
Comment lire un récit historique ?
29 mai, 2025Qu’est-ce que l’exégèse ?

Note de l’éditeur : Ceci est le neuvième chapitre de la série Herméneutique.
De nos jours, on entend souvent dire que le point de vue d’une personne ne doit pas être privilégié par rapport à celui d’une autre, que personne n’a le monopole de la vérité, et qu’en fin de compte tout est une question d’opinion. Cette vision s’applique même aux Écritures, à tel point que le sens de la Bible semble être à la portée de tous et infiniment malléable. La tradition réformée a systématiquement rejeté ce point de vue, pour la simple raison que l’Écriture est la Parole de Dieu, et que Dieu se soucie de la manière dont sa Parole est lue. Au final, l’Écriture doit être lue comme Dieu le requiert.
L’interprétation et la compréhension des textes bibliques relèvent de l’exégèse. L’exégèse est étroitement liée à l’herméneutique, qui implique les principes selon lesquels l’Écriture est abordée et interprétée. Il s’agit donc de l’application de l’herméneutique à un passage particulier. Voici quelques principes pour interpréter la Bible selon la tradition réformée.
Nous devons interpréter la Bible avec humilité
La Bible n’est pas un livre ordinaire. C’est un livre unique, la Parole même de Dieu, la seule règle infaillible de foi et de pratique, et par conséquent lorsque nous lisons ce livre, nous essayons de discerner ce que le Dieu vivant a à nous dire. Toutes les autres autorités, même celles qui prétendent nous dire comment interpréter l’Écriture, sont subordonnées à l’Écriture. Ainsi, tandis que nous cherchons à discerner le sens voulu par les auteurs humains, nous cherchons finalement à discerner le sens voulu par l’Auteur divin.
Cela signifie que nous devons nous placer sous la Bible plutôt qu’au-dessus d’elle. Lorsque par exemple nous tombons sur un passage dont le sens apparent nous paraît déplaisant, alors nous n’essayons pas de le détourner ni de l’ignorer. Par exemple, en Jean 6, Jésus parle de la priorité de la grâce élective de Dieu pour amener à la foi ceux qui ont confiance en lui. Beaucoup trouvent l’enseignement trop dur et s’en détournent (Jean 6:66), et beaucoup aujourd’hui de la même manière tentent de détourner l’enseignement des Écritures sur l’élection. Nous devons cependant nous efforcer de comprendre et de nous soumettre à l’enseignement de l’Écriture tel qu’il est, et non tel que nous voudrions qu’il soit.
Nous devons interpréter la Bible fidèlement
Interpréter fidèlement la Bible signifie lire un passage donné comme il est censé être lu. Cette lecture prend en compte des éléments tels que le genre et les figures de style, et elle tient compte du contexte historique et littéraire d’un passage donné, en notant comment les mots employés étaient compris au moment où le texte a été écrit. Cette méthode est souvent appelée exégèse historico-grammaticale, et vise à découvrir ce que l’auteur a voulu transmettre en se concentrant sur les mots qu’il a employés ainsi que leur signification dans le contexte.
On commence à lire fidèlement la Bible en posant quelques questions clés sur le texte, notamment : Qui est l’auteur ? Quel était le contexte de son écriture ? Quel était son but en écrivant ? Quel est le genre du texte ? Les réponses à ces questions peuvent souvent être trouvées dans le texte lui-même, mais parfois des ressources extérieures telles que des commentaires et des dictionnaires bibliques peuvent être utiles.
Les mots ont généralement plus d’un sens ou d’une connotation, et le contexte nous aide à déterminer quel sens particulier d’un mot est visé parmi tous ses sens possibles – sa portée sémantique (voir, par exemple, les différentes manières dont le mot « monde » est employé dans le Nouveau Testament : Matthieu 4:8, 13:22, 25:34 ; Marc 4:19 ; Luc 2:1 ; Jean 1:29, 3:16 ; Actes 17:6 ; Romains 3:6 ; Galates 6:14 ; Éphésiens 2:2). Des mots clés tels que donc, plutôt, mais, au lieu de, et ainsi, indiquent le flux de pensée de l’auteur, et la grammaire d’un passage peut indiquer l’accentuation (p. ex. Luc 12:5).
Déterminer le genre d’un passage peut également nous aider à discerner ce que l’auteur a l’intention de dire. La Bible contient des sections de poésie, de prophétie, de littérature apocalyptique, d’instruction, etc., chaque genre avec ses propres conventions qui éclairent la manière dont un texte doit être compris. Par exemple, si un passage est poétique, il contient probablement des figures et des images qui pointent vers un sens qui va au-delà du concret. Il en va de même pour le genre apocalyptique. S’il s’agit d’un récit, il peut simplement s’agir de relater une série d’événements, mais ces événements peuvent préfigurer des événements ultérieurs, ou prendre une plus grande importance au cours de l’histoire de la rédemption.
L’exploration de ces aspects du texte peut nous dire ce qu’il signifiait lorsqu’il a été écrit. À partir de là, nous pouvons essayer de comprendre ce que le texte signifie pour nous maintenant. Ce processus consiste à déterminer le sens du texte à la lumière de l’avènement du Christ. Maintenant que le Christ est venu, comment devons-nous comprendre ce commandement ou lire ce récit ? En tant que membres de l’Église du Nouveau Testament, devrions-nous y voir une promesse à croire, un commandement à obéir, un avertissement à considérer, une vérité à comprendre, ou un baume à appliquer ?
Nous devons interpréter la Bible de manière responsable
Parce que Dieu est l’Auteur ultime de l’Écriture, il en fournit l’interprétation définitive. Cela signifie que l’Écriture interprète l’Écriture. La Confession de foi de Westminster déclare : « La règle infaillible de l’interprétation de l’Écriture est l’Écriture elle-même ; ainsi, lorsque se pose une question au sujet du sens véritable et complet d’une quelconque Écriture (qui n’est pas multiple, mais un), celui-ci doit être cherché et trouvé au moyen d’autres passages qui parlent plus clairement. » (1.9). Nous devons souvent chercher ailleurs dans la Bible pour éclairer les passages problématiques. L’interprétation définitive de l’Écriture se trouve dans l’Écriture, et non dans des appels à d’autres autorités telles que la tradition, les gouvernants ecclésiastiques, ou l’opinion.
Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.