La justification par la foi seule
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9 août, 2021Le courage d’être réformé
Note de l’éditeur : Ceci est le troisième chapitre de la série Nous sommes réformés
Lorsque nous en arrivons à comprendre la théologie réformée, ce n’est pas seulement notre compréhension du salut qui change, mais notre compréhension de tout le reste. C’est pour cette raison que lorsque les gens se débattent avec les doctrines rudimentaires de la théologie réformée et parviennent à les comprendre, ils ont souvent l’impression de s’être convertis une seconde fois. En fait, comme beaucoup me l’ont avoué, la réalité est que certains se sont convertis pour la toute première fois. C’est en examinant la théologie réformée qu’ils ont été confrontés à la dure réalité de leur corruption radicale et de leur mort dans le péché, de l’élection inconditionnelle des siens par Dieu et de la condamnation des autres, de l’accomplissement effectif de la rédemption par Christ pour son peuple, de la grâce efficace du Saint-Esprit, de la raison pour laquelle ils persévèrent par la grâce préservatrice de Dieu, et de la façon dont Dieu agit dans toute l’histoire pour sa gloire. Lorsque les gens réalisent qu’en fin de compte, ils n’ont pas choisi Dieu, mais que c’est Lui qui les a choisis, ils en viennent naturellement à admettre humblement l’étonnante grâce de Dieu à leur égard. Ce n’est qu’à ce moment-là, lorsque nous reconnaissons les misérables que nous sommes vraiment, que nous pouvons vraiment chanter « Grâce infinie ». Et c’est précisément ce que fait la théologie réformée : elle nous transforme de l’intérieur et nous amène à chanter – elle nous amène à adorer notre Dieu souverain et trinitaire, gracieux et aimant dans toute la vie, pas seulement le dimanche mais tous les jours et dans toute la vie. La théologie réformée n’est pas seulement un badge que nous portons quand être réformé est populaire et cool, c’est une théologie que nous vivons et respirons, que nous confessons et que nous défendons même quand elle est attaquée.
Les réformateurs protestants du XVIe siècle, ainsi que leurs précurseurs du XVe siècle et leurs descendants du XVIIe siècle, n’ont pas enseigné et défendu leur doctrine parce qu’elle était cool ou populaire, mais parce qu’elle était biblique, et ils ont risqué leur vie pour elle. Ils n’étaient pas seulement prêts à mourir pour la théologie de l’Écriture, ils étaient prêts à vivre pour elle, à souffrir pour elle, et à être considérés comme des fous pour elle. Ne vous y trompez pas : les réformateurs étaient audacieux et courageux non pas en raison de leur assurance et de leur confiance en eux-mêmes, mais parce qu’ils avaient été humiliés par l’Évangile. Ils étaient courageux parce qu’ils avaient été habités par le Saint-Esprit et équipés pour proclamer la lumière de la vérité dans un âge sombre de mensonges. La vérité qu’ils prêchaient n’était pas nouvelle, elle était ancienne. C’était la doctrine des martyrs, des pères, des apôtres et des patriarches – c’était la doctrine de Dieu exposée dans les Saintes Écritures.
Les réformateurs n’ont pas inventé leur théologie ; au contraire, leur théologie a fait d’eux ce qu’ils étaient. La théologie de l’Écriture a fait d’eux des réformateurs. Car ils n’ont pas cherché à être des réformateurs, en soi – ils ont cherché à être fidèles à Dieu et fidèles à l’Écriture. Ni les solae de la Réforme ni les doctrines de la grâce (les cinq points du calvinisme) n’ont été inventés par les Réformateurs, et ils n’ont en aucun cas constitué la somme totale de la doctrine de la Réforme. Ils sont plutôt devenus des prémisses doctrinales sous-jacentes qui ont servi à aider l’Église des époques suivantes à confesser et à défendre ce qu’elle croit. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui pensent adhérer à la théologie réformée, mais leur théologie réformée ne va pas plus loin que les solae de la Réforme et les doctrines de la grâce. Qui plus est, nombreux sont ceux qui disent adhérer à la théologie réformée mais le font sans que personne ne sache qu’ils sont réformés. Ces « calvinistes de placard » ne confessent aucune des confessions réformées historiques des XVIe et XVIIe siècles et n’emploient aucun langage théologique clairement réformé.
