La réussite vocationnelle
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1 juillet, 2021Fidélité et fécondité
Note de l’éditeur : Ceci est le quatrième chapitre de la série Le succès
Richard Greenham, l’un des théologiens puritains les plus réputés du XVIe siècle, était très apprécié à son époque pour l’aide spirituelle qu’il apportait à de nombreux croyants en Angleterre, ainsi qu’à ses confrères pasteurs puritains. Un grand nombre de pasteurs puritains envoyaient leurs fidèles à Greenham pour ce qu’ils considéraient comme étant les « cas de conscience » les plus difficiles. Néanmoins, Greenham regrettait de ne pas avoir vu beaucoup de fruits dans sa propre congrégation à Dry Drayton – la très petite ville rurale dans laquelle il exerçait son ministère – au cours de son ministère de près de vingt et un ans. Réfléchissant à l’état spirituel de sa congrégation, Greenham a parlé de « maladie des prédications » et de « manque de fruits ». Un écrivain a un jour décrit le ministère de Greenham à Dry Drayton dans les termes suivants : « Il avait des pâturages verts, mais des moutons bien maigres. » Après sa mort, la petite congrégation de Dry Drayton a grandi spirituellement et prospéré numériquement sous le successeur de Greenham. Quelqu’un a demandé un jour au pasteur qui lui a succédé ce qu’il avait fait pour connaître une telle croissance. Sans hésiter, il a répondu que c’était le fruit du travail fidèle de Greenham. Si Richard Greenham n’a jamais vécu pour voir ce fruit parmi les personnes qu’il a dirigées, sa fidélité à Dry Drayton a contribué à préparer les champs de la congrégation à porter du fruit dans les années à venir.
Comprendre la relation entre la fidélité et la fécondité n’est pas sans importance pour ceux qui consacrent leur vie au ministère de l’Évangile. Il en va de même pour tous les croyants. S’il y a une question à laquelle l’esprit des pasteurs et des fidèles est fréquemment confronté, c’est bien celle-ci : comment puis-je savoir que mes efforts pour l’amour de Christ ont été fructueux ?
Il nous faut d’abord établir l’enseignement biblique sur la fécondité. Lorsque les pharisiens sont venus vers Jean pour qu’il les baptise, il leur a dit : « Produisez donc des fruits dignes de la repentance. » (Lu 3.8) De même, Jésus a dit : « Tout bon arbre porte de bons fruits. » (Mt 7.17) En outre, Jésus a promis que lorsque la semence de la Parole de Dieu tombe sur un cœur régénéré, elle « porte du fruit » (13.23). L’apôtre Paul a révélé qu’il se souciait profondément de la fécondité dans son ministère lorsqu’il a dit à l’Église de Philippes : « Mais s’il est utile pour mon œuvre que je vive dans la chair, je ne saurais dire ce que je dois préférer. » (Ph 1.22) L’apôtre se souciait aussi beaucoup de la fécondité dans la vie et le travail des croyants. Lorsqu’il a écrit à l’Église de Colosses, il a rappelé aux croyants la manière dont l’Évangile « porte des fruits et progresse. C’est d’ailleurs aussi le cas parmi vous depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu dans la vérité » (Col 1.6). Naturellement, notre esprit revient sans cesse au célèbre passage de l’Apôtre sur le fruit de l’Esprit (Ga 5.22-23). Lorsque nous considérons l’enseignement de Jésus et des Apôtres, nous découvrons que la fécondité est l’œuvre de Dieu, fondée sur l’œuvre salvatrice de Christ et suscitée souverainement par son Esprit tant dans la vie (caractère pieux) que dans le travail (œuvre du royaume) de son peuple.
Mais qu’est-ce qui détermine la nature de la fécondité ? La fécondité est-elle à la mesure de nos efforts ? Ou bien, devons-nous simplement chercher à être fidèles et laisser les choses se faire d’elles-mêmes ? Heureusement, les Écritures nous offrent un certain nombre de moyens de répondre à ces questions concernant la relation entre la fidélité et la fécondité.
La fécondité est en fin de compte l’œuvre de Dieu, accomplie lorsque nous nous engageons envers Lui en cherchant à être fidèles dans tous les aspects de notre vie et dans tout ce à quoi Il nous appelle. Nous devons résister à la tentation de considérer la fécondité de la même manière qu’un agent de change considère son portefeuille. C’est un faux pas spirituel d’une proportion énorme que de regarder nos vies et nos œuvres en disant : « Si je fais simplement ceci aujourd’hui et cela demain, le résultat sera x, y ou z. » L’apôtre Paul, tout en défendant son propre ministère contre des pasteurs qui se vantaient de leurs propres réalisations, a écrit : « J’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui a fait grandir. » (1 Co 3.6-7) Le psalmiste, en termes très clairs, a enseigné le même principe lorsqu’il a écrit : « Si l’Éternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. » (Ps 127.1) Plus nous parviendrons à comprendre et à embrasser ce principe, plus nous serons prêts à nous engager envers Lui de manière à être disposés à être utilisés de la manière dont Il le souhaite.
