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Dès ses débuts, l’Église de Jésus-Christ a été qualifiée de “catholique”. Le premier usage de ce terme apparaît dans les écrits connus sous le nom de Pères apostoliques, du début au milieu du deuxième siècle (Ignace d’Antioche, Smyrne, 8.9 ; Le martyre de Polycarpe, Introduction). Le mot vient du grec katholikos, qui signifie “tout entier” ou “universel”. Tel était son usage ecclésiastique général dans les premiers siècles. Cependant, le mot catholique est aujourd’hui presque exclusivement identifié à l’Église romaine. Mais cette association est un développement historique relativement tardif. L’Église primitive appliquait ce terme à l’Église dans son ensemble, d’Orient et d’Occident.
Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, sont à la recherche de la seule véritable Église, l’Église catholique, dont la continuité historique remonte à Jésus et aux apôtres. Jésus déclara en Matthieu 16.18 : “je bâtirai mon Église”. Jésus n’a qu’une seule Église, par conséquent la question de la catholicité est directement liée à la véritable nature de l’Église. Rome et l’Orthodoxie orientale définissent l’Église de manière institutionnelle – la catholicité est entendue comme étant la communion avec une institution visible. Les protestants, en revanche, expliquent l’Église principalement, mais pas exclusivement, en termes doctrinaux ou spirituels. Les protestants affirment que la catholicité se réfère principalement à ce qui est spirituel. Cela soulève bien sûr toute la question de l’Église visible par rapport à l’Église invisible. Les réformateurs ont fait de cette distinction un élément essentiel de leur ecclésiologie. S’agissait-il d’une simple apologétique ou d’un argument biblique légitime ? Leur position a-t-elle été promulguée avant la Réformation ?
En Matthieu 16.16, Pierre confessa que Jésus était “le Christ, le Fils du Dieu vivant”. Jésus a répondu : “Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église” (Matthieu 16.18). Ce passage a suscité une énorme controverse dans l’histoire. La “pierre” est-elle la confession de Pierre, et donc le Christ lui-même, comme l’affirment les protestants ? Ou bien l’Église est-elle bâtie sur Pierre et, par la suite, sur les successeurs de Pierre, les évêques de Rome, comme le prétend l’Église romaine ? Comment comprendre ce que Jésus a réellement voulu dire ?
Le livre des Éphésiens fournit un commentaire utile sur ce passage. En Éphésiens 2.20, Paul déclare que les membres de l’Église ont été “édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire”. Le mot grec traduit par “édifiés sur” est le même que celui utilisé par Jésus en Matthieu 16.18. Comment l’Église est-elle édifiée sur les apôtres et les prophètes ? Elle a d’abord été édifiée par leur prédication (Actes 2.42, 5.42), puis au cours de l’histoire par leurs écrits inspirés. Par l’Évangile, ils ont témoigné de Jésus-Christ, de sa personne et de son œuvre, comme fondement ultime de l’Église (1 Cor 3.11). En Éphésiens 1.13, Paul écrit que “En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile de votre salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis”. Paul explique comment l’Église éphésienne a été édifiée et, ce faisant, décrit comment l’Église catholique sera édifiée. L’Évangile a été proclamé, les Éphésiens ont répondu par la foi, et ont été scellés dans une union spirituelle avec Jésus-Christ. Par conséquent, l’Évangile apostolique est le moyen de bâtir l’Église, un message de salut par la grâce seule, au moyen de la foi seule en Christ seul – un message prophétisé par les prophètes et attesté par les récits des témoins oculaires des apôtres. Ainsi, la pierre de Matthieu 16 doit faire référence à la confession du Christ par Pierre.
On ne saurait trop insister sur la primauté et l’importance de l’Évangile pour comprendre la nature et la catholicité de la véritable Église. Paul a averti les Galates que ceux qui avaient embrassé et enseigné un évangile déformé avaient abandonné le Christ, et étaient sous la malédiction divine (Ga 1.6-8). Ils ne faisaient pas partie de la véritable Église catholique. Par conséquent, nous pouvons conclure à partir de l’enseignement clair de l’Écriture que l’Église est composée de ceux qui ont embrassé le véritable Évangile, ont été spirituellement unis au Christ, et sont devenus membres de son corps, à savoir son Église (Jean 15.4-5, 17.23 ; Rm 12.12-13 ; Éph 1.22-23). Etant de nature spirituelle, il s’ensuit que cette union est invisible. Paul a expliqué la distinction entre l’Église visible et l’Église invisible en prenant l’exemple d’Israël. Tous ceux qui faisaient partie de la nation visible d’Israël ne faisaient pas partie du royaume spirituel de Dieu (Rm 2.28-29, 9.6-7). L’Écriture montre clairement qu’il est tout à fait possible d’être membre de l’Église visible sans faire partie de l’Église invisible de Jésus-Christ. La nature de l’unique et véritable Église est avant tout spirituelle et invisible.
