La vie à la lumière de la Croix - Ministère Ligonier
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La vie à la lumière de la Croix

Note de l’éditeur : Ceci est le cinqième chapitre de la série La croix de Christ

Comme beaucoup de croyants réformés, je loue Dieu pour son extraordinaire grâce, non seulement pour mon salut, mais aussi pour m’avoir amené plus tard à connaître les doctrines de la grâce. Je me souviens très bien du moment où j’ai enfin compris comment l’Écriture enseignait la souveraineté de Dieu en toutes choses : que j’étais né de nouveau des années auparavant, non pas par ma propre décision (Jean 1.13), mais par un Dieu qui m’aime (Éphésiens 2.4) et qui m’a justifié par la grâce seule, par la foi seule, en Christ seul (2.8) ; qu’il accomplit tout selon le conseil de sa volonté (1.11) ; et que ma vie et mon avenir sont en sécurité entre ses mains (Jean 10.28). J’ai même appris à chanter avec joie : « Amour extraordinaire ! Comment se peut-il que toi, mon Dieu, tu sois mort pour moi ? » Et pourtant, pendant de nombreuses années, j’ai laissé ma nouvelle foi réformée, et même la croix de Christ, alimenter un orgueil spirituel empreint de pédantisme et de péché. Au lieu de m’humilier et de grandir dans l’amour des autres dans le corps de Christ, je me suis glorifié de ma supériorité théologique. Il a fallu de nombreuses années de l’œuvre sanctifiante de l’Esprit pour me montrer mes faiblesses et mes défauts persistants et pour que l’amour incroyable de mon Sauveur crucifié déborde de ma vie sur les personnes brisées, faibles et blessées qui m’entouraient.

L’Écriture confirme clairement ce que nous savons être vrai par révélation générale : la vie de ce côté-ci de la gloire est marquée par la faiblesse. Les ronces, les chardons et la sueur de la malédiction (Ge 3) touchent tout le monde. Même après avoir été justifiés par la grâce de Dieu seule, par la foi seule (Ro 3.24-25), et même après avoir été sauvés par la puissance de la parole de la croix (1 Co 1.18), nous gémissons intérieurement dans ce corps de faiblesse en attendant la rédemption de nos corps (Ro 8.23). Pendant que nous attendons, cependant, nous devons être équipés pour servir et exercer un ministère au milieu d’un monde déchu, en tant que partie du corps unifié du Seigneur Jésus Christ (Éph 4.12), qui a reçu la promesse d’être « la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison le captif, et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres » (És 42.6-7).

Malheureusement, ce sont souvent nos propres yeux qui ont besoin d’être ouverts sur ce qui nous entoure et sur le travail que Dieu nous appelle à accomplir. Plutôt que de nous glorifier d’une connaissance théologique supérieure, nous sommes « invités » par l’Esprit de Dieu à la démarche suivante : « réconfortez ceux qui sont abattus, soutenez les faibles, faites preuve de patience envers tous » (1 Th 5.14). En fait, ne sommes-nous pas, nous qui vivons à la lumière de la croix, le moyen par lequel Il atteint les faibles ? Nos ordres de marche sont clairs : « Car il délivrera le pauvre qui crie et le malheureux que personne n’aide. Il aura pitié du faible et du pauvre, et il sauvera la vie des pauvres » (Ps 72.12-13) et « J’ai été [comme] faible avec les faibles afin de gagner les faibles » (1 Co 9.22).

Un tournant dans ma propre vie s’est produit lorsque j’ai commencé à travailler parmi « les faibles et les nécessiteux » dans la prison de notre comté en tant qu’aumônier à temps partiel.  Alors que pendant des années, j’étais un peu comme les chrétiens d’Éphèse décrits dans Apocalypse 2 qui pouvaient rapidement identifier l’hérésie théologique, mais manquaient d’amour, le fait de servir dans la prison du comté m’a ouvert les yeux pour voir les façons pratiques dont l’œuvre achevée de Christ et son Esprit puissant sont à l’œuvre chez les plus brisés, les plus faibles, les plus égarés et les plus blessés.

