu à un appel inattendu pour servir comme pasteur intérimaire à Lyon, ce qui a inauguré une vie de service en tant qu’homme d’Église, uniquement interrompue par son service dans l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle il a pris part à la célèbre évacuation de Dunkerque.

En 1941, il devient pasteur d’une paroisse réformée à La Voulte-sur-Rhône, une ville de la région française alors sous occupation nazie. Au milieu de ses obligations pastorales et des tensions exceptionnelles de l’époque, Courthial consacrait néanmoins deux heures à l’étude personnelle chaque matin, une pratique qu’il maintiendra pendant toute la durée de son ministère. Il lit beaucoup en théologie, en philosophie, et en littérature, s’intéressant aux ouvrages en français, en néerlandais, en allemand, et en anglais.

En 1951, Courthial rejoint l’équipe pastorale de l’éminente Église réformée de l’Annonciation à Paris, dans le seizième arrondissement huppé de la ville, non loin de l’Arc de Triomphe. En 1956, il devient le principal pasteur de cette congrégation jusqu’en 1973. Pendant ces années de ministère, Courthial était un leader important, qui encourageait les engagements interconfessionnels bibliquement sérieux à travers ses écrits et ses efforts d’un ministère organisé. Il a déclaré : “Nous rejetons l’œcuménisme à la mode du jour, car il est infidèle, insipide, mou et veule. Au contraire, nous allons de l’avant dans l’œcuménisme fidèle, vigoureux et confessant auquel le Christ Jésus et le texte sacré nous appellent” (De Bible en Bible, p. 153).

Les écrits

Homme de courage attiré par les hommes de courage, Courthial était souvent déçu de voir que ceux qui confessaient l’autorité de l’Écriture évitaient d’explorer son application spécifique dans leurs propres domaines de travail et de vie. Mais il conservait également une chaleur et une bonne humeur caractéristique, qui accompagnaient son espérance dynamique dans la promesse de Dieu selon laquelle, malgré tout, “la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de l’Éternel comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent” (Ha 2.14). Les écrits de cette période, rassemblés et publiés sous le titre Fondements pour l’avenir, reflètent son large éventail d’intérêts en matière de théologie, d’études bibliques et d’éthique, y compris sa réfutation énergique de la théologie néo-orthodoxe de Karl Barth.

Après un quart de siècle de ministère distingué à Paris et au-delà, Courthial était invité à prêter son formidable nom à la fondation d’une petite faculté conservatrice de théologie protestante à Aix-en-Provence (aujourd’hui appelée Faculté Jean Calvin). “Son but déclaré au départ”, raconte William Edgar, “était de renouveler les Églises réformées de France en formant des hommes convaincus et guidés par l’Évangile, qui occuperaient des chaires clés.” Courthial s’est investi dans cette tâche en s’installant à Aix, où il a exercé les fonctions de professeur et de doyen. En 1979, il se rendit aux États-Unis pour recevoir un doctorat honorifique du Westminster Theological Seminary dans le cadre de la célébration du cinquantième anniversaire du séminaire. Après une décennie de service à Aix, Courthial pris sa retraite à Paris en 1983.

Courthial s’attendait à ce que le Seigneur bénisse ceux qui soumettaient humblement l’ensemble de leur vie, en commençant par leur cœur, leur foyer et leur Église, et en s’étendant à leurs sphères d’influence, à l’ensemble de sa Parole.

