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Qui était Philippe de Mornay ?

Riche et cultivé, bien entouré et heureux en ménage, trahi et endeuillé, Philippe de Mornay a traversé des crises personnelles et nationales. Il a survécu à de multiples menaces de mort. À certains moments charnières, il a vu son chemin providentiellement bloqué, ce qui l’a contraint à abandonner certains appels ou services. À chaque fois, Mornay a affronté les difficultés en se tournant vers d’autres voies de service. Malgré les circonstances difficiles, il est resté fidèle.

À la naissance de Philippe, la France était sous tension. La réponse officielle au protestantisme a été, pendant des décennies, les bannissements et la torture. En 1549, l’année de la naissance de Mornay, l’avènement d’Henri II a poursuivi la persécution ; la reine Catherine de Médicis s’est efforcée d’assurer l’emprise incontestée du catholicisme. Les Français, qui ont vu les États allemands basculer dans le luthéranisme, ne voulaient pas de ces bouleversements sociaux et religieux.

Malgré l’équilibre des pouvoirs, le protestantisme se répand. Même dans la famille royale, des membres succombent à l' »hérésie ». Le foyer de Mornay reflétait la situation nationale, à savoir que le père catholique romain s’efforçait de limiter l’influence de la mère protestante. Mais en 1559, la mort de Mornay père donna à sa femme les coudées franches avec les six enfants, et elle se rangea publiquement du côté de l’Église huguenote. Une fois encore, la famille reflétait la nation, c’étaient souvent des femmes de haut rang qui protégeaient et encourageaient la Réformation française. L’Esprit s’est servi de l’influence de sa mère et de la lecture personnelle de la Bible pour amener Mornay à une nouvelle vie et à un nouvel amour. L’opposition immédiate de ses amis ne l’a pas fait reculer.

La richesse familiale a permis à Mornay d’étudier, en commençant par Paris, il s’est rendu à Heidelberg, puis à Padoue, où il a étudié le droit et les langues. Ses voyages en Angleterre, en Italie, en Autriche et au-delà lui permirent de se familiariser avec de multiples cultures, scènes politiques, et pratiques religieuses. Il a tissé des réseaux tout au long de son parcours, établissant des contacts qui ont perduré tout au long de sa carrière. En tant que seigneur du Plessis-Marly, Mornay était préparé à une vie dans les hautes sphères. Mais il était préparé à bien plus que cela, car il était impatient de travailler pour son pays et son Église.

Mais à cette époque, les tensions internes de la France ne s’étaient pas seulement aggravées, elles s’étaient fracturées jusqu’à la guerre civile. Lors d’une visite dans son pays en 1567, Mornay s’est engagé dans l’armée protestante. Alors qu’il était prêt à se battre pour la liberté de religion, le Seigneur l’en empêcha. Une chute de cheval blessa Mornay, et l’éloigna de la bataille ainsi que d’une mort probable.

Trois années cruciales vont marquer la trajectoire de la carrière de Mornay. En 1571, il publia son premier livre. L’écriture devint l’occupation de toute une vie. En 1572, les dirigeants huguenots l’envoyèrent en mission secrète auprès de Guillaume d’Orange aux Pays-Bas. La diplomatie devint une vocation. En 1573, il vécut le massacre de la Saint-Barthélemy.

Ce massacre fut un tournant pour la France, traçant une ligne inflexible entre les citoyens catholiques romains et protestants. Il a également montré jusqu’où les dirigeants français étaient prêts à aller pour écraser l’Église huguenote. Paris, où était Mornay, fut le théâtre des pires violences, des milliers de compatriotes protestants sont morts, abattus, jetés par les fenêtres et chassés dans la campagne. Mornay se cacha sous un toit pendant plusieurs jours, puis s’échappa en Angleterre avec l’aide d’un ami catholique romain. Une fois de plus, Dieu a préservé sa vie face à la mort.

