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18 juillet, 2024Une grâce et une compassion sans fin, sans fond, sans limite
La description la plus fréquente, et en fait la plus fondamentale, du croyant dans le Nouveau Testament est celle d’une personne « en Christ ». Cette expression et ses variantes dominent largement l’enseignement des apôtres. Pour nous aider à comprendre ce que cela signifie, l’Écriture exprime notre union avec Christ en termes de ce qu’Owen appelle les « relations conjugales », ou comme nous le dirions, le « mariage ». Par le ministère de l’Esprit et par la foi, nous devenons unis au Christ, « un » avec le Christ, de la même manière qu’un homme et une femme « deviennent une seule chair » dans les liens du mariage. Cette image, déjà présente dans l’Ancien Testament (Ésaïe 54.5, 61.10, 62.5 ; Ézéchiel 16.1-22 ; cf. le livre d’Osée) s’accomplit dans le Nouveau dans la relation entre le Christ et son Église. Le Christ s’est réjoui de cette perspective dans l’éternité, et il en a fait une réalité dans le temps, en endurant l’humiliation, la douleur et l’angoisse de la croix. Christ, dans toute sa grâce salvatrice et son attrait personnel, nous est offert dans l’Évangile. Le Père apporte à son Fils l’épouse qu’il lui a préparée et demande aux deux parties si elles veulent s’unir – le Sauveur s’il veut avoir des pécheurs pour lui ; les pécheurs s’ils veulent embrasser le Seigneur Jésus comme leur Sauveur, leur époux et leur ami.
Comme beaucoup de ses contemporains, Owen voyait cette union spirituelle et cette communion entre le Christ et le croyant préfigurées et décrites dans le livre de l’Ancien Testament, le Cantique des Cantiques. Son exposé de l’attrait du Christ pour le chrétien est fortement influencé par les descriptions de l’Amant, et les expressions d’affection du Bien-Aimé. Bien que son analyse était typique à son époque, peu de commentateurs contemporains le suivraient dans les détails de son exégèse.
Mais ce qui est primordial et frappant dans la pensée d’Owen, c’est qu’être chrétien implique une profonde affection pour le Christ. Il est une personne à connaître, à admirer et à aimer. La communion avec le Christ implique donc une « résignation mutuelle » ou un don de soi entre nous et lui. Il y a « une grâce et une compassion sans fin, sans fond, sans limite » en Christ, une « plénitude de grâce dans la nature humaine du Christ » dans de telles proportions que, dit Owen (dans un étonnant accès d’émerveillement et de louange) :
Si le monde entier (si je puis dire) se mettait à boire la grâce gratuite, la miséricorde et le pardon, en puisant continuellement de l’eau aux puits du salut ; s’il se mettait à puiser dans une seule promesse, un ange se tenant près de lui et criant : « Buvez, ô mes amis, oui, buvez abondamment, prenez tant de grâce et de pardon que cela suffira amplement pour le monde de péché qui se trouve en chacun de vous » – ils ne pourraient pas faire diminuer la grâce de la promesse d’un seul cheveu. Il y en a assez pour des millions de mondes, si cela était ; parce qu’elle s’écoule d’une fontaine infinie et sans fond.
Ainsi, pour Owen, devenir chrétien c’est ressentir le poids des paroles de l’Éternel en Osée 3.3, comme si elles nous étaient personnellement adressées : « Reste longtemps pour moi, ne te livre pas à la prostitution, ne sois à aucun homme, et je serai de même envers toi. » En réponse, nous cédons notre volonté au Christ et à la voie de salut que Dieu a tracée en lui, et nous disons :
« Seigneur, j’aurais voulu t’avoir, toi et le salut, à ma manière, en partie grâce à mes efforts, et pour ainsi dire par les œuvres de la loi ; je suis maintenant disposé à te recevoir et à être sauvé à ta manière, uniquement par la grâce : et quand bien même j’aurais marché selon ma propre pensée, je m’abandonne maintenant entièrement à la direction de ton Esprit, car en toi j’ai la justice et la force, en toi je suis justifié et je me glorifie » – c’est alors la communion avec le Christ quant aux grâces de sa personne. Il s’agit de recevoir le Seigneur Jésus dans sa beauté et son éminence. Que les croyants exercent abondamment leur cœur à cette fin. C’est le choix de la communion avec le Fils Jésus-Christ.
Il nous est certainement difficile de lire des passages comme celui-ci, aussi pittoresque que le langage puisse paraître à première vue, sans sentir notre cœur exploser en cherchant à saisir l’ampleur même de ce qui nous est arrivé en venant à la foi en un tel Sauveur. Nous ne pouvons pas répandre notre péché plus loin que lui ne peut répandre sa grâce. Méditer cela, goûter les eaux d’une fontaine si pure, c’est assurément connaître « une joie ineffable et glorieuse » (1 Pierre 1.8).
Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.