Que voulons-nous dire lorsque nous parlons du "caractère sacré de la vie humaine" ? - Ministère Ligonier
La place de la prière
9 février, 2023
Jésus-Christ, l’Agneau de Dieu
16 février, 2023
La place de la prière
9 février, 2023
Jésus-Christ, l’Agneau de Dieu
16 février, 2023

Que voulons-nous dire lorsque nous parlons du “caractère sacré de la vie humaine” ?

En termes bibliques, le caractère sacré de la vie humaine est enraciné et fondé dans la création. L’humanité n’est pas considérée comme un accident cosmique mais bien comme le produit d’une création soigneusement exécutée par un Dieu éternel. La dignité humaine dérive de Dieu. L’homme en tant que créature finie, dépendante, et contingente, se voit attribuer une grande valeur par son créateur.

Le récit de la création dans la Genèse fournit le cadre de la dignité humaine :

Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.

(Genèse 1.26-27)

La création à l’image de Dieu distingue l’homme de toutes les autres créatures. L’empreinte de l’image et de la ressemblance de Dieu relie de façon singulière Dieu et l’humanité. Bien qu’il n’y ait aucune justification biblique pour considérer l’homme comme un dieu, il y a une grande dignité associée à cette relation unique avec le créateur.

L’homme n’est peut-être plus pur, mais il est toujours humain. Dans la mesure où nous sommes encore humains, nous conservons l’image de Dieu au sens large. Nous sommes toujours des créatures de valeur. Nous n’avons peut-être plus de mérites, mais nous avons toujours de la valeur. Tel est le message biblique retentissant de la rédemption. Les créatures que Dieu a créées sont ces mêmes créatures qu’il souhaite racheter.

De nombreuses déclarations de l’Ancien Testament parlent de la dignité de la vie humaine, parce qu’elle repose sur la création divine, notamment les suivantes :

L’esprit de Dieu m’a créé,

Et le souffle du Tout-Puissant m’anime.

(Job 33.4)

Sachez que l’Éternel est Dieu !

C’est lui qui nous a faits, et nous lui appartenons ;

Nous sommes son peuple, et le troupeau de son pâturage.

(Ps 100.3)

Malheur à qui conteste avec son créateur !

Vase parmi des vases de terre !

L’argile dit-elle à celui qui la façonne : Que fais-tu ?

Et ton œuvre : Il n’a point de mains ?

Malheur à qui dit à son père : Pourquoi m’as-tu engendré ?

Et à sa mère : Pourquoi m’as-tu enfanté ?

Ainsi parle l’Éternel, le Saint d’Israël, et son créateur :

Veut-on me questionner sur l’avenir,

Me donner des ordres sur mes enfants et sur l’œuvre de mes mains ?

C’est moi qui ai fait la terre,

Et qui sur elle ai créé l’homme ;

C’est moi, ce sont mes mains qui ont déployé les cieux,

Et c’est moi qui ai disposé toute leur armée.

(És 45.9-12)

Cependant, ô Éternel, tu es notre père ;

Nous sommes l’argile, et c’est toi qui nous as formés,

Nous sommes tous l’ouvrage de tes mains.

(És 64.8)

Il est intéressant de noter que Jésus-Christ a donné l’explication la plus importante du point de vue de l’Ancien Testament sur le caractère sacré de la vie :

Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; celui qui tuera mérite d’être puni par les juges. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère : Raca ! Mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! Mérite d’être puni par le feu de la géhenne.

(Mt 5.21-22)

Les paroles de Jésus ont une signification vitale afin de comprendre le caractère sacré de la vie. Ici, Jésus a élargi les implications de la loi de l’Ancien Testament. Il s’adressait à des chefs religieux qui avaient une compréhension étroite et simpliste des dix commandements. Les légalistes de son époque étaient persuadés que s’ils obéissaient aux aspects explicitement énoncés de la loi, ils pourraient s’applaudir eux-mêmes à cause de leur grande vertu. Ils ne parvenaient cependant pas à en saisir les implications plus larges. Selon Jésus, ce que la loi n’énonçait pas en détail était clairement impliqué par sa signification plus large.

Non seulement la loi interdit certains comportements, et attitudes, négatifs, mais elle exige implicitement certains comportements, et attitudes, positifs.

Nous voyons cette qualité de la loi dans l’élargissement de l’interdiction de l’adultère produit par Jésus :

Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur.

(Mt 5.27-28)

Ici, Jésus explique qu’une personne qui s’abstient de l’acte physique de l’adultère n’a pas nécessairement obéi à toute la loi. La loi sur l’adultère est complexe et comprend non seulement les rapports sexuels illicites proprement dits, mais aussi tout ce qui se situe entre la convoitise et l’adultère. Jésus a décrit la luxure comme étant un adultère de cœur.

Non seulement la loi interdit certains comportements, et attitudes, négatifs, mais elle exige implicitement certains comportements, et attitudes, positifs. Autrement dit, si l’adultère est interdit, la chasteté et la pureté sont exigées.

