Qu'est-ce que l'anxiété ? - Ministère Ligonier
L’antidote à l’anxiété
17 janvier, 2022
La source de l’anxiété
24 janvier, 2022
L’antidote à l’anxiété
17 janvier, 2022
La source de l’anxiété
24 janvier, 2022

Qu’est-ce que l’anxiété ?

Note de l’éditeur : Ceci est le deuxième chapitre de la série Anxiété

L’anxiété semble prendre de l’ampleur dans le monde d’aujourd’hui. Selon un organisme de santé, « les troubles anxieux constituent la maladie mentale la plus courante aux États-Unis ». Des études ont montré que l’anxiété est en hausse, même chez les adolescents, depuis plusieurs années. Il y a tout juste deux ans, Barnes & Noble, l’une des plus grandes chaînes de librairies au monde, a annoncé que les ventes de livres traitant de l’anxiété avaient bondi de 25 %. Tout cela avant le déclenchement de la récente pandémie. Il ne fait aucun doute que l’anxiété a encore augmenté au cours de l’année dernière.

J’ai un souvenir d’enfance où quelqu’un a dit de mon père : « Oh, il s’inquiète souvent. Il est juste comme ça. » C’était dit d’une manière légère, à moitié plaisante. Pourtant, c’était vrai. Mon père était une personne anxieuse. Après la vente de l’entreprise familiale par mon grand-père, mon père s’est mis à bâtir sa propre entreprise à partir de rien. C’était un travail difficile et exigeant qui lui prenait tout son temps et toute son attention. Son entreprise a connu un grand succès, mais ces années ont également été très stressantes. Tout cela s’ajoutait à son souci pour ses six enfants. En tant que pasteur ayant moi-même six enfants, je suis le fils de mon père. Je me bats aussi contre l’inquiétude – pour mes enfants, pour mon troupeau, et souvent en raison du simple poids de mes responsabilités.

Selon l’Écriture, l’inquiétude est un sujet sérieux. Jésus a ordonné à ses disciples : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie. » (Mt 6.25) De même, Paul a écrit : « Ne vous inquiétez de rien. » (Ph 4.6) Ces versets ne sont pas destinés à être des conseils réconfortants, du genre « tout va bien se passer ». Ce sont des commandements bibliques. Les enfreindre, par conséquent, est un péché.

Cependant, l’Écriture ne présente pas toute anxiété comme un péché. L’apôtre Paul, dans son rôle de pasteur, a connu un certain type d’anxiété appropriée. Il a écrit aux Corinthiens qu’en plus des autres difficultés auxquelles il était confronté, « je subis chaque jour la pression de mon inquiétude pour toutes les Églises » (2 Co 11.28). Le mot grec traduit ici par « anxiété » est la forme nominale du verbe « être inquiet » que Paul utilise dans Philippiens 4.6, cité ci-dessus. Pourtant, comme Paul le décrit aux Corinthiens, ce n’est pas une anxiété de pécheur qu’il éprouve, mais une anxiété pieuse et aimante.

En effet, tout au long de l’Écriture, nous voyons des formes contrastées d’anxiété – une qui est appropriée et juste et une autre qui est contraire à la volonté de Dieu. En fait, le Nouveau Testament utilise les mêmes mots grecs pour les deux types d’anxiété. Paul utilise le même verbe grec que dans Philippiens 4.6 (également utilisé dans Matthieu 6.25) lorsqu’il écrit que le corps de Christ devrait être uni dans le fait de « prendre soin » (ou « être inquiet », « de se préoccuper ») les uns des autres (1 Co 12.25). De la même manière, Paul recommande Timothée à l’Église de Philippes comme celui qui, plus que tout autre collègue de Paul, « prendra leur situation à cœur » (ou « s’inquiétera » ; Ph 2.20).

La plupart de nos anxiétés pécheresses sont liées à des préoccupations appropriées. Il est bon de bien faire son travail, de subvenir aux besoins de sa famille, de s’occuper de ses enfants, de remplir les fonctions pour lesquelles Dieu nous a appelés. Nous devrions nous préoccuper de tous ces aspects. La question est la suivante : quand ces préoccupations appropriées se transforment-elles en péchés ? Quand l’attention pieuse devient-elle une inquiétude impie ?

À un certain niveau, nous pourrions dire de l’anxiété ce qu’un juge a dit de la pornographie. Il ne pouvait pas la définir, a-t-il observé, « mais je la reconnais quand je la vois ». Nous savons ce qu’est l’inquiétude ou l’anxiété pécheresse parce que nous en avons fait l’expérience. Nous connaissons ses signes – les paumes moites, le cœur qui bat la chamade, l’incapacité à se détendre ou à rester calme, la sensation d’avoir un gros poids sur la poitrine, la perte de sommeil et une foule d’autres symptômes. Mais qu’est-ce qui rend l’anxiété pécheresse ?

Un bon point de départ est l’histoire de Jésus, Marie et Marthe dans Luc 10.38-42. Jésus se trouve dans la maison de Marie et Marthe, et Marthe est occupée à servir les invités et très probablement à préparer un repas. Marie, quant à elle, est assise aux pieds de Jésus et écoute son enseignement. Marthe s’exaspère et demande à Jésus de dire à Marie de l’aider. Mais Jésus lui répond : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, elle ne lui sera pas enlevée. » (v. 41-42) Marthe était obnubilée par le bien et avait perdu de vue le meilleur. Elle travaillait dur au service de Jésus, mais elle a détourné son attention de Jésus lui-même.