La violence à laquelle Mornay a survécu l’a obligé à revoir ses priorités. Il rentra chez lui et puis s’allia au protestant Henri de Navarre, qui luttait alors pour son droit au trône de France. Un protestant sur le trône de France allait changer la vie de l’Église huguenote. Mais lors des campagnes de 1575, le duc de Guise captura Mornay et le retint contre une rançon. Une jeune veuve paya pour sa libération. Charlotte Arbaleste, qui était connue dans les milieux huguenots pour son récit du massacre de la Saint-Barthélemy, auquel elle a également survécu, était une militante du jeune mouvement protestant. Elle paya Guise non seulement parce qu’elle appréciait le travail de Mornay, mais aussi parce qu’ils étaient fiancés. L’année suivant la libération de Mornay par Charlotte, ils se marièrent.

À certains moments charnières, il a vu son chemin providentiellement bloqué, ce qui l’a contraint à abandonner certains appels ou services.

Charlotte devint la deuxième plus grande influence dans la vie de Mornay, après la Bible, et son deuxième amour, après son Sauveur. Au lieu de le distraire de son travail, Charlotte encouragea et stimula les efforts de son mari. Son deuxième ouvrage publié, Excellent discours de la vie et de la mort, était un cadeau pour elle.

Le ton sombre du livre reflète probablement l’état psychologique de Mornay. S’il a survécu à deux guerres et à un massacre, ce ne fut pas le cas de nombreux amis et coreligionnaires. Les persécutions se poursuivaient. L’avenir politique semblait bien sombre. Ce livre, plus philosophique que scripturaire par moments, est teinté de ces souffrances. Mais il fait également preuve d’un réalisme biblique. Alors qu’il n’avait pas encore atteint la trentaine, Mornay avait appris à compter ses jours : « Car comme il n’y a rien plus certain que la mort, aussi n’y a-t-il rien plus incertain que l’heure d’icelle, connue au seul Dieu unique auteur de vie et de la mort, auquel tous devons tâcher de vivre et mourir ».

La guerre de succession se poursuivit, et Mornay reprit la diplomatie en tant qu’ambassadeur d’Henri de Navarre en Angleterre. La couronne britannique protestante était un allié important, et les talents diplomatiques de Mornay ont servi « la religion réformée » ainsi que le roi de Navarre. Au début des années 1580, Henri a fait de Mornay son ambassadeur auprès de la cour réformée néerlandaise. Où qu’il fût, la correspondance de Mornay reliait les intérêts protestants français à des fonctionnaires sympathiques dans toute l’Europe protestante, informant Henri sur l’Église huguenote, rassemblant et diffusant des informations selon les besoins. Il était prêt à « protester publiquement que nous étions le corps de l’Église du Christ ». Amis et ennemis reconnaissaient cette prééminence, l’appelant « le pape huguenot ».

Partout où Mornay se rendait, Charlotte l’accompagnait, d’ailleurs leurs quatre fils et leurs quatre filles sont nés lorsqu’il occupait des postes diplomatiques. À une époque où la mortalité infantile était élevée, la famille Mornay ne faisait pas exception ; ils ont enterré leurs cinq plus jeunes enfants. Un fils et deux filles survécurent à leur enfance. Les deux parents s’appliquèrent à prier pour eux, à les éduquer et à en profiter, même s’ils étaient affligés par tant de lourdes pertes. Philippe junior était le protégé de son père, formé pour comprendre la politique et la guerre, ainsi que la théologie.

Au milieu des années 1580, Mornay était un acteur clé de la politique française en tant que principal conseiller d’Henri. Ses compétences favorisèrent les négociations et les relations, permettant d’obtenir des gains là où les batailles ne le pouvaient pas. En 1589, il vit le fruit de son service politique, puisque après des années de diplomatie et une bataille définitive, Henri de Navarre devint Henri IV de France. Il semblait que la liberté était arrivée.

