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10 janvier, 2022La parabole de la veuve et du juge
Note de l’éditeur : Ceci est le dixième chapitre de la série Les paraboles de Jésus
À première vue, la parabole de la veuve et du juge (Lu 18.1-8) nous semble étrange, et bon nombre de pasteurs et de fidèles ont du mal à la comprendre. Mais cette parabole, une fois comprise dans son contexte, prend tout son sens et incite le peuple de Dieu à persévérer dans la foi.
Dans ce contexte, nous sommes près de la fin du long voyage vers Jérusalem, un périple qui occupe près d’un tiers de l’Évangile de Luc (9.51-19,44). La parabole fait suite au discours de Jésus sur son retour en tant que Fils de l’homme, un événement qui se produira à la toute fin de l’histoire (17.20-37). Pendant la période entre la première et la seconde venue de Christ, la communauté de l’alliance subira de grandes difficultés et des persécutions, de sorte que la parabole incite les croyants à persévérer. Contrairement aux autres paraboles de l’Évangile de Luc, la parabole de la veuve et du juge est précédée d’une déclaration d’intention : « qu’ils [les disciples] devaient toujours prier, sans se décourager. » (18.1 ; voir 5.36 ; 6.39 ; 12.16 ; 13.6). L’expression « sans se décourager » revient souvent dans le Nouveau Testament lorsqu’il s’agit de résister aux persécutions de la fin des temps. Par exemple, Paul dit à l’Église d’Éphèse « de ne pas perdre courage à cause des souffrances que j’endure pour vous : elles sont votre gloire.» (3.13 ; voir aussi 2 Co 4.1, 16 ; Ga 6.9 ; 2 Th 3.13).
Le déroulement général de la parabole est assez simple : une veuve supplie avec fermeté un juge païen de lui rendre justice. Presque tous les détails de la parabole sont vagues – nous ne savons pas pourquoi ni comment la veuve a été lésée, nous ne savons rien de l’« adversaire », et nous ne savons pas non plus où cela s’est passé, si ce n’est « dans une ville » (Lu 18.2). Mais nous apprenons quelque chose sur la nature du juge. Il « ne craignait pas Dieu et … n’avait d’égards pour personne. » (v. 2) et, grâce à l’insistance de la veuve, il a rendu un verdict favorable (v. 5).
La parabole tourne autour de deux thèmes clefs : la justice et la persévérance. Luc s’efforce de souligner le statut d’incrédule du juge. Pourquoi ? L’idée est que si un juge injuste rend un verdict favorable à cause de la persévérance de la veuve, à combien plus forte raison un juge juste en fera-t-il autant ? Le nom et le verbe « justice » se retrouvent tout au long de la parabole, aux versets 3, 5, 7 et 8. Il ne s’agit cependant pas de la forme générique de « justice ». Le terme se retrouve ici dans un certain nombre de passages qui décrivent des actes de rétribution ou de vengeance – la justice pour une personne qui a été victime. Par exemple, dans Actes 7.24, Étienne raconte un événement de la vie de Moïse : « Il [Moïse] en a vu un qu’on maltraitait, a pris sa défense et, pour venger l’homme malmené, a frappé l’Égyptien » (voir Ex 2.11-12). Les mots « malmené » et « venger » sont dérivés des mêmes mots que nous trouvons dans Luc 18.3 (voir aussi Ro 12.19 ; 13.4 ; Hé 10.30 ; 1 P 2.14 ; Ap 6.10). La veuve de la parabole cherche donc la rétribution et la justification. Elle désire que le juge punisse celui qui lui a injustement fait du tort.
Nous ferions bien de considérer comment cette parabole s’inscrit dans le contexte plus large de Luc 17-18. Dans les passages précédents, une grande partie de ce que Jésus enseigne concerne la persévérance des croyants avant sa seconde venue (17.22-37). Au fil de l’histoire, l’hostilité s’accroît entre le peuple de Dieu et le monde. Nous vivons dans les « derniers jours », une période de temps qui est curieusement marquée par la présence du royaume de Dieu et la tribulation (Mt 13.24-50). La participation au royaume entraîne inévitablement de grandes difficultés et des persécutions. Les vrais croyants doivent être prêts à perdre leur vie pour l’amour du royaume (Lu 17.33). On leur fera du tort, et le monde fera ce qu’il y a de pire. Mais, parce que la veuve a persévéré, le juge l’a vengée. Parce que les vrais croyants persévèrent dans la foi, Dieu promet de les venger. La foi est certes un don de Dieu, un acte de pure grâce (Ép 2.8-9), mais la vraie foi est toujours accompagnée d’œuvres fidèles (Ja 2.14-26). L’un des passages les plus proches de la parabole de la veuve tenace est peut-être le cinquième sceau d’Apocalypse 6.10, où les saints défunts du ciel crient à Dieu : « Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice et à venger notre sang sur les habitants de la terre ? » Alors que nous aspirons avec les saints célestes à ce que Dieu déverse sa justice sur le monde, il nous rappelle une chose : « Reste[z] en repos un petit moment encore. » (v. 11)