Je me souviens d’un jour en particulier où j’ai rencontré un jeune homme d’Amérique centrale qui venait d’être arrêté pour une accusation très grave, une accusation qui pourrait repousser les gens « respectables » et une accusation suffisamment grave pour le mettre sous surveillance en cas de suicide. Je lui ai apporté une Bible en espagnol, j’ai lu la parabole du pharisien et du collecteur d’impôts (Luc 18.9-14) et je l’ai encouragé à la lire à haute voix.

La Bible posée sur les barreaux de la porte de sa cellule, j’ai vu les larmes couler sur son visage et tremper les pages de l’Évangile de Luc. Tout comme le collecteur d’impôts, il s’est alors écrié, le cœur brisé : « Dieu, aie pitié de moi, un pécheur ! » C’était un moment saint, une œuvre puissante de l’Esprit de Dieu : un jeune homme est retourné dans son lit cette nuit-là justifié, et je suis rentré chez moi radicalement affecté. J’ai réalisé à nouveau qu’avant la croix de Christ, cet homme et moi faisions partie du même corps spirituel : des pécheurs faibles et blessés, sans espoir et ayant besoin de la grâce. Mais maintenant, en Christ Jésus, nous deux « qui autrefois étions loin, nous sommes devenus proches par le sang de Christ » (Éph 2.13).

La semaine dernière, un autre nouveau croyant de la prison m’a fait savoir qu’il devait me “confesser quelque chose”. J’ai d’abord pensé qu’il avait quelques restes de catholicisme romain, mais lorsque nous nous sommes finalement rencontrés, il a humblement admis qu’il n’avait pas été honnête avec moi sur un sujet particulier, qu’il ne pouvait pas dormir avant de m’avoir demandé pardon, et qu’il se demandait s’il était même chrétien. Quelle joie remplissait mon cœur de voir l’œuvre achevée de Christ et la puissance de l’Esprit évidente chez ce nouveau chrétien. J’ai ouvert la Bible pour lui assurer, à partir de Romains, que son combat était le fruit de sa justification. Il vivait maintenant une nouvelle vie, et cette bataille dans son cœur faisait partie de la vie chrétienne normale (Ro 6-7). Je lui ai montré que c’était l’action du Saint-Esprit (chap. 8) qui le poussait à confesser son péché. Je lui ai assuré que je lui pardonnais, et qu’il devait être encouragé dans l’assurance de son salut à cause du sang versé du Christ (3.24-25), de la promesse de l’Évangile (10.13), et de l’œuvre puissante et convaincante très présente du Saint-Esprit.

À la lumière de la croix et de l’amour de Christ pour moi, je suis souvent convaincu par l’avertissement adressé aux bergers d’Israël :

Vous n’avez pas assisté les bêtes affaiblies, vous n’avez pas soigné celle qui était malade ni pansé celle qui était blessée, vous n’avez pas ramené celle qui s’était égarée ni cherché celle qui était perdue, mais vous les avez dominées avec violence et cruauté. (Éz 34.4)

La compassion pour les faibles, les égarés et les nécessiteux est-elle une caractéristique commune de nos Églises réformées ? Je prie pour que ce soit le cas dans la nôtre, et c’est pourquoi je prie régulièrement pour moi-même : « Seigneur, ouvre mes yeux et adoucis mon cœur pour chaque âme que tu fais croiser mon chemin – peu importe qui elle est, ce qu’elle a fait ou à quel point elle est faible. » Cela fait partie de ce que cela signifie de vivre à la lumière de la croix.

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.
Eric Hausler
Eric Hausler
Le pasteur Eric Hausler est le pasteur de la Christ the King Presbyterian Church à Naples, en Floride.