Portes - Ministère Ligonier
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Portes

Note de l’éditeur : Ceci est le douzième chapitre de la série Mots et expressions bibliques mal compris.

Imaginez un instant que vous êtes un Juif ordinaire et fidèle, comme Simon Pierre, attendant la “consolation d’Israël”, et vivant à l’époque du ministère public de Jésus. Alors vous avez vu beaucoup de choses : des miracles, des merveilles, et un enseignement de maître. Qui est ce Jésus ? Il doit être plus qu’un prophète. Il est même plus grand que Moïse. Pierre en arrive à la conclusion inévitable : il doit être le Messie, le Roi promis, l’Oint qui rétablira le royaume de Dieu sur la terre. Oui, dit Jésus, et “tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle” (Mt 16.18).

Le petit mot “portes” évoque une image, ou plutôt un réseau d’images, d’expériences et d’associations, dont beaucoup pourraient être perdues pour le lecteur moderne. Lorsque Pierre médite cette parole prophétique, son imagination projette une guerre cosmique entre deux royaumes, l’un assiégé, fait de mort et de ténèbres, qui est protégé par une grande porte barrée ; l’autre triomphant, fait de pierres vivantes et entouré de portes grandes ouvertes, invitant la multitude à jouir de sa paix et de sa lumière.

Peut-être votre imagination était-elle moins florissante que ces réflexions ; un bref tour des “portes” dans la Bible nous aidera à mieux envisager la cité de Dieu victorieuse.

Le lecteur moderne est quelque peu désavantagé lorsqu’il s’agit de la description métaphorique des “portes” de l’enfer. Les métaphores s’inspirent souvent d’expériences vécues, et la plupart des villes modernes n’ont plus de portes au sens littéral du terme. Le mot “portes” ne déclenche plus immédiatement la même série d’associations pour nous que pour un lecteur de l’Antiquité. Les villes anciennes avaient besoin d’être protégées de leur environnement, et c’est pourquoi la plupart d’entre elles ont fini par être entourées d’une sorte de mur d’enceinte (Dt 3.5). Les portes de ces murs servent de point d’entrée et de sortie centralisé, ce qui en fait un lieu de rencontre et de conversation (2 Sa 15.2 ; Ps 69.12), une place de marché centrale (2 Rois 7.1), un lieu pour les annonces publiques et les proclamations légales (Ruth 4), et l’endroit idéal pour les rassemblements et les célébrations de la communauté (Jg 5.11). En bref, le “centre-ville”, ou la “place publique”, dans le monde antique n’était généralement pas au centre de la ville, mais à sa périphérie, à ses portes. La porte symbolise donc la ville elle-même; elle représente le peuple, la culture, le statut, l’importance et la vie de la ville. Ainsi, lorsque Dieu promet à son peuple la sécurité, la paix et la prospérité, il lui promet une ville avec une grande et haute muraille, et aux portes solides (Ap 21.9-27).

Il est donc intéressant de constater que les portes de la cité céleste que Dieu nous dépeint sont grandes ouvertes. “Portes, élevez vos linteaux ; Élevez-vous, portes éternelles !

Que le roi de gloire fasse son entrée !” (Ps 24.7). Le psalmiste parle ici du sanctuaire de Dieu, qu’il décrit comme une sorte de ville. Lorsque le Roi entre dans la ville, les portes sont grandes ouvertes pour le recevoir. Le ton est à la célébration et à la victoire. “L’Éternel des armées” est entré dans la ville (Ps 24.10) ; il en protégera les murs et en assurera la sécurité. L’Apocalypse est encore plus emphatique. Les hautes murailles de la nouvelle Jérusalem sont ponctuées d’une douzaine de portes (c’est beaucoup), et ces portes “ne se fermeront point le jour, car là il n’y aura point de nuit.” (Ap 21.25 ; voir Josué 2.5). En effet, les portes sont toujours ouvertes, offrant un accès libre et sans entrave afin que tous puissent y apporter “la gloire et l’honneur des nations” (Ap 21.26). Tant de portes ! Et elles sont toujours ouvertes ? Il s’agit d’une démonstration étonnante et effrontée de confiance, de sécurité, de paix et de camaraderie.

En revanche, les portes de l’enfer sont fermées. Le diable voudrait nous faire croire que c’est un signe de force, mais en réalité, c’est la peur qui barre ces portes. “Les portes de l’enfer ne prévaudront point” contre le Christ et son Église. Cette image nous montre la ville de Satan assiégée, ses portes s’effondrent devant les armées du ciel, et le peuple de Dieu (voir Apocalypse 12). Bien compris, l’enfer n’est pas une puissante forteresse, ou une ville florissante, mais c’est une “prison” (Ap 20.7), et lorsque cette ville-prison sera finalement détruite, ses citoyens démoniaques seront jetés “dans l’étang de feu”, ne pouvant plus nuire, ou entraver le peuple béni de Dieu (v. 10). Louange à Dieu ! Viens vite, Seigneur ! ” Portes, élevez vos linteaux ; Élevez-vous, portes éternelles ! Que le roi de gloire fasse son entrée !” (Ps 24.7).

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Thomas Keene
Thomas Keene
Thomas Keene est professeur associé de Nouveau Testament et doyen de la faculté du Reformed Theological Seminary de Washington.