L’avènement d’Henri a d’abord réjoui les croyants. Mais elle se transforma rapidement en choc et en déception. Henri se convertit au catholicisme romain afin de s’assurer le trône de France : « Paris vaut bien une messe », dit Henri dans une citation qui lui est attribuée. Mornay en fut dévasté. L' »ami affectueux » qu’était Henri, devint un traître pour Mornay, et pour l’Église que Mornay aimait. L’espoir de Mornay pour l’Église était peut-être centré sur les princes, et l’inconstance d’Henri l’a révélé. Mornay n’avait pas toujours été d’accord avec le roi, mais il y avait eu de la confiance et de l’espoir.

Bien que Henri ait périodiquement exigé la présence de Mornay à Paris, leur ancienne amitié ne s’est jamais rétablie. Moitié poussé, moitié repoussé hors de la scène politique nouvellement définie, Mornay abandonna une promotion et se retira progressivement de la cour. De nombreuses relations subsistèrent, mais son niveau d’influence non. Le Seigneur orienta une nouvelle fois sa vie vers une autre voie. Mornay quitta Paris pour devenir gouverneur de Saumur, une ville protestante. Malgré les compétences et les opportunités, la politique n’a jamais été son premier amour, mais c’était le moyen par lequel il servait. Ainsi, lorsque l’influence nationale lui fut retirée, Mornay pouvait se réorienter vers d’autres services. L’ambition en elle-même est vide, et Mornay le savait depuis longtemps : « Tout ce qu’il peut y avoir de bonheur dans ce que l’ambition promet, c’est de souffrir beaucoup, d’être malade… souvent avec des chagrins de cœur incroyables ».

Lorsque l’influence nationale lui fut retirée, Mornay pouvait se réorienter vers d’autres services.

L’écriture était encore un moyen de servir. En 1598, après avoir contribué à l’Édit de Nantes, Mornay publia De l’Institution sage et Doctrine du Saint sacrement de l’Eucharistie en l’Église ancienne. Tout comme les fonctionnaires catholiques romains voulaient l’écarter du gouvernement, le clergé catholique romain voulait certainement qu’il soit écarté de la théologie. Mornay avait accepté de répondre aux défis publics lancés à son travail, mais il n’était pas très à l’aise dans les débats. L’opposition était si intense qu’elle le brisa physiquement. Charlotte disait : « Prends courage, c’est l’œuvre de Dieu ». Mais la santé de Mornay l’obligea à s’en aller. Les catholiques romains s’en réjouissaient, mais la compagnie des pasteurs de Genève envoya à Mornay « de vifs remerciements pour son grand zèle et son affection à la vérité de Dieu, et pour les dignes travaux de défense de cette dernière », en ordonnant que l’ouvrage soit distribué.

Mornay rentra chez lui pour reprendre des forces et travailler tranquillement. Il était au culte du matin, un dimanche de 1601, lorsqu’un jeune homme entra par une porte latérale pendant le sermon. Un moine l’avait engagé pour assassiner Mornay. Le courage du jeune homme a échoué au bord du sanctuaire, et Mornay a survécu. Une longue série de preuves a permis d’étayer le complot. Dieu épargna à nouveau la vie de Mornay pour qu’il poursuive son œuvre.

Mornay avait formé son fils pour qu’il reprenne son flambeau. Philippe adopta avec enthousiasme la cause huguenote, croyant à l’enseignement biblique de ses parents. Il s’engagea également dans la politique et, à l’âge de vingt-six ans, partit se battre pour la liberté de religion aux Pays-Bas. Alors que la chute de cheval empêcha son père de participer à une bataille, et que la capture l’empêcha de participer à une autre, rien n’arrêta Philippe, qui s’engagea avec enthousiasme dans la bataille des Pays-Bas contre l’Espagne catholique romaine. Il y mourut le 23 octobre 1605.

