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12 juin, 2025Qu’est-ce que l’herméneutique ?

Note de l’éditeur : Ceci est le onzième chapitre de la série Herméneutique.
« Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité » (2 Timothée 2:15). Ces paroles de l’apôtre Paul à son protégé, Timothée, nous rappellent notre responsabilité d’interpréter droitement la Parole de Dieu. Après tout, Dieu nous a parlé à travers sa Parole, et il est de la plus haute importance que nous comprenions ce qu’il dit. C’est pourquoi nous avons besoin d’une herméneutique solide.
L’herméneutique est la science et l’art de l’interprétation biblique. C’est une science parce qu’il existe des règles pour interpréter les Écritures, tout comme il existe des règles pour conduire une voiture. Si vous ne connaissez pas les règles, vous ne saurez pas conduire correctement. Mais au-delà de connaître les principes, il faut aussi savoir quand les appliquer. C’est pourquoi l’herméneutique peut également être qualifiée d’art à juste titre. Étant donné que l’Écriture n’est pas monolithique parce qu’elle contient de multiples genres, et qu’elle a été écrite sur une vaste période de temps, par de nombreux auteurs, dans différentes langues, il faut du discernement pour savoir quelles règles d’interprétation appliquer à un texte donné pour trouver son sens voulu. C’est là, en fin de compte, le but de l’herméneutique : comprendre comment interpréter le texte pour trouver le sens voulu.
La principale préoccupation lors de l’interprétation de la Bible est de trouver le sens voulu par l’auteur. Une approche trop courante pour étudier la Bible consiste à lire le texte et à se demander ensuite : « Que signifie ce texte pour moi ? » Bien qu’il soit important de chercher à appliquer le texte à sa vie, cela ne devrait jamais être la première question que nous nous posons sur l’Écriture. La première question devrait plutôt être : « Qu’est-ce que l’auteur avait l’intention de communiquer ? » Ignorer cette question peut entraîner de mauvaises compréhensions et applications du texte. Vous trouverez ci-dessous quelques concepts herméneutiques fondamentaux qui vous aideront à rechercher le sens voulu par l’auteur dans un texte de l’Écriture.1
La méthode historico-grammaticale
Historiquement, de nombreux chrétiens orthodoxes, y compris ceux de la tradition réformée, ont utilisé ce qu’on appelle la méthode historico-grammaticale pour discerner l’intention de l’auteur dans les Écritures. Cette méthode trouve ses racines dans l’ancienne école d’interprétation d’Antioche, a été largement utilisée pendant la Réformation, et continue d’être largement utilisée dans l’Église aujourd’hui. Elle se concentre sur le contexte historique et les formes grammaticales du texte biblique.
Concernant le contexte historique, le lecteur devrait se poser des questions telles que : Qui est l’auteur ? Quel était le public original ? Certaines allusions culturelles dans le texte nécessitent-elles une recherche plus approfondie ? Prêter attention aux formes grammaticales implique d’étudier le sens des mots, de comprendre les relations syntaxiques, et de reconnaître les constructions littéraires du texte. L’étude de ces éléments aidera l’interprète non seulement à comprendre un passage spécifique, mais également à se demander comment ce passage se rapporte contextuellement à ce qui le précède ou le suit. Pour résumer l’importance de voir le texte dans son contexte historique et grammatical approprié, on pourrait peut-être dire que les trois mots les plus importants à retenir lors de l’interprétation de la Bible sont les suivants : contexte, contexte, contexte.
La méthode historico-grammaticale met l’accent sur l’interprétation de l’Écriture selon son sens littéral. Ce langage est utile à condition de comprendre que « littéral » ne signifie pas aplatir la nature littéraire du texte. Parce que l’Écriture est une littérature, elle comprend souvent des figures de style, du symbolisme, des métaphores et d’autres procédés littéraires. Interpréter l’Écriture selon son sens littéral signifie identifier correctement ces procédés, et les comprendre selon les règles normales du genre littéraire du texte. Ainsi, lorsque l’Écriture utilise le symbolisme dans la poésie ou dans des textes prophétiques, nous devons l’interpréter symboliquement, sinon nous faisons violence à la signification voulue par l’auteur.2
L’analogie de la foi
Parce que la Bible a un auteur divin ainsi que des auteurs humains, l’intention de l’auteur divin doit également être prise en compte. À la lumière de cela, un principe herméneutique fondamental est l’analogie de la foi, ou la règle de la foi, qui dit que l’Écriture doit interpréter l’Écriture. Le chapitre 1 de la Confession de foi de Westminster explique : « La règle infaillible de l’interprétation de l’Écriture est l’Écriture elle-même ; ainsi, lorsque se pose une question au sujet du sens véritable et complet d’une quelconque Écriture (qui n’est pas multiple, mais un), celui-ci doit être cherché et trouvé au moyen d’autres passages qui parlent plus clairement. » (1.9).
Au-delà de l’affirmation que l’Écriture n’a qu’un seul sens (le sens littéral, tel que défini ci-dessus), la confession reconnaît, comme le fait la Bible elle-même en 2 Pierre 3:16, que certains passages de l’Écriture sont plus difficiles à comprendre que d’autres. Parce que Dieu ne se contredit pas, sa Parole ne contiendra pas non plus de contradictions. Par conséquent, lorsqu’il y a des passages de l’Écriture qui sont difficiles à comprendre, il est nécessaire de faire appel à des passages plus clairs de l’Écriture pour les interpréter.
Le Christ dans toutes les Écritures
Une deuxième implication herméneutique de la paternité divine de l’Écriture est que, bien que l’intention de l’auteur divin ne soit jamais en conflit avec l’intention de l’auteur humain, elle pourrait s’étendre au-delà de la pleine portée de l’auteur humain. Ainsi, lorsque la Confession de Westminster parle du « sens véritable et complet d’une quelconque Écriture », elle reconnaît que la révélation ultérieure de Dieu éclaire sa révélation antérieure.
L’évangile de Luc affirme cette réalité lorsqu’il rapporte la rencontre de Jésus ressuscité avec les deux disciples sur la route d’Emmaüs. Luc dit que « commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24:27). Quelques versets plus tard, lorsqu’il apparut aux onze apôtres restants, Jésus ouvrit leur esprit à la compréhension des Écritures, qui comprenaient « tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes » (Luc 24:44). Cette référence explicite à la division en trois parties de la Bible hébraïque indique que Jésus affirme que chaque partie des Écritures de l’Ancien Testament témoigne de lui. Grâce à une typologie responsable, notamment en retraçant les thèmes et les modèles que l’auteur divin a tissés tout au long de sa Parole, nous pouvons voir comment tous les chemins de la Bible mènent à Jésus.3
Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.
- Pour une explication plus détaillée de ces principes ainsi que d’autres principes herméneutiques, voir
Knowing Scripture de RC Sproul (Downers Grove, IL : InterVarsity Press, 2016). ↩︎ - Bien que de nombreuses questions grammaticales et historiques puissent trouver une réponse en prêtant attention aux détails du texte et en posant de bonnes questions, l’usage d’un outil comme une bonne Bible d’étude, ou un commentaire, peut aider à mettre en évidence des détails importants du texte. ↩︎
- Une excellente ressource afin de comprendre comment pratiquer une typologie responsable et reprendre les thèmes tissés à travers les Écritures est Walking with Jesus through His Word: Discovering Christ in All the Scriptures (Phillipsburg, NJ : P&R Publishing, 2015) de Dennis Johnson. ↩︎