
Qu’est-ce que l’herméneutique ?
10 juin, 2025Comment lire la littérature apocalyptique ?

Note de l’éditeur : Ceci est le douzième chapitre de la série Herméneutique.
La littérature apocalyptique présente des images et des enseignements liés à la fin des temps, souvent sous une forme hautement symbolique. Une définition standard, développée par la Société de littérature biblique, concernant le genre, dit que la littérature apocalyptique est « un genre de littérature révélatrice avec un cadre narratif, dans lequel une révélation est transmise par un être d’un autre monde à un destinataire humain, révélant une réalité transcendante ». Les principes suivants peuvent nous aider à interpréter la littérature apocalyptique selon les caractéristiques littéraires de ce genre biblique unique.
1. Gardez à l’esprit que la littérature apocalyptique est un sous-ensemble de la prophétie biblique.
À plusieurs reprises dans l’Apocalypse, le genre du livre est identifié comme étant celui de la « prophétie » (Ap 22:7, 10, 18, 19). Le genre de la prophétie de l’Ancien Testament implique à la fois d’aborder les circonstances présentes du peuple de Dieu, et de prédire l’avenir. De même, dans l’Apocalypse, Jésus a des paroles pour l’Église de son époque (Apoc. 2-3) et le livre évoque le retour glorieux de Jésus à la fin des temps, ainsi que les événements qui le précèdent et le suivent, culminant dans l’état éternel (c’est-à-dire le nouveau ciel et la nouvelle terre). C’est pourquoi il ne faut pas sous-estimer la dimension historique dans l’interprétation de la littérature apocalyptique, malgré le contenu symbolique de ces livres.
2. Distinguer les symboles des réalités auxquelles ils se réfèrent.
La littérature apocalyptique dépeint souvent des visions graphiques, voire dramatiques, des événements de la fin des temps. Mais même si les visions sont réelles, et qu’un personnage ou un événement historique sont souvent représentés, ils le sont sous une forme symbolique. Cela nécessite une distinction minutieuse entre le symbole réel et ce à quoi il se réfère, c’est-à-dire la personne ou l’événement représenté par un symbole respectif.
Apocalypse 12-13 est un exemple simple, qui présente deux personnages symboliques, un dragon et une femme. Le dragon représente Satan (le diable) comme une puissance bestiale, tandis que la femme symbolise l’Église – ou plus largement, le peuple de Dieu – qui donne naissance à un fils mâle, le Messie. Dans le cas du dragon, l’interprétation est fournie dans le texte lui-même : « Et il fut précipité, le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan, celui qui séduit toute la terre » (Apoc. 12:9). Dans d’autres cas, l’interprétation n’est pas donnée, et l’interprète doit déterminer ce qui est le plus probablement représenté par un symbole donné.
3. Ne vous laissez pas emporter par des schémas eschatologiques élaborés et des scénarios de la fin des temps, mais concentrez-vous sur l’objectif principal.
Il est facile de laisser notre curiosité prendre le dessus, mais comme Jésus l’a dit à ses disciples : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Actes 1:7). Le but principal de l’Apocalypse c’est plutôt la théodicée, c’est-à-dire la démonstration de la justice et de la droiture de Dieu. Certainement Dieu justifiera les croyants en Christ et jugera les incroyants. La littérature apocalyptique est conçue pour rassurer les croyants sur le fait que, même s’ils sont confrontés à la souffrance et à la persécution, Dieu mènera l’histoire à sa conclusion finale. Jésus reviendra dans toute sa gloire, jugera les méchants, et conduira les croyants dans la présence de Dieu où ils vivront éternellement. En même temps, l’Apocalypse démontre que Dieu a donné aux non-croyants toutes les possibilités de croire en Christ. C’est seulement à cause de leur refus persistant, ne croyant pas, qu’ils seront finalement jugés.
4. Interpréter la littérature apocalyptique canoniquement et historico-rédemptivement.
La littérature apocalyptique joue un rôle important dans le canon des Écritures comme un tout. Il constitue le dernier livre de l’Écriture, qui a commencé dans un jardin mais qui se termine dans une ville. L’histoire biblique commence avec un homme et une femme, et se termine avec une multitude innombrable rassemblée autour du trône de Dieu. Entre ces deux couvertures, nous voyons l’humanité se rebeller contre le Créateur, ce qui déclenche une grande opération de sauvetage culminant avec la première venue de Jésus comme « Agneau » de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1:29, 36). Après une période de mission auprès des nations, la littérature apocalyptique dépeint la seconde venue glorieuse et triomphante de Jésus comme « Lion de la tribu de Juda » (Apoc. 5:5).
Plutôt que de présenter des images apocalyptiques, et hautes en couleur, de la fin cataclysmique de la Terre, comme une sorte d’holocauste nucléaire, l’Apocalypse décrit le point culminant de l’histoire de l’alliance de Dieu avec son peuple. Ainsi, la déclaration vers la fin du livre sert de conclusion appropriée : « Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. » (Apocalypse 21:3)
Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.