En France, les Mornay apprirent la nouvelle. Contrairement aux déceptions politiques, ce coup frappa au cœur de la famille et de leur futur. Les deux parents avaient cru que Philippe poursuivrait leur service de l’Église après leur mort, et voilà que cela ne serait plus le cas. Leurs espoirs, ainsi que des années de prière, de formation, d’enseignement et d’amour, semblaient avoir été réduits en miettes par une balle espagnole.

Pour surmonter son chagrin, Mornay écrivit un long poème sur les conséquences spirituelles et émotionnelles de cette perte. Il comprend une note nécrologique, Philippe était « frappé d’un coup de mousquet en pleine poitrine, il tomba […] et devint immortel ». L’œuvre est le cœur d’un père qui crie honnêtement vers Dieu, plein de l’Écriture et d’une confiance dans la fidélité de l’amour de Dieu. Mornay a perçu les dangers d’un fatalisme stoïque, mais aussi de l’abandon au chagrin. « Laissons-nous émouvoir, s’adressa-t-il à Charlotte, laissons-nous fondre. Et mon désir est que nous nous familiarisions pleinement avec cette affliction accidentelle (et non éternelle) […] Nous sommes privés d’un fils, chère épouse, d’un fils unique, et quel bon fils ! Que notre Dieu, le vrai consolateur, soit notre consolation ; que celui qui a causé nos peines les conclue ; qu’il soit notre remède, celui qui a procuré notre mal, seul consolateur, seul chirurgien ».

C’était la première moitié d’un chagrin qui deviendra double. Charlotte ne se remit jamais de la mort de son fils, et mourut quelques mois plus tard, en 1606. Après la mort de Philippe, Mornay avait écrit qu' »en l’éloignant, [Dieu] m’a presque arraché à mon enracinement dans la terre (il n’y a qu’une autre force d’attraction) ». La mort de Charlotte était cette force d’attraction, mais il devait encore vivre, affronter une vie qui lui paraissait solitaire et, d’une certaine manière, sans avenir. De tous les obstacles providentiels à son travail, la perte de Philippe, son héritier spirituel, et de Charlotte, sa fidèle compagne, semble la plus définitive. Mais même dans ce chagrin, Mornay y a vu un don : « Elle m’a aidé à bien vivre, et par sa pieuse mort, elle m’a appris à bien mourir ». Ses amis ont commenté son absence d’amertume. Même dans les cas les plus difficiles, Mornay était prêt à se soumettre.

Sa connaissance de la Bible l’a aidé à surmonter les vagues de chagrin. Depuis son enfance, il avait pris l’habitude d’étudier les Écritures. Ce sont ses connaissances accumulées de la Parole et du caractère de Dieu qui sont devenues sa houlette et son bâton dans cette vallée. Ses filles pieuses, et leurs enfants l’ont également consolé. Les commentaires qu’il a publiés nous donnent un aperçu de sa pensée : « Êtes-vous chrétien, et êtes-vous accablé par l’adversité, ou avez-vous souffert de votre vocation ? Répandez votre cœur vers le Seigneur, enroulez-vous sur lui, prenez-le pour gage, et ne doutez pas, comme il est naturellement bon et fidèle dans ses promesses, il prendra votre fardeau sur lui et vous consolera ». Parfois, il semblait que Mornay se décrivait lui-même : « Il ne murmure pas, il ne répond pas, il se soumet à la volonté de Dieu, il l’attend avec patience, il soumet toute sa sagesse à la providence de Dieu. C’est là certainement le plus haut point de la foi ». Il semble que ce soit là le plus haut point de la foi de Mornay. Ces derniers écrits ont une orientation vers Dieu et une tendresse que n’ont pas ses premières œuvres.

