Notre appel à la fidélité - Ministère Ligonier
Dieu est fidèle
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La fidélité dans les petites choses – Exemples bibliques – 1ere partie
15 mai, 2020
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Notre appel à la fidélité

Note de l’éditeur : Ceci est le deuxième chapitre de la série « La fidélité dans les petites choses »publiée par le Tabletalk Magazine. 

Être chrétien, c’est être appelé à une vie de fidélité. Mais le devoir de fidélité chrétienne, bien compris, doit être considéré comme notre réponse à la fidélité de Dieu. Bien sûr, avant de pouvoir parler de la fidélité de Dieu à notre égard, nous devons d’abord nous rappeler que Dieu est suprêmement fidèle à lui-même. Il agit toujours en parfaite conformité avec son propre caractère saint et son plan. Son unique objectif est sa propre gloire, et il est infailliblement fidèle à ce but. Dans Ésaïe 48.9-11, la raison pour laquelle l’Éternel retient son jugement est lui-même et la gloire de son propre nom :

À cause de mon nom, je suspends ma colère ;
À cause de ma gloire, je me contiens envers toi,
Pour ne pas t’exterminer.
Je t’ai mis au creuset, mais non pour retirer de l’argent ;
Je t’ai éprouvé dans la fournaise de l’adversité.
C’est pour l’amour de moi, pour l’amour de moi, que je veux agir ;
Car comment mon nom serait-il profané ?
Je ne donnerai pas ma gloire à un autre.

De même, la grande promesse de la nouvelle alliance en Ézéchiel 36 est faite dans le contexte de la volonté de Dieu d’agir à cause de son saint nom :

C’est pourquoi dis à la maison d’Israël : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Ce n’est pas à cause de vous que j’agis de la sorte, maison d’Israël ; c’est à cause de mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes allés. Je sanctifierai mon grand nom, qui a été profané parmi les nations, que vous avez profané au milieu d’elles. … Je répandrai sur vous une eau pure. … Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau. … Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois. (Ez 36.22–27)

La gloire de Dieu, l’honneur de son nom, est en jeu dans tout ce qu’il fait. Ainsi, Dieu est toujours fidèle avant tout à lui-même. Dans 2 Timothée 2.13, la raison pour laquelle Dieu reste fidèle même si nous sommes infidèles est qu’« il ne peut se renier lui-même ». Il est impossible que Dieu soit infidèle, même face à nos nombreuses infidélités. Dieu doit être fidèle à lui-même. Cette nécessaire fidélité de Dieu envers Lui-même est le fondement de notre espérance et la source de toutes les bénédictions que nous pouvons connaître. C’est de là que jaillit toute manifestation de la gloire, de la grandeur et de la grâce de Dieu. C’est sur elle que repose la fiabilité de toutes ses promesses. C’est le fondement de l’évangile et la racine de la rédemption acquise pour les pécheurs en Jésus-Christ. L’incarnation, les souffrances et la gloire de notre Sauveur peuvent toutes être comprises comme l’effusion de la fidélité divine. Jésus est venu, a versé son sang et est mort parce que Dieu est fidèle à Lui-même.

La fidélité de Dieu à lui-même et celle de Christ au Père, forme les racines profondes de la fidélité de Dieu envers son peuple de l’alliance.

Cela explique la fidélité de Christ envers Dieu. En comparant Christ et Moïse, l’auteur d’Hébreux nous invite à

considére[r] l’apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons, Jésus, qui a été fidèle à celui qui l’a établi, comme le fut Moïse dans toute sa maison. … Moïse a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme serviteur, pour rendre témoignage de ce qui devait être annoncé ; mais Christ l’est comme Fils sur sa maison. (Hé 3.1-2, 5-6)

La fidélité de Christ à Dieu est la fidélité du Fils envers son Père, dans la poursuite de notre salut selon les termes de l’alliance de rédemption. Cela signifie que chaque fois que nous parlons de la fidélité de Dieu en Christ envers nous, nous ne voyons que la partie émergée de l’iceberg. La fidélité de Dieu dont nous faisons l’expérience dans l’évangile est la partie que nous pouvons voir au-dessus de la ligne de flottaison, mais sous cette vérité, lui donnant tout son relief, la soutenant pour que nous la connaissions et en jouissions, se trouve la plus grande partie de la fidélité de Dieu, souvent inaperçue et négligée : Sa fidélité à Lui-même et la fidélité du Fils au Père dans l’accomplissement de notre rédemption pour la gloire du nom de Dieu.

Pour changer la métaphore, la fidélité de Dieu à lui-même et celle de Christ au Père, forme les racines profondes de la fidélité de Dieu envers son peuple de l’alliance. Cette vision glorieuse et intra-trinitaire de la fidélité divine fournit à son tour la vie dont notre fidélité à Dieu devient le fruit. Nous sommes fidèles à Dieu parce qu’il nous est fidèle. Mais, comme nous l’avons vu, Il nous est fidèle parce qu’Il est fidèle à Lui-même. Il agit « à cause de son nom ».