En résumé, c’est l’anxiété du péché. C’est le fait d’être consumé par des préoccupations par ailleurs légitimes tout en détournant les yeux de Jésus. En d’autres termes, l’anxiété du péché place les soucis et les responsabilités du monde au-dessus de Christ. Ils prennent la première place ; Christ prend la deuxième place.

Charles Spurgeon a écrit à propos de Marthe : « Sa faute n’était pas de servir. La condition de servante convient bien à tout chrétien. Sa faute est d’avoir été “affairée aux nombreuses tâches du service”, de l’avoir oublié et de ne s’être souvenue que du service. » Le verbe grec traduit par « affairée » au verset 40 signifie être arraché à quelqu’un ou à quelque chose et voir son attention dirigée vers autre chose. Il signifie aussi, comme le dit un dictionnaire grec, « devenir… très occupé, surchargé ».

L’inquiétude du péché est le résultat obtenu lorsqu’on s’éloigne de Christ, ce qui conduit à porter des fardeaux excessifs. C’est pourquoi Paul exhorte les Philippiens : « Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ. » (4.6-7) Lorsque le fardeau de vos préoccupations mondaines augmente, tournez-vous vers Dieu dans la prière et la supplication, ainsi que dans l’action de grâce, pour surmonter l’anxiété et connaître la paix donnée par Dieu.

L’inquiétude du péché est le résultat du fait que nous détournons nos yeux de Christ en recherchant ou en servant les mauvaises choses. Dans le passage biblique classique sur l’inquiétude, Jésus nous dit de chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et Dieu, en retour, nous donnera tout ce dont nous avons besoin (Matthieu 6.33). Le problème est que nous sommes souvent plus préoccupés par la construction de nos propres petits royaumes que par celui de Dieu. Il est impossible, comme le dit Jésus, de servir Dieu et l’argent, ou Dieu et n’importe quel objet terrestre (v. 24). Essayer de le faire conduit inévitablement à l’anxiété du péché. Il n’est pas étonnant que dans notre époque de plus en plus sécularisée, qui s’est détournée de Dieu, l’anxiété soit en hausse.

L’inquiétude pécheresse est aussi le résultat de ne pas faire confiance à Dieu comme nous le devrions. Jésus parle des inquiets comme de ceux qui ont « peu de foi » (Matthieu 6.30). Nous sommes sauvés par la foi, et nous vivons par la foi. Notre salut ne dépend pas de la force de notre foi mais plutôt de l’objet de notre foi ; même ainsi, nous pouvons toujours grandir dans notre foi. Jésus nous dit de regarder les oiseaux et la façon dont Dieu prend soin d’eux, tout en rappelant à ses disciples qu’ils ont beaucoup plus de valeur que des oiseaux (v. 26).

Cela ne signifie pas que nous ne faisons rien d’autre que d’attendre que Dieu réponde à nos besoins. Les oiseaux ne restent pas assis, la bouche ouverte, à attendre que Dieu leur dépose de la nourriture. Nous sommes appelés dans cette vie à travailler. On nous dit même : « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. » (2 Th 3.10) Dieu a créé l’homme pour qu’il travaille dur. L’inquiétude découle même souvent d’un échec à travailler comme nous le devrions.

Vivre par la foi ne signifie pas non plus que nous ne devons pas faire de projets pour le lendemain. Jésus nous dit de ne pas nous inquiéter pour demain, mais plutôt de nous concentrer sur les devoirs d’aujourd’hui. Cela ne signifie pas pour autant que nous ne devons pas planifier le lendemain. Dieu veut que nous soyons des planificateurs, notamment pour prendre des dispositions pour l’avenir. Nous en voyons un exemple dans les préparatifs de Joseph pour la famine à venir (Gn 41 ; voir aussi Pr 6.6-8 ; 16.9 ; Lu 14.28-32). L’appel à ne pas s’inquiéter du lendemain est un appel à être fidèle à ce que Dieu nous a appelés à faire aujourd’hui, sachant que Dieu tient l’avenir dans ses mains souveraines et bienveillantes.

« Une seule chose est nécessaire » (Lu 10.42). C’est un bon rappel dans notre monde trop occupé et distrait. Dieu appelle clairement Son peuple à différentes tâches et à différents appels. Pourtant, une seule chose est nécessaire. Le psalmiste l’exprime ainsi : « Je demande à l’Eternel une chose, que je désire ardemment : je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l’Eternel, pour contempler la beauté de l’Eternel et pour admirer son temple. » (Ps 27.4) Paul le décrit de la manière suivante : « Je fais une chose: oubliant ce qui est derrière et me portant vers ce qui est devant, je cours vers le but pour remporter le prix de l’appel céleste de Dieu en Jésus-Christ. » (Ph 3.13-14) Dans l’agitation de la vie quotidienne, gardons nos yeux sur Christ, cherchons Christ, cherchons son royaume, et il nous donnera la paix.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

William B. Barcley
William B. Barcley
Le Dr William Barcley est pasteur principal de Sovereign Grace Presbyterian Church et professeur adjoint de Nouveau Testament à Reformed Theological Seminary à Charlotte, N.C. Il est l'auteur de « The Secret of Contentment and Gospel Clarity ».