Retraité du ministère actif, Courthial a écrit ses deux ouvrages majeurs depuis Paris, Le jour des petits recommencements et De Bible en Bible : Le texte sacré de l’Alliance. Le premier de ces ouvrages était destiné à encourager les chrétiens occidentaux, vivant à une époque de sécularisme omniprésent, mais de plus en plus épuisé, à garder confiance et à servir le Seigneur avec obéissance dans tous les domaines de la vie. G.I. Williamson l’a considéré comme “l’un des meilleurs livres que je n’aie jamais lus”, et Douglas F. Kelly a prédit qu’il “serait un livre hautement significatif dans l’Église pour les cinquante prochaines années”. Entouré comme il l’était par une atmosphère de sécularisme total à Paris, Courthial fait pression pour une sorte de christianisme total, qui trouve son fondement non seulement dans le sola Scriptura (l’Écriture seule), mais dans le tota Scriptura (toute l’Écriture, l’Ancien Testament comme le Nouveau), et qui s’appuie sur la traditio e Scriptura fluens (la tradition dogmatique de l’Église qui découle de l’Écriture).  En retraçant l’histoire des voies de l’alliance de Dieu, de la création au Christ et à travers les bouleversements du XXesiècle, Courthial appelle l’Église, au début du XXIe siècle, à répondre à l’humanisme, avec son engagement idéologique en faveur de l’autonomie en matière de loi et d’éthique, par une articulation complète et doxologique de la loi de Dieu appliquée à tous les domaines de la vie.

L’impact

Courthial s’attendait à ce que cet effort prenne du temps, tout comme le développement des grands dogmes de la Trinité et du Christ dans l’Église primitive, et des grands dogmes de l’Écriture et du salut à l’époque de la Réformation. Mais il s’attendait aussi à ce que le Seigneur bénisse ceux qui soumettaient humblement l’ensemble de leur vie, en commençant par leur cœur, leur foyer et leur Église, et en s’étendant à leurs sphères d’influence, à l’ensemble de sa Parole.

Sur la base de l’alliance de grâce permanente de Dieu, Courthial s’attendait à ce qu’une telle obéissance humble et fidèle dans le présent – une obéissance de “petits recommencements” – soit considérée rétrospectivement comme la plantation des “semences de la prochaine Réformation” (Le jour des petits recommencements, p. 259). Il écrivait : “la prochaine Réformation qui remplacera, tôt ou tard, bientôt peut-être, l’humanisme parvenant au bout de son rouleau de ruines accumulées et de mort. Il y va de l’avenir de la vie du monde” (ibid., p. 259). Dans son deuxième livre, De Bible en Bible : Le texte sacré de l’Alliance, Courthial articule plus complètement la grande “vision théocosmique” qui, selon lui, sous-tendra ce renouveau à venir.

Courthial est décédé le 23 avril 2009. Lors de son service commémoratif, le théologien Paul Wells a prononcé ces mots :

Dans une France si rapidement et si profondément sécularisée après 1968, il était impossible que les dons et les capacités d’un homme ayant les convictions de Pierre Courthial soient appréciés et utilisés. S’il avait vécu au XIXe siècle, nous parlerions de Courthial aux côtés de Spurgeon ; s’il avait vécu au XVIIIe siècle, aux côtés de Whitefield ; s’il avait vécu au XVIe siècle, aux côtés de Calvin, Luther et Bucer ; et s’il avait vécu au IVe siècle, nous parlerions de Courthial aux côtés d’Athanase.

Mais au XXe siècle, le christianisme en Europe n’a pas connu de renouveau, mais seulement un déclin continu. Qui voulait prendre au sérieux un pasteur-théologien qui aspirait à ce que l’Église “soit réformée selon la Parole de Dieu” ?

En effet, Courthial aspirait avec une espérance intacte à ce que l’Église soit “réformée selon la Parole de Dieu”. Si sa prédication et ses écrits n’ont pas été pris au sérieux par ses compatriotes de sa propre génération, il se peut que notre Seigneur souverain ait plutôt eu l’intention, comme il l’a fait avec un autre Français du nom de Calvin, d’établir l’œuvre des mains de son serviteur dans des pays autres que le sien.

Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.

Matthew Miller
Matthew Miller
Rév Matthew S. Miller est professeur associé de théologie pastorale et historique, ainsi que directeur du programme ThM au Erskine Theological Seminary. Il est aussi un ancien enseignant dans la Associate Reformed Presbyterian Church. Il est le traducteur des ouvrages de Pierre Courthial, "Le jour des petits recommencements" et "De Bible en Bible".