La vie à la lumière de la Croix
9 avril, 2021Soyez nos mentors
15 avril, 2021Soyez patient avec nous pendant que nous apprenons
Note de l’éditeur : Ceci est le premier chapitre de la série De génération à génération
Chrétien plus âgé, je sais maintenant que vous avez dû remarquer l’expression de mon visage. Lorsque j’étais un jeune chrétien, je portais ce regard plus souvent que maintenant, un changement que je ne peux qu’attribuer à la grâce correctrice de Dieu. Il y a encore des jours où je retrouve ce regard sur mon visage. Mais maintenant, dans ma quarantième année, je suis entré dans une étrange étape de la vie, un âge où certains me considèrent comme vieux et d’autres comme jeune. Je vois aussi maintenant ce même regard sur le visage de chrétiens plus jeunes que moi. Ce regard, sur lequel je suis gêné de mettre des mots maintenant, est un regard de ressentiment et de rejet. Je vous en voulais parce que vous étiez plus âgés et que vous connaissiez certains des conforts qu’apportent la vieillesse et la piété, mais vos façons de faire et vos pensées semblaient tellement dépassées et absurdes par rapport à ce dont je pensais que notre Église avait besoin, ce dont j’avais besoin. Je vous ai rejeté principalement à cause du fossé qui nous séparait, du fossé générationnel qui nous séparait. Je vous ai rejeté parce que j’étais à la fois frustré que vous ne franchissiez pas ce fossé et profondément effrayé que vous le franchissiez et commenciez à introduire la vérité dans ma vie, une vérité que j’avais besoin d’entendre mais que je ne voulais pas entendre. Vous rejeter était juste plus confortable.
J’étais si enfantin, si impétueux, si stupide. J’ai péché contre vous en ne vous rendant pas l’honneur qui vous était dû (Ex 20.12 ; Pro 20.29). J’ai péché contre Dieu en méprisant son don de saints plus âgés à l’Église. En fin de compte, je me suis volé moi-même pour payer mon orgueil.
Comment ces péchés ont-ils pu prospérer pendant si longtemps ? J’ai développé cette pratique malfaisante, ce cancer de la jeunesse : J’étais lent à écouter et prompt à parler (Jacques 1.19). Ma lenteur à écouter provenait d’un double aveuglement. Je ne voyais pas à quel point j’en savais peu. Tout comme un jeune chanteur n’a pas le droit de chanter le blues avant d’avoir un peu vécu, un jeune chrétien n’a pas le droit de faire des affirmations confiantes sur la vie avant d’avoir beaucoup écouté, écouté les saints chevronnés qui l’ont précédé. Mais j’étais aussi aveugle à vous et à votre sagesse. Je n’ai pas cherché à vous écouter parce que je ne pensais pas que ce que vous aviez à dire valait la peine d’être entendu. Vieux chrétien, vous avez été formé dans le mortier et le pilon de la grâce de Dieu et des épreuves de la vie. Vous n’avez pas seulement une connaissance biblique, vous avez une sagesse biblique. Vous êtes assis avec les pères de la foi, avec les mères de Sion. Et j’étais aveugle à cela.
Mais j’étais aussi prompt à parler. Tout comme ma lenteur à écouter venait d’un double aveuglement, ma rapidité de parole venait d’un double orgueil. Premièrement, je pensais avec orgueil que j’avais quelque chose à dire, ou plutôt, je voulais être vu comme quelqu’un qui avait quelque chose à dire. Mais deuxièmement, et je suis gêné de le dire, j’ai parlé rapidement parce que je pensais avoir quelque chose à vous apprendre, comme un bambin qui essaie de faire la loi à la table du dîner familial. J’ai parlé rapidement parce que je nous ai mal jugés tous les deux, ayant une trop haute opinion de moi et une trop basse opinion de vous.
Mais j’en viens maintenant à la partie la plus difficile : ce que je vous demande.
Comme les jeunes et les vieux se tiennent de part et d’autre de ce fossé qu’est l’âge, l’un de nous doit faire le premier pas. J’aimerais pouvoir faire peser ce fardeau sur nous deux. Mais l’orgueil, la fragilité et l’instabilité de la jeunesse nous placent dans une situation désavantageuse. Vieux saint, nous avons besoin que vous fassiez le premier pas et que vous nous poursuiviez. Nous avons besoin que vous recherchiez, que vous soyez un mentor, un disciple et que vous aimiez les jeunes chrétiens de notre Église. Je vous demande d’être patient avec les jeunes chrétiens, avec une patience telle que celle dont notre Seigneur Jésus a donné l’exemple. Lorsque nous agissons par orgueil, veuillez nous supporter patiemment. Lorsque nous sommes lents à écouter, veuillez nous tolérer patiemment. Lorsque nous sommes prompts à parler, veuillez nous écouter patiemment avec un sourire entendu qui, un jour, nous apprendra que c’était de la pitié mêlée de grâce. Lorsque nous vous lançons un regard de ressentiment et de rejet, recevez patiemment cette insulte et soyez prêts à nous pardonner. Corrigez-nous patiemment, priez pour nous et restez à nos côtés. Si vous ne bougez pas le premier, si vous ne restez pas près de nous avec une patience digne de Christ, alors ce fossé restera entre nous, au détriment de nous deux.
S’il vous plaît, vieux chrétien, soyez patient avec nous pendant que nous apprenons.