Cependant, bien que cette union spirituelle ne soit pas visible, l’union elle-même produira des manifestations visibles dans la vie de tous ceux qui sont unis au Christ. Les membres de l’Église catholique se manifesteront par de nouvelles natures et des vies transformées caractérisées par la soumission, l’obéissance, l’amour et l’engagement envers Dieu et sa Parole, en particulier son Évangile (Jean 3.3-8, 8.31-32 ; Rm 6.1-22 ; 2 Cor 5.17 ; Ga 1.6-9 ; Phi 3.3-11 ; Tite 2.11-14 ; 1 Jean 2.3-6). L’apôtre Jean a averti que là où il n’y a pas de sainteté de vie, il n’y a pas d’union avec le Christ, même si le croyant professant est un membre en règle de l’Église visible (1 Jean 2.3-6, 3.4-10). Jésus a donné des avertissements similaires dans sa prédication et ses paraboles (Mt 7.13-23, 13.18-30 ; Jean 8.30-44). En outre, les individus qui sont unis au Christ sont également membres de communions visibles organisées en corps locaux, ce qui explique que Paul ait pu parler de l’Église de Rome, de Corinthe et d’Éphèse.
Jésus a ordonné que son Évangile soit proclamé dans le monde entier (Mt 28.18-20). Son unique et véritable Église catholique embrasse tous les hommes, de toute culture, race, genre et origine sociopolitique (Éph 2.11-12 ; Col 3.11 ; Hé 12.22-23). C’est la compagnie de ceux qui ont cru et obéi à l’Évangile, donnant la preuve de leur union avec le Christ par la sainteté de leur vie. Ceux-ci formeront l’Église catholique parfaite au ciel où, pour l’éternité, ils adoreront, serviront et glorifieront Dieu et l’Agneau (Ap 5.8-14, 22.1-4). La véritable catholicité est d’essence spirituelle et non institutionnelle.
La doctrine de l’Église invisible n’était pas un nouvel enseignement des réformateurs. L’un des plus ardents défenseurs de cette doctrine dans l’Église primitive était Augustin. Il enseignait que l’Église était bâtie, non pas sur Pierre, mais sur sa confession, et donc sur le Christ : “Christ, voyez-vous, a bâti son Église non pas sur un homme, mais sur la confession de Pierre”.
Cette exégèse est représentative de la position des premiers pères de l’Église. Augustin enseignait que de nombreux membres de l’Église visible avaient professé le Christ, avaient été baptisés, et avaient participé aux sacrements, mais n’étaient pas membres de l’Église invisible (Sermons sur l’Évangile de Jean, Tractate 27.11 ; Du baptême, livre IV, chapitre 3.5). Selon Augustin, la véritable Église se compose de ceux qui se sont repentis et ont cru, qui sont spirituellement unis au Christ comme leur Chef, et qui mènent une vie sainte, preuve de leur union mystique avec lui. Ceux qui ne manifestent pas une vie transformée sont, selon lui, seulement des chrétiens de nom, et non des chrétiens authentiques. Il s’appuyait sur l’enseignement du Nouveau Testament concernant l’ivraie, le filet, les boucs, le blé et l’ivraie (Sermons 5.3, 23.4, 88.19, 149.4, 137.9 ; La réponse de Pétilien, livre 3, chapitre 2.3 ; Discours sur les Psaumes 965.15 ; Des mœurs de l’Église catholique, 34.76 ; La Cité de Dieu, livre I, chapitre 35 ; Traité de l’Unité de l’Église, 34, 35). Dans son traité De la foi et des œuvres, Augustin met en garde contre une foi morte qui professe Christ mais qui ne produit pas de changement de vie parce qu’elle manque de repentance authentique. Cela rend les sacrements nuls et vides. Certes Augustin considérait l’Église comme visible, mais il faisait une distinction explicite entre l’Église visible et l’Église invisible.
Être un vrai membre de l’Église catholique, c’est faire partie de cet auguste corps de saints, les élus de Dieu qui ont été convertis et spirituellement unis à Jésus-Christ. C’est rejoindre la grande compagnie des rachetés, des guéris, des restaurés et des pardonnés. À la lumière de la sobre possibilité d’une profession sans possession, le Nouveau Testament nous exhorte à nous examiner nous-mêmes, à voir si nous sommes dans la foi, à nous assurer de notre appel et de notre élection (2 Corinthiens 13.5). Nous avons l’obligation morale d’encourager les autres à faire de même. C’est l’union avec le Christ, et non l’appartenance à une organisation visible, qui nous fait une place dans l’unique et véritable Église catholique. C’est ainsi que les saints de tous les temps et les Écritures proclament : “Tu es digne […] car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation” (Ap 5.9).
Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.