Prince de la paix - Ministère Ligonier
Du sein de la Vierge
4 janvier, 2021
La souche d’Isaï
11 janvier, 2021
Du sein de la Vierge
4 janvier, 2021
La souche d’Isaï
11 janvier, 2021

Prince de la paix

Note de l’éditeur : Ceci est le dixième chapitre de la série Le Messie promis.

Imaginez le pays que vous chérissiez jadis, désormais divisé, brisé, envahi par des dirigeants corrompus, mis en péril par de vastes puissances internationales et apparemment au bord de l’effondrement. Imaginez que les meilleurs de vos dirigeants soient paralysés par leur manque de valeurs, leur indécision et leurs alliances internationales malavisées. Les conditions politiques et culturelles à Jérusalem au VIIIe siècle avant J.-C. ont été façonnées par ces sombres préoccupations et ont fourni le contexte immédiat de la prophétie d’Ésaïe 9.5-6. Le royaume d’Israël au nord s’était retourné contre sa sœur au sud, Juda, dans une coalition malavisée avec la Syrie au nord, une coalition qui allait conduire à la destruction de ses deux parties aux mains de l’armée assyrienne. Juda s’est retrouvée seule avec des perspectives de survie de plus en plus réduites.

Dans cette situation désespérée, Ésaïe a prononcé un oracle d’espoir au sujet d’un enfant qui naîtrait dans le royaume et apporterait une restauration nationale et internationale au monde.

Le passage commence par assurer au public du sud que le royaume du nord sera inclus dans la restauration de l’exil (8.23).  La restauration à venir inclura tous les enfants d’Israël, même les tribus du royaume rebelle du nord (voir Ez 37.16-17). Même pour le nord et sa capitale, la Samarie, les ténèbres de l’exil prendront fin un jour, et le lever du soleil de la restauration et du nouveau roi apparaîtra. L’Évangile de Matthieu montre comment la restauration du royaume a lieu dans le ministère de Jésus Christ (Mt 4.12-16). Il est la lumière qui brille dans les ténèbres.

Du point de vue d’Ésaïe, ce qui est important, c’est que cette restauration à venir verra la réunification des deux royaumes d’Israël sous un roi de la ligne de David (voir 2 Sa 7.14). La naissance de l’enfant marquera la fin de leurs souffrances en exil. L’enfant d’Esaïe 9 est le nouveau roi qui inaugurera la période de restauration du peuple de Dieu après les longues années d’exil.

Ésaïe 8.23-9.6 évoque une cérémonie de couronnement au cours de laquelle les titres royaux sont lus à haute voix devant un public de sujets et de dignitaires. Dans ce cas, chaque titre dépeint les caractéristiques exceptionnelles du nouveau régent qui lui servira à établir son futur royaume comme la lumière qui remplace les ténèbres de l’exil à venir.

Merveilleux conseiller.  La signification de ce titre peut sembler obscure à un public moderne. Un conseiller, dans ce cas, signifie un maître en matière de sagesse et ses enseignements. Ce sage conseiller aurait servi à la cour du roi qui, à son tour, était à la tête du pouvoir judiciaire du pays. Le roi de la restauration, cependant, excellera dans tous les domaines de la sagesse, tout comme Salomon autrefois, mais lui-même sera un conseiller aux proportions miraculeuses dont les conseils s’accompagnent de prodiges confirmant son statut (Mt 12.42 ; Lc 11.31 ; 1 Co 1.24). Ainsi, il résoudra le problème de la médiocrité des dirigeants d’autrefois (És 3.3).

Dieu puissant. Ce titre indique que le roi sera identifié avec le souverain divin dont son autorité est dérivée. Ce roi ne sera pas comme le premier roi d’Israël, Saül, qui était « petit à ses propres yeux » (1 Sa 15.17), une insécurité qui l’a poussé à mener la nation vers ses propres fins et non vers les fins de l’Éternel. Le roi de la restauration sera identifié avec le roi divin souverain de qui lui, et toute autre puissance du monde, reçoit son autorité sur la terre (Mt 28.18).

Père éternel. Ce titre implique une autre caractéristique du trône : le roi comme père de la nation. Les chrétiens se rappelleront que la paternité de Dieu est le thème principal de la prière que Jésus enseigne à ses disciples (6.9). Dans cette prière, le croyant est encouragé à prier Dieu comme un Père dont le royaume viendra et dont la volonté royale doit être faite dans le royaume terrestre comme dans le royaume céleste. Dans Ésaïe 9, le langage du « père » n’est pas destiné à évoquer une intimité étroite autant que la révérence avec laquelle on considère le roi (Jn 10.30 ; 14.9-10).

Prince de la paix. Ce dernier titre fait référence à l’abondance et à la plénitude du royaume de la restauration à venir. Le titre de « prince » n’est pas nécessairement un titre de moindre autorité dans le gouvernement que celui de « roi », mais il inclut plutôt un groupe plus large de fonctionnaires au pouvoir. Non seulement le futur fils de David sera roi, mais il sera aussi un dirigeant qui inaugurera une période de shalom – paix – bien-être et intégrité communautaire pour le royaume. Justice sera faite. Les pauvres et les opprimés trouveront le repos. Et chacun vivra pleinement et entièrement selon les vocations que Dieu lui a données (Jn 17.20-23 ; Ga 3.27-29 ; Ph 1.6).

Pour le prophète Ésaïe, l’assurance de ce royaume de restauration et de son roi constituait une grande cause d’espoir et de célébration. Les temps étaient sombres, et ils allaient le devenir encore plus, mais le Seigneur dans son « zèle » (9.6) ne permettrait pas que les ténèbres durent éternellement. Nous avons beaucoup en commun avec le public d’Ésaïe. Plus Dieu semblait absent dans les sombres réalités de l’exil, plus l’affirmation qu’un roi de la restauration allait venir était audacieuse. Notre affirmation selon laquelle le roi revient est tout aussi audacieuse, mais nous connaissons le roi dont Ésaïe parlait. Nous l’avons connu, et il revient pour nous, et son retour sera glorieux.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.
Scott Redd
Scott Redd
Le Dr Scott Redd est président et professeur associé d'Ancien Testament à Reformed Theological Seminary à Washington, D.C. Il est l'auteur de The Wholeness Imperative.