Abandon total
23 décembre, 2022Est-ce que le centre tient ?
28 décembre, 2022Jugement et miséricorde
Note de l’éditeur : Ceci est le huitième chapitre de la série Les évangiles.
Lorsque j’ai commencé à considérer ce que je devais dire dans ces pages, je me suis trouvé tiraillé des deux côtés. Ma première impulsion était de déplorer la décadence spirituelle que les gens de ma génération ont observée de près, et d’exhorter la génération suivante à poursuivre la lutte contre celle-ci avec une fidélité et un courage sans faille. Cependant, après réflexion, il m’a semblé juste de remercier également Dieu pour les œuvres de grâce formidables qui s’accomplissent en ce moment, malgré un ciel nuageux et des circonstances défavorables. Je peux peut-être réussir l’exploit d’aller des deux côtés en même temps.
Près de cinquante ans se sont écoulés depuis que j’ai été ordonné au ministère de l’Évangile. Lorsque j’étais étudiant en théologie, puis jeune pasteur, beaucoup d’entre nous étaient impatients à cause de ce que nous voyions dans les églises, mais nous croyions aussi que nous étions à l’aube d’un réveil. Nous nous attendions à ce qu’un tel mouvement du Saint-Esprit balaie les débris de la théologie libérale, ramène l’Église chancelante à la foi des Écritures, et provoque un nombre incalculable de conversions. Le fait que nos espoirs soient largement restés insatisfaits ne nécessite guère de preuves.
Dans les années 1960, j’ai acquis une nouvelle perspective, alors que je vivais depuis quelques années aux Pays-Bas et en Angleterre, où le témoignage chrétien s’était déjà détérioré, de ce côté-ci de l’Atlantique, à un point impensable à l’époque. J’ai constaté que de nombreux Européens avaient tendance à regarder les Églises américaines avec envie et dédain : envie parce que la vie religieuse aux États-Unis était encore en apparence si dynamique ; dédain parce que, selon eux, nous n’avions pas encore accepté les réalités de la vie et de la pensée modernes. Depuis lors, la situation aux États-Unis a radicalement changé, et le déclin même, duquel nous nous croyions à l’abri dans notre arrogance, est maintenant apparent à chaque tournant.
Aucune explication simple ne peut être donnée quant à ce qui s’est produit, et il est essentiel de maintenir une perspective historique. Dans les temps bibliques et à travers les siècles, il y a eu d’autres périodes de stérilité similaire que Dieu a miséricordieusement interrompues par une réforme et un réveil. Ceux qui sont sages à leurs propres yeux, hier et aujourd’hui, ont régulièrement déprécié la « crédulité » des chrétiens, et déclaré que l’Évangile n’était pas digne d’une considération sérieuse, mais les sables du désert de l’infidélité sont jonchés des os blanchis de gens insensés, qui se disaient et disaient aux autres : « Il n’y a point de Dieu ».
Il convient également de considérer si nous ne vivons pas sous un jugement divin, à savoir une famine « d’entendre les paroles de l’Éternel » (Amos 8.11). Un tel acte de Dieu est-il la raison de la décadence généralisée de nombreuses dénominations, dont le témoignage était autrefois ferme mais qui ont sombré dans la confusion doctrinale, théologique et morale ? L’inefficacité généralisée, même parmi les Églises qui ont continué à être formellement orthodoxes, est-elle un signe du déplaisir de Dieu ? Assurément, je ne suis pas le seul à décrire une grande partie de ce qui passe pour la foi chrétienne comme étant superficielle et héréditaire, manquant de connaissances, de foi et de ferveur.
Je n’écris pas, cependant, comme quelqu’un qui a le dos au mur. Le désarroi actuel n’est pas une cause de désillusion ou de désespoir. Au contraire, si nous avons les yeux pour les voir, il y a de nombreuses raisons d’être reconnaissant et d’espérer. Je n’en mentionne que quelques-unes.
Nous devons être reconnaissants pour la disponibilité de livres et de périodiques chrétiens. Je me souviens comme si c’était hier lorsque les premiers minces volumes publiés par Banner of Truth Trust sont apparus sur les étagères de la librairie de notre séminaire en 1958. Personne n’aurait alors pu prédire ce qui se passerait par la suite, mais ces petits livres se sont avérés être un signe avant-coureur du torrent littéraire qui a suivi en provenance d’éditeurs de nombreuses régions du monde. Les écrits des Réformateurs, des puritains, et de leurs successeurs, ont été réédités en nombre sans précédent historique. De plus, d’autres s’appuient sur ce fondement et nous donnent des livres qui explorent les enseignements de l’Écriture et les appliquent à notre propre situation.
Nous pouvons être reconnaissants pour les prédicateurs sérieux et fidèles de l’Évangile. Alors que les Églises chrétiennes historiques d’Europe, du Canada et des États-Unis se sont effondrées, l’Évangile est prêché avec puissance dans notre propre pays ainsi que dans de vastes étendues dans d’autres parties du monde. Le fait même que les liens ecclésiastiques soient étirés et même brisés est en soi une indication de la vie authentique. Des lignes de division ont été tracées par des dirigeants courageux, qui ont choisi la voie de l’obéissance à Dieu plutôt que la loyauté à une dénomination. Nous vivons une époque de croissance vigoureuse en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, un fait que nous ne devrions jamais perdre de vue.
Nous avons raison d’être reconnaissants pour les congrégations fortes et robustes dans lesquelles la lampe de l’Évangile brûle avec éclat. Il y en a beaucoup qui n’ont pas substitué les « sentiments » à la vérité ; qui élèvent la fidélité à Dieu et à sa Parole au-dessus de toute autre considération ; qui continuent à honorer le jour du Seigneur ; qui pratiquent joyeusement le culte conformément aux principes bibliques ; et dans lesquelles les gens – les élus – sont amenés à Christ dans la foi qui sauve.
Par-dessus tout, nous devons être reconnaissants que l’univers, le monde, et l’Église, soient entre les mains d’un Dieu souverain dont les desseins sont indéfectibles, dont le plan se réalise chaque jour, qui ramènera infailliblement à lui tous ceux pour lesquels notre Sauveur est mort, et qui doit à la fin recevoir toute la louange et la gloire.