Ce sont ses connaissances accumulées de la Parole et du caractère de Dieu qui sont devenues sa houlette et son bâton dans cette vallée

Après l’assassinat d’Henri IV par un catholique romain en colère, armé d’un couteau à découper, Mornay fit ce qu’il put pour maintenir le niveau de stabilité politique, malgré un roi âgé de huit ans et une reine mère catholique. Apprenant le meurtre, il réunit les habitants de Saumur et leur fit prêter serment d’allégeance au jeune Louis XIII.

En 1618, le synode de Dort le convoqua afin d’y être un délégué des huguenots, mais Louis XIII refusa. En 1621, les catholiques romains royalistes prirent le contrôle de Saumur. Mornay se retira dans son domaine pour continuer à écrire, et à soutenir le protestantisme, depuis sa congrégation locale jusqu’aux dénominations de toute l’Europe. Il y mourut en 1623. Des années auparavant, il avait déclaré que la mort n’était « pas la fin de la vie, mais la fin de la mort et le commencement de la vie […] l’aube d’un jour éternel ». Si cela était vrai pour lui, son Église huguenote bien-aimée a pleuré sa perte.

Comme beaucoup de ses pairs protestants, Mornay fut caricaturé comme anticatholique et anti-France. En réalité, il n’était pas contre les catholiques romains, mais pour l’Écriture ; pas contre la France, mais pour un pays où règne la liberté de religion. Il a passé sa vie politique à essayer d’aider la France à devenir un pays où la conscience n’était pas liée. Il voulait une France où les gens pouvaient s’épanouir. Lorsqu’il fut empêché de servir la politique, Mornay se consacra directement à l’Église. Son travail, ses encouragements, sa réussite déterminée et fidèle, sont encore aujourd’hui un modèle pour le peuple du Christ. C’est parce que Mornay conservait une perspective éternelle, malgré son implication dans la politique terrestre de son époque :

C’est ainsi que nous avons la paix avec tous, voyant toutes leurs forces et leurs armes se transformer en notre paix, toutes leurs malédictions en bénédictions, toutes leurs entailles, si terribles soient-elles, se transformer en baume, leurs tempêtes en havres de paix. Toutes ces choses, et toutes les autres, concourent, comme le dit l’apôtre, à notre bien, à cause de l’amour de Dieu qui nous a été acquis par Jésus-Christ. Car au lieu d’être juge, il est maintenant père, et au lieu d’être juste vengeur, gracieux protecteur, faisant tourner tous les maux à notre victoire, à notre paix, à notre gloire et à notre salut.

Le travail, les écrits et même les efforts de Mornay en faveur de l’Église huguenote se dissipèrent rapidement. Sa ligne disparut. Personne ne lit ses commentaires. Le monde politique qu’il a façonné s’est évanoui il y a des siècles. Il n’est plus qu’une partie de l’histoire qui ne touche plus notre quotidien. Son héritage ne fut pas le fruit de sa carrière, aussi productive qu’elle ait été à l’époque. L’héritage de Mornay, c’est sa fidélité. Son absence d’amertume et sa détermination à servir pleinement une vocation claire sont encore efficaces aujourd’hui, parce qu’un tel exemple nous touche là où nous sommes.

Différents types de souffrance peuvent créer différentes tentations. Mais elles peuvent toutes être affrontées avec la même réponse, à savoir une dévotion à l’obéissance. L’amour est le moteur d’une telle obéissance. C’est l’amour pour son Dieu miséricordieux, et non pas principalement pour la politique, le pays ou même la famille, qui a stimulé le service de Mornay. C’est ce même amour qui lui a permis de traverser les épreuves sans vengeance ni amertume. C’est de cet amour dont nous avons besoin pour être fidèles, et en paix dans notre génération.

Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.

Rebecca VanDoodewaard
Rebecca VanDoodewaard
Rebecca VanDoodewaard est l'auteur de l'ouvrage Reformation Women : Sixteenth-Century Figures Who Shaped Christianity's Rebirth et la série de livres pour enfants Banner Board.