Qu’est-ce que l’envie ?
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Note de l’éditeur : Ceci est le septième chapitre de la série Vertus et vices.
C’est une triste réalité : il nous arrive à tous d’être fous. En voici un exemple : À quand remonte la dernière fois que vous avez été victime d’une escroquerie ? Faire une « bonne affaire » en achetant quelque chose qui s’est avérée être de la camelote ? Nous l’avons tous fait un jour ou l’autre, et lorsque cela m’arrive, je déteste ça.
En tant que Père protecteur, Dieu nous appelle à la prudence, à réfléchir avant d’agir. Cela peut paraître simple, mais même la prudence a ses impostures. Nous pouvons penser que nous sommes prudents alors que nous sommes encore en train de jouer les imbéciles. Comment cela est-il possible ? De deux manières : nous pouvons être « prudents » à propos de mauvaises choses, ou être « prudents » par de mauvais moyens. Pour être vraiment prudent, nous devons distinguer la prudence biblique de ces impostures.
Prudence à propos des mauvaises choses
La parabole des talents (Matt. 25:14-30) fournit un exemple clair de la « prudence » à propos des mauvaises choses en utilisant l’exemple du travail. Dans cette parabole, trois serviteurs reçoivent des talents. Deux d’entre eux investissent leurs talents, tandis que le troisième enterre le sien, expliquant : « j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. » (Matthieu 25:25). Ce serviteur est « prudent » face au risque car il essaie de l’éviter complètement. Le fait d’enterrer son talent semble prudent, mais sa stratégie se retourne contre lui : il est réprimandé comme étant un « serviteur méchant et paresseux » (Matt. 25:26). Sa priorité d’éviter le risque à tout prix ne plaît pas à son maître, et le fait d’éviter tout risque ne plaît pas non plus à notre Maître dans les cieux. Jésus enseigne ses disciples à « calculer la dépense » (Luc 14:28), et non à éviter complètement la dépense.
Au lieu d’essayer d’éviter tout risque, la prudence biblique évalue les risques et agit conformément aux désirs révélés de Dieu. L’erreur principale du serviteur insensé est de mal juger le caractère de son maître, de le considérer comme dur, alors qu’en réalité il est généreux, récompensant les serviteurs fidèles et les invitant même dans sa joie. Si nous voulons être des serviteurs fidèles, nous devons fonder nos décisions sur une compréhension exacte de Dieu, à la fois de ce qu’il est et de ce qu’il fait. Lorsque nous protégeons ce que Dieu apprécie et que nous agissons à la lumière d’une vision précise de ses promesses et de ses dispositions, nous faisons preuve de prudence biblique.
Cette deuxième imposture nous trompe en associant deux vérités, et en les transformant en mensonge. La première vérité est que Dieu est souverain ; la seconde que la puissance du Christ s’accomplit dans la faiblesse (2 Cor. 12:9). Ces deux vérités sont importantes et méritent d’être célébrées, car elles nous donnent des raisons d’adorer Dieu. Mais l’ennemi a une façon de déformer ces vérités pour nous tromper, en les transformant en un mensonge, à savoir que le travail acharné est en contradiction avec l’œuvre de Dieu.
Comment le travail acharné peut-il être présenté comme dangereux ? L’accusateur peut dire que votre travail acharné reflète l’inquiétude, et donc un manque de confiance en Dieu, voire une désobéissance à son commandement de ne pas s’inquiéter pour quoi que ce soit. Selon Satan, votre travail vous condamne ; vous êtes anxieux parce que vous travaillez pour votre propre orgueil plutôt que pour la gloire de Dieu. Alors que vous vous appesantissez sur votre CV – en vérifiant la grammaire, le contenu et le style – l’accusateur vous dit que Dieu est souverain et que c’est lui, et non votre CV, qui décidera si vous obtiendrez l’emploi. Ce faux argument dit : « Il est “prudent” d’arrêter votre travail acharné, de peur que vous ne fassiez de votre CV une idole, et que vous ne vous glorifiiez vous-même plutôt que Dieu ».
Si l’ennemi ne vous pousse pas à l’inactivité par cette approche, il peut en essayer une autre, en disant que votre travail acharné reflète votre vision étroite, ne cherchant qu’à faire ce que vous pouvez faire par votre propre force, plutôt que ce que Dieu peut faire par la sienne. « Il est certain que votre réseau et vos entretiens peuvent vous permettre d’obtenir un emploi, mais ce n’est peut-être pas l’emploi que Dieu veut pour vous. La façon ‘prudente’ de savoir que votre emploi est choisi par Dieu, c’est d’arrêter de travailler si dur pour être un bon candidat, mais plutôt d’attendre de voir quel emploi Dieu vous donne ». C’est à tort que l’on cherche à nous décharger de notre responsabilité, et de notre intendance quant à la prise de décision.
Prudence biblique
Une vision mondaine de la providence et de la « prudence » échoue follement à comprendre que Dieu accomplit sa volonté parfaite par des moyens, y compris par votre travail acharné (CFW 3.1). Philippiens 2:13 dit : « Car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » Votre travail n’est pas intrinsèquement en conflit avec l’œuvre de Dieu. Les deux peuvent travailler de concert, et c’est d’ailleurs ce qu’ils font régulièrement. Proverbes 10:5 dit : « Celui qui amasse pendant l’été est un fils prudent, celui qui dort pendant la moisson est un fils qui fait honte. » Dieu est honoré lorsque nous travaillons dur lorsque nous sommes appelés. Il ne nous appelle pas à nous écarter du chemin pour qu’il puisse faire le travail à notre place ; il nous dit de nous mettre dans le chemin pour qu’il puisse faire le travail à travers nous.
La vraie prudence sert les priorités de Dieu par les moyens de Dieu. Comme le souligne Jerry Bridges : « la prudence utilise tous les moyens légitimes et bibliques à notre disposition pour éviter de nous faire du mal et de faire du mal aux autres, et pour obtenir ce que nous croyons être le bon déroulement des événements ». La prudence biblique comprend à la fois la prière et le travail acharné ; tout ce qui est en-deçà est une imposture.
Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.