Si nous reconnaissons que la fécondité est l’œuvre de Dieu, nous devons comprendre que la diligence est une composante essentielle de nos vies et de nos œuvres fidèles. Une forme subtile d’hypercalvinisme peut s’insinuer dans notre pensée une fois que nous reconnaissons que la fécondité est l’œuvre de Dieu. Nous pouvons commencer à nous dire, ou à nous surprendre à dire aux autres, des choses telles que : « Ce que nous faisons n’a pas vraiment d’importance, car, en fin de compte, c’est l’œuvre de Dieu. » Il est intéressant de noter que, dans la même lettre où il admet que « c’est Dieu qui a fait grandir », Paul déclare : « J’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. » (1 Co 15.10). Dans Proverbes, Salomon a observé avec sagesse : « La main des personnes actives dominera. » (Pr 12.24) Un écrivain résume utilement notre responsabilité d’être diligent dans nos œuvres spirituelles lorsqu’il dit : « On peut exercer un ministère avec l’aide de Dieu, alors donnez tout ce que vous avez. Vous ne pouvez pas exercer votre ministère sans l’aide de Dieu, alors soyez en paix. » Ceci est vrai dans chaque sphère dans laquelle le croyant cherche à être fidèle à Dieu. La diligence dans l’accomplissement fidèle des choses auxquelles Dieu nous a appelés conduira finalement à la fécondité.
L’habileté est un autre aspect essentiel de la fidélité qui conduit à la fécondité. Il y a beaucoup de choses que je ne ferai jamais parce que Dieu ne m’a pas donné les dons et l’appel pour les faire. Je ne pratiquerai jamais un sport professionnel ou ne serai jamais pianiste de concert. Je ne serai jamais physicien nucléaire ou cardiologue. Je suis parfaitement satisfait du fait que je n’ai pas été doué pour cela. De la même manière, Dieu n’appelle pas chaque croyant à un ministère à plein temps pour l’Évangile. Considérez la charge de l’Apôtre aux croyants de Rome :
Nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée. Si quelqu’un a le don de prophétie, qu’il l’exerce en accord avec la foi ; si un autre est appelé à servir, qu’il se consacre à son service. Que celui qui enseigne se donne à son enseignement, et celui qui a le don d’encourager à l’encouragement. Que celui qui donne le fasse avec générosité, celui qui préside, avec zèle, et que celui qui exerce la bienveillance le fasse avec joie. (Ro 12.6-8)
Nous devons également prendre conscience que la fécondité ne dépend pas des circonstances ou du statut. Nous pouvons nous convaincre, à tort, que plus la plate-forme est grande, plus nous porterons de fruits. Nous pouvons tomber dans le piège qui consiste à penser au fruit spirituel en fonction du monde – en agissant comme si les personnes naturellement douées, riches ou influentes étaient celles qui avaient le plus de chances de porter du fruit. L’apôtre Paul, cependant, a fait ce rappel bien nécessaire à l’Église de Corinthe :
Considérez, frères et sœurs, votre propre appel : il n’y a parmi vous ni beaucoup de sages selon les critères humains, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte les sages, et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les fortes. Dieu a choisi les choses basses et méprisées du monde, celles qui ne sont rien, pour réduire à néant celles qui sont, afin que personne ne puisse faire le fier devant Dieu. (1 Co 1.26-29)
Considérez le fruit que l’apôtre a vu dans son propre ministère alors qu’il était emprisonné. Le Seigneur s’est servi de Paul non pas pour la conversion de César, mais pour la conversion de certains des gardiens de prison de César. De plus, Paul a dit à Philémon que c’était le serviteur fugitif Onésime qui « autrefois t’a été inutile, mais qui maintenant est utile, et à toi et à moi » (Phm 1.11 ; Col 4.9). Il s’agit là d’un excellent exemple du genre d’individus improbables et inattendus à qui Dieu donne une grande fécondité.
En outre, nous devons également nous rappeler que la fécondité vient à des moments et des saisons différents. Nous ne pouvons pas savoir quand le fruit spirituel apparaîtra. On dit que les saints du grand Panthéon de la foi ont eu des résultats différents dans leurs vies fidèles et leurs œuvres dans cette vie (Hé 11). Certains ont triomphé – en assujettissant des royaumes, en pratiquant la justice, en obtenant des promesses, en fermant la gueule de lions, en éteignant la force du feu, en échappant au tranchant de l’épée, etc. D’autres ont souffert : ils ont été torturés, ils n’ont pas accepté d’être délivrés, ils ont subi les moqueries et les flagellations, ils ont été enchaînés et emprisonnés, ils ont été lapidés, ils ont été sciés en deux, ils ont erré dans les déserts, les montagnes, les cavernes et les grottes. Cependant, à la fin, tous ont reçu le fruit ultime de leurs efforts dans la gloire. Le Christ ascendant donne à chacun la couronne du vainqueur. À la résurrection, ils connaîtront le plein fruit de leur vie et de leur travail, avec tous les saints.
En définitive, la mort et la résurrection de Jésus sont le fondement de notre fidélité et de notre fécondité. Notre « travail », explique Paul, « ne sera pas vain dans le Seigneur », parce que Christ est ressuscité des morts (voir 1 Co 15.58 à la lumière du contexte plus large du chapitre). La mort et la résurrection de Jésus ont assuré un fruit spirituel dans la vie de son peuple. En fin de compte, toute notre fécondité provient de notre union avec Jésus Christ, la vigne qui donne la vie et qui porte du fruit (Jn 15.1-11, 16). Christ s’engage à nous rendre fructueux dans nos vies et nos travaux afin que Dieu reçoive la gloire de l’œuvre qu’il a accomplie dans son peuple. En cherchant à être fermes et inébranlables dans tout ce à quoi le Seigneur nous appelle dans sa Parole, nous pouvons être assurés que « notre travail ne sera pas vain dans le Seigneur ».