C’est pour cette raison que la fidélité chrétienne est décrite comme un fruit de l’Esprit (Ga 5.22). Étant lui-même le don de la fidélité divine, l’Esprit fait fructifier en nous la grâce de la fidélité à Dieu. Les saints à qui Paul adresse ses épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens sont appelés les « fidèles en Jésus-Christ » (Ép 1.1 ; Col 1.2). La fidélité marque les chrétiens, non pas comme le fondement de leur acceptation avec Dieu, mais comme la preuve de celle-ci.

Dans le Nouveau Testament, la fidélité est parfois liée à la persévérance. En Actes 11.23, lorsque la nouvelle de l’église commencée à Antioche arriva à Jérusalem, l’église de Jérusalem envoya Barnabas, qui « lorsqu’il fut arrivé, et qu’il eut vu la grâce de Dieu, il s’en réjouit, et il les exhorta tous à rester d’un cœur ferme fidèles au Seigneur ». De même, dans Apocalypse 2.10, l’église est exhortée de la sorte : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je [Christ] te donnerai la couronne de vie ».

Cependant, il est instructif de noter que le Nouveau Testament utilise le plus souvent le vocabulaire de la fidélité dans le contexte de la gestion de nos dons pour le ministère et le service. On peut penser ici à la réprimande cinglante des scribes et des pharisiens par notre Sauveur dans Matthieu 23.23. Ils ont payé la dîme de « la menthe, de l’aneth et du cumin », mais ont « laiss[é] ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité ». Nous remarquons que la fidélité est ici coordonnée avec la justice et la miséricorde et doit donc faire référence à notre fidélité envers notre prochain au service de Dieu. Ou encore, pensez aux paraboles pénétrantes de Matthieu 24.45-51 et 25.14-30, dans lesquelles le serviteur fidèle et sage entre dans la joie du Seigneur parce qu’il a agi avec sagesse avec les ressources de la maison de son maître. En revanche, le serviteur infidèle est jugé très sévèrement et jeté dans les ténèbres extérieures, où il y a des pleurs et des grincements de dents. Ce qui prouve que l’on est légitimement lié à Dieu, c’est la gestion fidèle de sa grâce dans nos vies pour sa gloire. Un manque de fidélité démontre que nous ne sommes pas de bons intendants et que nous n’appartenons pas à Son royaume. L’inactivité au service de notre Seigneur, lorsque nous prétendons avoir été les bénéficiaires de sa fidélité envers nous en Christ, est une chose très dangereuse en effet.

De plus, Paul recommande à plusieurs reprises la fidélité comme la marque essentielle d’un compagnon de service ou d’un serviteur de l’Évangile (Timothée en 1 Co 4.17 ; Tychique en Ép 6.21 et Col 4.7 ; Épaphras en Col 1.7 ; Onésime en Col 4.9). En 1 Corinthiens 4.1-2, Paul dit : « Ainsi, qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu. Du reste, ce qu’on demande des dispensateurs, c’est que chacun soit trouvé fidèle. » La fidélité est la marque des serviteurs de l’Evangile et des serviteurs chrétiens. C’est pourquoi Paul exhorte Timothée dans 2 Timothée 2.2 à transmettre l’enseignement de Paul « à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres ».

Il est donc clair que la fidélité implique la sage gestion de la Parole de Dieu. Elle implique à la fois de la diligence dans l’éthique du travail et la capacité d’ouvrir la vérité lorsque l’occasion se présente. C’est ce que signifie être un intendant fidèle. Mais la fidélité est un terme de ministère appliqué à chaque chrétien, et pas seulement aux pasteurs ordonnés de l’Évangile. En 3 Jean 5-6, par exemple, l’Apôtre décrit la pratique de l’hospitalité chrétienne comme un acte de fidélité : « Bien-aimé, tu agis fidèlement dans ce que tu fais pour les frères, et même pour des frères étrangers, lesquels ont rendu témoignage de ton amour, en présence de l’Église. Tu feras bien de pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu. »

Le miracle de la représentation biblique de la fidélité chrétienne est que lorsque les croyants entendent enfin le « C’est bien, bon et fidèle serviteur » de notre Maître dans la maison duquel nous avons été serviteurs, nous saurons — d’une manière que nous n’apercevons qu’ici et que nous oublions souvent — que toute notre fidélité sur terre n’était que le produit de la fidélité de Dieu envers nous et le fruit de la fidélité de Dieu envers Lui-même. Une part importante de la joie du Seigneur dans laquelle nous entrerons un jour sera la découverte que Christ nous récompense pour le fruit de son grand travail pour nous à la croix et en nous par son Esprit. Nous nous inclinerons et confesserons que nous sommes des serviteurs inutiles, n’ayant fait que notre devoir (Luc 17.10), mais Christ nous prodiguera sa gloire et nous accueillera en sa présence avec joie dans le couronnement de la fidélité à l’alliance. « Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera » (1 Th 5.24).

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.
David Strain
David Strain
Le Dr David Strain est le pasteur principal de First Presbyterian Church à Jackson, au Mississippi. Il est l'auteur d'un commentaire sur Ruth et Esther dans la série de commentaires « Focus on the Bible ».