Cependant, si nous adhérons vraiment à la théologie réformée selon les confessions réformées historiques, nous ne pouvons qu’être identifiés comme réformés. En vérité, il est impossible de rester un « calviniste de placard », et il est impossible de rester réformé sans que personne ne le sache – cela se saura inévitablement. Pour être historiquement réformé, il faut adhérer à une confession réformée, et non seulement y adhérer, mais la confesser, la proclamer et la défendre. La théologie réformée est fondamentalement une théologie confessionnelle.
La théologie réformée est aussi une théologie qui englobe tout. Elle change non seulement ce que nous savons, mais aussi la manière dont nous savons ce que nous savons. Elle ne change pas seulement notre compréhension de Dieu, elle change notre compréhension de nous-mêmes. En effet, elle ne change pas seulement notre vision du salut, elle change notre façon de célébrer le culte, d’évangéliser, d’élever nos enfants, de traiter l’Église, de prier, d’étudier les Écritures – elle change notre façon de vivre, de bouger et d’être. La théologie réformée n’est pas une théologie que nous pouvons cacher, et ce n’est pas une théologie que nous pouvons simplement défendre du bout des lèvres. En effet, telle a été l’habitude des hérétiques et des progressistes théologiques tout au long de l’histoire. Ils prétendent adhérer à leurs confessions réformées, mais ne les confessent jamais réellement. Ils ne prétendent être réformés que lorsqu’ils sont sur la défensive, lorsque leur théologie progressiste (bien que populaire) est remise en question, et, s’ils sont pasteurs, uniquement lorsque leur emploi est en jeu. Bien que les libéraux théologiques puissent se trouver dans des églises et des dénominations qui s’identifient comme « réformées », ils ont honte d’une telle identité et en sont venus à croire que le fait d’être connu comme « réformé » est une pierre d’achoppement pour certains et une offense pour d’autres. De plus, si l’on se réfère aux marques historiques et ordinaires de l’Église – la prédication pure de la Parole de Dieu, la prière selon la Parole de Dieu, l’usage correct des sacrements du baptême et de la Cène, et la pratique cohérente de la discipline ecclésiastique – ces Églises « réformées » ne sont souvent même pas de vraies Églises. Aujourd’hui, il y a beaucoup de laïcs et de pasteurs dans les églises et dénominations traditionnellement réformées et protestantes qui, avec leurs églises et dénominations, ont quitté leurs amarres réformées et rejeté leurs confessions il y a des années.
Contrairement à cette tendance, ce dont nous avons le plus besoin, ce sont des hommes en chaire qui ont le courage d’être réformés – des hommes qui n’ont pas honte de la foi autrefois livrée aux saints, mais qui sont prêts à la défendre, non pas du bout des lèvres, mais de toute leur vie et de toutes leurs forces. Nous avons besoin d’hommes en chaire qui soient audacieux et inébranlables dans leur proclamation de la vérité et qui soient en même temps gracieux et compatissants. Nous avons besoin d’hommes qui prêchent la vérité pure et simple de la théologie réformée à temps et à contretemps, non pas en pointant du doigt, mais avec une main ouverte. Nous avons besoin d’hommes qui aiment les confessions réformées précisément parce qu’ils aiment le Seigneur notre Dieu et sa Parole immuable, inspirée et faisant autorité. Ce n’est que lorsque nous aurons dans la chaire des hommes qui auront le courage d’être réformés que nous aurons dans les bancs d’église des personnes qui saisiront la théologie réformée et ses effets dans la vie entière, afin que nous puissions aimer Dieu davantage de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force et aimer notre prochain comme nous-mêmes. Telle est la théologie qui a réformé l’Église au XVIe siècle, et c’est la seule théologie qui apportera réforme et renouveau au XXIe siècle. Car à notre époque de libéralisme théologique progressiste radical, la chose la plus radicale que nous puissions faire est d’être orthodoxes selon nos confessions réformées, mais sans arrogance, mais avec courage et compassion pour l’Église et pour les perdus, tout cela pour la gloire de Dieu, et sa seule gloire.