Faites votre devoir - Ministère Ligonier
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Faites votre devoir

Note de l’éditeur : Ceci est le neuvième chapitre de la série « La Grande Mission »publiée par le Tabletalk Magazine. 

Le devoir est l’un de ces mots qui avaient autrefois un grand poids, mais qui n’en a plus vraiment. C’est toujours un concept important dans les milieux militaires, mais ailleurs, faire quelque chose parce que c’est votre devoir a acquis une connotation négative. « Tu dis que tu m’aimes uniquement parce que tu penses que c’est ton devoir ». « Ils vont à l’église par simple sens du devoir ».

Au XIXe siècle, cependant, les appels au devoir étaient une source d’inspiration. Juste avant la bataille navale de Trafalgar, l’amiral Nelson a hissé des drapeaux de signalisation qui ont envoyé ce message à la flotte : « L’Angleterre attend de chaque homme qu’il fasse son devoir ». Les mots ont électrisé non seulement les marins, les inspirant à vaincre Napoléon, mais aussi le peuple anglais, qui a fait de cette phrase un slogan national. William Wordsworth était un poète romantique qui a eu un impact révolutionnaire, mais il a écrit une célébration émotionnelle du concept dans son grand poème « Ode to Duty » (trad. « Ode au devoir »).

Jésus nous appelle à la fidélité dans nos multiples vocations. Il peut s’agir ou non de grandes choses, mais il s’agit toujours de petites choses (Lc 16.10), comme le simple fait de faire notre devoir.

Le devoir a un poids moral, mais ce n’est pas exactement la même chose que la morale. Un soldat peut considérer qu’il est de son devoir de garder son uniforme immaculé et sa caserne toujours prête pour une inspection, mais il n’y a pas de commandement moral qui l’exige. Un gentleman de l’époque victorienne peut être un coureur de jupons, un flambeur et un gaspilleur, mais si vous l’accusez de ne pas faire son devoir – envers sa famille, son pays ou sa profession – il peut vous défier en duel.

Un devoir est une obligation liée à un poste, une fonction ou un lieu de travail. En termes chrétiens, les devoirs sont les responsabilités qui découlent des vocations d’une personne.

Le Petit Catéchisme de Luther enseigne la doctrine de la vocation à l’aide d’un « Tableau des devoirs ». Il s’agit simplement de versets bibliques qui traitent de la manière dont les pasteurs et les membres de l’église, les dirigeants et les citoyens, les maris et les femmes, les parents et les enfants, les employeurs et les employés doivent répondre à leurs appels. Ces vocations sont toutes des « ordres sacrés » – un terme précédemment réservé aux prêtres, moines et religieuses – pour vivre la foi chrétienne.

Nous avons des vocations dans la famille, le lieu de travail, la nation et l’Église. Cela signifie que nous avons aussi des devoirs dans chacun de ces domaines. La plupart des gens ressentent encore un certain sens du devoir dans ces domaines, même s’ils y réfléchissent vaguement, bien que la Bible augmente considérablement ces devoirs et les charge d’une signification spirituelle.

Un homme peut considérer qu’il est de son devoir de pourvoir aux besoins de sa femme et de ses enfants. Dans une famille traditionnelle, sa femme peut considérer qu’il est de son devoir de garder la maison propre et de nourrir sa famille. (Même dans les arrangements domestiques moins traditionnels où la femme travaille autant d’heures que son mari, elle peut se sentir coupable si elle se soustrait à ces « devoirs » domestiques).

La Bible a peu à dire sur ce genre de division du travail, mais elle va beaucoup plus loin dans les attentes de Dieu pour ces appels. Il est dit aux femmes de « que chacune soit soumise à son mari, comme au Seigneur » (Eph 5.22). C’est le devoir de la femme. Ensuite, il est dit aux maris d’« que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même pour elle » (v. 25). C’est le devoir du mari. Il doit se sacrifier pour sa femme. Elle doit se renier pour son mari. Ces devoirs de renoncement mutuel par amour pour son conjoint peuvent en effet prendre la forme d’un travail acharné du mari pour mettre de la nourriture sur la table et de la femme pour préparer cette nourriture et nettoyer la table, ou bien prendre d’autres formes. Mais derrière ces tâches familiales banales se cache l’évangile de Christ. Il a abandonné sa vie par amour pour son église. Les membres de l’église renoncent à eux-mêmes en acceptant le sacrifice de Christ.

La relation entre mari et femme illustre donc ce que Jésus a dit de la vie chrétienne en général :

Puis il dit à tous : « Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour et qu’il me suive, car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera. » (Lc 9.23-24)

La croix ne fait pas seulement référence à la souffrance, mais au sacrifice, au reniement à soi-même, voire à la crucifixion, pour le bien de quelqu’un d’autre. Que se charger de sa croix ait lieu « chaque jour » signifie que le Seigneur ne fait pas référence à un martyre glorieux, mais aux tâches ordinaires, quotidiennes, de la vie – les vocations.

Le but de toute vocation, selon Luther, est d’aimer et de servir son prochain. Et aimer quelqu’un implique de se sacrifier pour cette personne. C’est ce qui se produit dans toute vocation. C’est le devoir des parents envers leurs enfants, et le devoir de leurs enfants envers leurs parents. Cela décrit nos devoirs envers notre pays, dans notre vocation de citoyens, et cela décrit nos devoirs dans l’église.

Sur le lieu de travail, les devoirs peuvent être aussi simples que de se présenter à l’heure au travail, de respecter les instructions et de travailler honnêtement. Au lieu de faire la grasse matinée, de se détendre et de suivre ses inclinations personnelles, le travailleur se prive pour le bien de ses clients, de son patron et de ses collègues de travail, ainsi que pour sa famille qu’il fait vivre. Lorsqu’il rentre à la maison, épuisé, on peut dire qu’il a présenté son corps comme un sacrifice vivant (Rm 12.1).

Et pourtant, il n’y a pas de mérite, pas de récompense spéciale, pour avoir fait son devoir. Jésus l’explique clairement dans la parabole qui conclut :

« Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.”. » (Lc 17.10)

Nous sommes sauvés par la grâce, par la foi en Christ et par l’œuvre de son sacrifice, et non par nos propres œuvres ou sacrifices. Mais Christ nous appelle ensuite à des domaines de service dans la vie ordinaire où « la foi qui agit à travers l’amour » s’exercera (Ga 5.6). Il nous appelle à la fidélité dans nos multiples vocations. Il peut s’agir ou non de grandes choses, mais il s’agit toujours de petites choses (Lc 16.10), comme le simple fait de faire notre devoir.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Gene Edward Veith
Gene Edward Veith
Le Dr Gene Edward Veith est doyen et professeur émérite de littérature au Patrick Henry College de Purcellville, en Virginie. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont God at Work et Reading between the Lines.