Corne de salut - Ministère Ligonier
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22 mai, 2023
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29 mai, 2023
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Corne de salut

Note de l’éditeur : Ceci est le deuxième chapitre de la série Mots et expressions bibliques mal compris.

Dieu “nous a suscité une corne de salut” (Luc 1.69). C’est ainsi que la naissance imminente du Christ fut annoncée par Zacharie, le vieux sacrificateur et père de Jean-Baptiste. Mais comment le symbolisme de la “corne” jette-t-il une lumière sur l’avènement du Christ et sur son œuvre ? Quelle est la source de cette symbolique, et que nous apprend-elle sur notre Sauveur et sur notre salut ?

David a loué Dieu comme étant une “corne de […] salut” (Ps 18.3), et le Christ a longtemps été anticipé comme étant la “corne” qui serait élevée (1 Sam 2.10 ; Ps 132.17). Pour beaucoup, l’image de la corne représente la force et la domination d’un animal puissant, censée symboliser l’efficacité de l’œuvre de Dieu par le Christ. Une corne peut également être considérée comme une image d’exaltation, dans laquelle “élever la corne” dépeint la victoire de la grâce de Dieu, et l’exaltation de son peuple (1 Sam 2.1 ; Ps 75.10). Si ce symbolisme de la force et de l’exaltation est indubitablement biblique, il n’explique pas entièrement comment une corne est une image du salut en soi, accompli par un Sauveur qui est venu sous la forme d’un agneau docile plutôt que sous celle d’un puissant cerf.

En Jésus-Christ, Dieu a pourvu tout son peuple d’une corne de salut véritable et éternelle.

Le mot traduit par “corne” (qeren en hébreu) est principalement utilisé dans l’Ancien Testament pour désigner non pas des animaux, mais les autels du tabernacle et du temple. Par exemple, les “cornes” sont une caractéristique distinctive de l’autel de l’encens (Ex 30.2-3). Ces cornes avaient probablement la forme de projections vers le haut, aux quatre coins de l’autel. Dieu avait commandé au souverain sacrificateur, “une fois chaque année, Aaron fera l’expiation sur les cornes de l’autel” (Ex 30.10) ; cela avait lieu le jour de l’expiation, lorsque le sang d’un taureau et d’un bouc était mis “sur les cornes de l’autel tout autour” (Lév 16.18). De même, pour le sacrifice pour le péché, le sang d’un taureau devait être mis “sur les cornes de l’autel” (Lév 4.7). C’est le sang des taureaux et des boucs qui symbolisait l’expiation, mais c’est sur les cornes de l’autel que l’expiation par le sang était symbolisée.

Dans le service sacerdotal et la vie cultuelle d’Israël, les cornes de l’autel étaient associées de manière indélébile à l’expiation par effusion de sang. Elles occupaient une place importante dans le symbolisme rituel du pardon de Dieu qui serait accompli par le Christ. Ce lien entre les cornes de l’autel et l’expiation du péché explique peut-être pourquoi plusieurs personnages de l’Ancien Testament, craignant d’être tués, se sont saisis des cornes de l’autel. Agir ainsi, c’était implorer la miséricorde.

Dans ce contexte, l’association des cornes avec l’expiation a dû être naturelle pour le sacrificateur Zacharie. Il semble donc significatif que lorsque Gabriel est apparu à Zacharie, l’ange se tenait à côté de l’autel de l’encens, juste à côté de ces “cornes” où l’œuvre du Christ avait été symbolisée pendant de nombreux siècles (Luc 1.11). Zacharie resta muet pendant un certain temps après cette rencontre, mais lorsque sa langue fut enfin déliée, il prophétisa la naissance du Christ et l’appela “une corne de salut pour nous” (Luc 1.69). Sur cette corne, le sang de l’expiation serait versé une fois pour toutes, et “pour nous”.

Le sang répandu sur les cornes de l’autel, année après année, ne pouvait pas accomplir le salut qu’il symbolisait (Hé 10.1-4). Chaque élément du sanctuaire terrestre anticipait et préfigurait la venue du Christ, le grand souverain sacrificateur dont le sacrifice de sa personne expierait les péchés de son peuple de manière décisive et éternelle (Hé 9.23-28). Nous pouvons maintenant nous réjouir et rendre grâce car une “corne de salut” a été élevée à la place des cornes de l’ancien autel. Cette corne n’a été ensanglantée qu’une seule fois, mais avec le seul sang capable de nous purifier de tout péché (1 Jean 1.7).

S’emparer des cornes de l’autel était peut-être une manière ancienne d’implorer la miséricorde, mais ce n’était pas une garantie. Adonija et Joab l’ont fait, et ils ont quand même subi la rétribution de leurs péchés (1 Rois 1.50-53, 2.25, 28-34). Pourtant, en Jésus-Christ, Dieu a pourvu tout son peuple d’une corne de salut véritable et éternelle. Se saisir de lui seul par la foi seule, c’est trouver la paix avec Dieu et le pardon des péchés.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Clayton J. Williams
Clayton J. Williams
Dr Clayton J. Williams est professeur d'Ancien Testament au Reformed Presbyterian Theological Seminary à Pittsburgh. Il est l'auteur du livre "The Shadow of Christ in the Book of Job".