Mortification avec préméditation (partie 2) - Ministère Ligonier
Mortification avec préméditation (partie 1)
21 janvier, 2020
La pratique de la mortification (partie 1)
28 janvier, 2020
Mortification avec préméditation (partie 1)
21 janvier, 2020
La pratique de la mortification (partie 1)
28 janvier, 2020

Mortification avec préméditation (partie 2)

Note de l’éditeur : Ceci est la deuxième partie du quatrième chapitre de la série « La mortification du péché », publiée par le Tabletalk Magazine. 
Vous trouverez la première partie de l’article ici.

La mortification est exaspérante. Nous l’apprenons en premier lieu, et elle nous déconcerte tellement qu’elle peut remettre en question le fondement de notre espérance. Mais écoutez Paul, dont l’esprit est semblable au nôtre : « Je ne comprends pas mes propres actions. Car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais » (Rm 7.15). Est-ce que Paul décrit ici sa vie en Christ ou hors de Christ ? Je suis convaincu qu’il déplore une épine qui a percé son cœur de chrétien, non pas parce que cela décrit parfaitement la confusion de mon âme, ou parce que chaque croyant que j’ai connu a la même plainte, mais parce qu’une telle frustration n’a de sens que pour quelqu’un qui est né de Dieu. Paul a dit aux Galates que ce qui les empêchait de faire les choses qu’ils voulaient faire était une guerre entre leur chair et l’Esprit en eux (5.17). En fait, seuls les esclaves du péché sont libres de cette lutte (Rm 6.20).

Nous nous attendons à ce que, parce que nous avons l’Esprit vivant en nous, le péché ne prenne pas si souvent le dessus. Confus et frustrés, nous remettons en question l’œuvre de Dieu en nous. Nos attentes doivent être remises à zéro par celles de Paul : oui, la chair n’a pas le pouvoir sur nous (Rm 6.14), et on en sera délivré (Rm 7.24), mais pas avant que nous soyons glorifiés avec Christ ; nous devons donc lutter jusqu’à la fin de nos jours pour nous purifier (1 Jean 3.2-3). Ironiquement, la lutte elle-même nous assure que nous sommes nés de Dieu.

La mortification est préméditée. J’ai commencé à la qualifier de contemplative, ce qui implique une pensée profonde et semble spirituel. Mais je voulais suggérer l’idée de meurtre, comme dans « meurtre avec préméditation ». Quelqu’un qui s’acharne à tuer sa chair doit être aussi consciencieux qu’un assassin, et étudier les habitudes de la cible pour préparer sa destruction. Parce que nos cœurs sont trompeurs (Jr 17.9), notre seul espoir est de préparer nos esprits pour l’action (1 Pierre 1.13) et d’être aussi vigilants contre les ruses de la chair que nous le sommes contre Satan (1 Pierre 5.8).

Tout comme nous étudions les Écritures pour connaître Dieu, nous devrions méditer sur nous-mêmes pour connaître notre péché. Nous avons tous des fissures différentes dans notre armure. Par exemple, je n’ai jamais été tenté de me saouler, mon plaisir dans le vin ne s’étend qu’à la communion et à un verre occasionnel de porto « Tawny » avec un ami. Mais j’ai appris au fil des ans que lorsque je suis épuisé ou stressé, je suis une mine de terre, la moindre provocation peut me mettre en colère, et je gronde contre ma femme et mes enfants. Sachant cela, je peux maintenant frapper la chair là où ça fait mal. Quand je m’en prends à ma bien-aimée sans raison valable, je m’examine : suis-je fatigué ? Suis-je stressé ? Et quand je suis attentif à l’Esprit, j’avoue que je suis nerveux et que j’ai besoin de repos avant de parler. De telles leçons ne s’apprennent pas sans cicatrices.

La mortification est radicale. Mon équipe au travail teste les logiciels de l’usine avant qu’ils ne soient mis en production. Les pannes d’usine coûtent cher, alors quand quelque chose nous échappe, nous enquêtons pour mettre en place des actions préventives – nous ne pouvons pas nous permettre de refaire la même erreur. Et nous savons que nous devons trouver la cause à la racine du problème. Si nous ne creusons pas profondément assez, nous finissons par jouer à ce vieux jeu d’arcade où l’on tape sur la tête d’une taupe avec un marteau, et où, tout en martelant l’une d’entre elles, trois autres apparaissent.

Une telle mortification peut découler de l’ignorance – ne pas savoir comment examiner des symptômes passés pour trouver des sources plus profondes de péché – ou de la paresse spirituelle. Quand Paul dit que « L’amour de l’argent est en effet à la racine de tous les maux » (1 Tm 6.10), il implique qu’il y a d’autres racines du mal, et qu’une racine peut produire différents maux. Par exemple, le manque de maîtrise de soi d’un garçon devant la boîte à biscuits peut se transformer en un manque de maîtrise de soi d’un homme devant son écran d’ordinateur. Si on n’identifie pas ces racines, on ne peut pas les déterrer ; et si on ne fait pas sortir le péché par la racine, eh bien, j’espère que vous avez lu Le Petit Prince, et que vous connaissez les baobabs : « Un baobab, si l’on s’y prend trop tard, on ne peut jamais plus s’en débarrasser. »

La mortification est collaborative. La prière et la méditation privées sont essentielles, mais si elles étaient nos seules armes contre la chair, nous serions dépassés. « Frères et sœurs, si un homme vient à être surpris en faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le dans un esprit de douceur » (Ga 6.1). Paul ne veut pas dire « si un homme est pris en flagrant délit », il veut dire « si un homme est pris au piège, embourbé dans les sables mouvants du péché ». Tôt ou tard, nous nous emmêlons tous dans l’une ou l’autre chose ; parfois, nous ne pouvons pas nous démêler à moins de confesser humblement notre péché à un frère.

Dietrich Bonhoeffer connaissait le pouvoir de la confession mutuelle et l’a exploré dans « De la vie communautaire », en s’appuyant sur Jacques 5.16. Il comprenait comment un homme seul avec son péché pouvait se repentir en privé et confesser ses péchés à Dieu encore et encore, année après année, et ne jamais affaiblir l’emprise de celui-ci. Mais s’il osait traîner son péché à la lumière devant un frère de confiance en Christ, il se ratatinerait et mourrait. Entendre la confession de l’autre est une façon de porter les plus lourds fardeaux les uns des autres (Ga 6.2).

A la fin, Dieu nous délivrera de ce « corps de mort » exaspérant (Rm 7.24-25). En attendant, par l’Esprit, menons cette guerre, cette mortification – sainte préméditée, radicale et collaborative –avec préméditation.  

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.
Kris Lundgaard
Kris Lundgaard
Le pasteur Kris Lundgaard est missionnaire à « Mission to the World », une organisation de « Presbyterian Church in America ». Il sert actuellement en Slovaquie. Il est l'auteur de « The Enemy Within ».