Lorsque nous appliquons ces modèles, établis par Jésus, à l’interdiction du meurtre, nous comprenons clairement que, d’une part, nous devons nous abstenir de toutes les choses contenues dans la définition large du meurtre, mais que, d’autre part, il nous est commandé positivement de travailler à sauver, améliorer, et prendre soin de la vie. Nous devons éviter le meurtre dans toutes ses ramifications et, en même temps, faire tout ce que nous pouvons pour promouvoir la vie.

Tout comme Jésus a considéré la luxure comme faisant partie de l’adultère, il a considéré la colère injustifiée et la calomnie comme faisant partie du meurtre. De même que la luxure est un adultère de cœur, de même la colère et la calomnie sont un meurtre de cœur.

En élargissant le champ d’application des dix commandements pour y inclure des éléments tels que la luxure et la calomnie, Jésus n’a pas voulu dire qu’il est tout aussi mauvais de convoiter une personne que d’avoir des rapports physiques illicites. De même, Jésus n’a pas dit que la calomnie est aussi mauvaise que le meurtre. Ce qu’il a dit, c’est que la loi contre le meurtre inclut une loi contre tout ce qui implique de blesser injustement un autre être humain.

Comment tout cela s’applique-t-il à la question de l’avortement ? Dans l’enseignement de Jésus, nous voyons un autre renforcement puissant du caractère sacré de la vie. Le meurtre de cœur, comme la calomnie, peut être décrit comme un meurtre “potentiel”. Il s’agit d’un meurtre potentiel car, à titre d’exemple, la colère et la calomnie ont le potentiel de mener à l’acte complet du meurtre physique. Bien sûr, elles ne mènent pas toujours à ce résultat. La colère et la calomnie sont interdites, non pas tant en raison de ce à quoi elles peuvent mener, mais en raison du préjudice actuel qu’elles causent à la qualité de la vie.

Lorsque nous lions la discussion sur le caractère sacré de la vie à l’avortement, nous établissons un lien subtil mais pertinent. Même s’il est impossible de prouver qu’un fœtus est une personne humaine vivante actuelle, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une personne humaine vivante potentielle. En d’autres termes, un fœtus est une personne en développement. Il n’est pas dans un état figé de potentialité. Le fœtus est dans un processus dynamique – sans interférence ou calamité imprévue, il deviendra assurément une personne humaine vivante pleinement accomplie.

Jésus-Christ considère que la loi contre le meurtre inclut non seulement l’acte de meurtre actuel, mais aussi les actions de meurtre potentiel. Jésus a enseigné qu’il est illégal de commettre le meurtre potentiel d’une vie actuelle. Quelles sont donc les implications de commettre la destruction actuelle d’une vie potentielle ?

La destruction actuelle d’une vie potentielle n’est pas la même chose que la destruction potentielle d’une vie actuelle. Ce ne sont pas des cas identiques, mais ils sont suffisamment proches pour que nous nous arrêtions afin de considérer attentivement les conséquences possibles avant de détruire une vie potentielle. Si cet aspect de la loi n’englobe pas complètement et ultimement l’avortement dans l’interdiction large et complexe du meurtre, un deuxième aspect le fait clairement.

Les interdictions négatives de la loi impliquent des attitudes et des actions positives. Par exemple, la loi biblique contre l’adultère exige également la chasteté et la pureté. De même, lorsqu’une loi est énoncée sous une forme positive, son opposé négatif est implicitement interdit. Par exemple, si Dieu nous ordonne d’être de bons intendants de notre argent, il est clair que nous ne devons pas être des dépensiers sauvages. Un commandement positif au travail diligent comporte une interdiction négative implicite d’être paresseux au travail.

Une interdiction négative du meurtre actuel et potentiel implique implicitement un mandat positif à travailler pour la protection et le maintien de la vie. S’opposer au meurtre, c’est promouvoir la vie. Peu importe ce que fait l’avortement, il ne promeut pas la vie de l’enfant à naître. Bien que certaines personnes soutiennent que l’avortement favorise la qualité de vie de ceux qui ne désirent pas de progéniture, il ne favorise pas la vie du sujet en question, l’enfant à naître qui est en développement.

La Bible est constamment ferme dans son soutien à la valeur excessivement grande de toute vie humaine. Les pauvres, les opprimés, les veuves, les orphelins, et les handicapés – tous sont hautement valorisés dans la Bible. Ainsi, toute discussion sur la question de l’avortement doit en fin de compte se débattre avec ce thème clé de l’Écriture. Lorsque la destruction ou l’élimination d’une vie humaine, même potentielle, se fait facilement et à bon marché, une obscurité vient assombrir tout le paysage du caractère sacré de la vie et de la dignité humaine.

Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.

R.C. Sproul
R.C. Sproul
Le Dr R.C. Sproul est le fondateur de Ligonier Ministries. Il a été pasteur principal de la prédication et de l'enseignement à la Saint Andrew's Chapel à Sanford, en Floride, et premier président du Reformation Bible College. Il a aussi écrit plus d'une centaine de livres, dont La sainteté de Dieu.