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La descendance d’Abraham

Note de l’éditeur : Ceci est le troisième chapitre de la série Le Messie promis.

Les détails et les implications de l’alliance de Dieu avec Abraham sont considérables. Trois promesses distinctes mais liées sont au cœur de ce volet de l’alliance de la grâce : une descendance, une terre et une bénédiction universelle. Chacune d’entre elles trouve sa signification ultime dans le Seigneur Jésus Christ. Il n’est pas surprenant que Jésus ait déclaré qu’Abraham se réjouissait de voir son jour (Jean 8.56).

La promesse d’une descendance ou d’une semence est le cœur de la promesse de Dieu à Abraham, tout comme elle l’était dans la promesse qui a été faite à Adam et Ève et qui sera faite des années plus tard à David. La promesse d’une descendance ou d’une semence juste est le fil conducteur de toute promesse alliancielle. Il est vrai qu’identifier la descendance peut être compliqué, car elle se réfère parfois à plusieurs personnes et parfois à une seule personne. Tout d’abord, la descendance d’Abraham était physique. Dieu a promis qu’Abraham serait le père de nombreuses nations (Gn 17.5). Des nations sont nées de sa descendance avec Agar et Ketura, mais la descendance de la promesse était Isaac, le fils de Sarah. D’Isaac est venu Jacob, puis la nation d’Israël. Le développement de cette descendance physique était essentiel à la venue de Christ, car Il était dans la lignée d’Abraham. C’est d’Israël que Christ est venu « selon la chair » (Rm 9.4-5). Il fallait qu’il y ait une descendance physique pour qu’il y ait le Christ de Dieu. Israël, la descendance physique particulière d’Abraham, était le moyen d’atteindre la fin messianique de la promesse de Dieu.

Deuxièmement, la descendance était et est toujours spirituelle. Le fait que Dieu promette une descendance plus nombreuse que les étoiles du ciel ou le sable de la mer s’étend au-delà des descendants physiques d’Abraham. Jésus a clairement indiqué la possibilité d’être un descendant physique d’Abraham sans pour autant être un descendant spirituel (Jn 8.39). De même, Paul a dit que tout Israël n’est pas Israël (Rm 9.6-8). Les vrais enfants d’Abraham sont ceux qui ont la foi (Ga 3.7). La nationalité n’a pas d’importance : appartenir à Christ, c’est être la véritable descendance d’Abraham et les héritiers de la promesse (3.29).

Troisièmement, et c’est le plus important, la descendance ultime ou idéale est Christ lui-même. Bien que le mot traduit « descendance » ou « semence » puisse se référer à plusieurs personnes ainsi qu’à un individu, la forme est grammaticalement singulière. Paul se concentre sur cette grammaire lorsqu’il donne son interprétation inspirée et messianique de la promesse d’Abraham : « Il n’est pas dit : “et aux descendances”, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais c’est d’une seule qu’il s’agit : à ta descendance, c’est-à-dire à Christ. » (v. 16) Pour une bonne raison, le Nouveau Testament commence par identifier Jésus à la fois comme le fils de David et le fils d’Abraham (Mt 1.1).

La promesse de la terre était également un élément clef de l’alliance abrahamique. Elle est également à la fois physique et spirituelle. La terre faisait référence à un territoire réel, géographique. Pourtant, la terre transmettait un message spirituel au-delà de la géographie et des frontières. C’était un symbole ou un objet leçon de la jouissance du repos en présence de Dieu et en communion avec lui. C’est ce sens symbolique qui désigne Jésus comme celui qui donne le repos spirituel qui nous réconcilie avec Dieu (11.28 ; Col 1.22). Tout comme il y avait un « Jésus » de l’Ancien Testament (Josué) chargé de gagner le repos physique dans la terre (Héb 4), il y a le Jésus idéal qui conduit son peuple de tout âge et de tout lieu vers le repos promis. Même la « terre » de la terre promise indiquait la perspective d’un repos spirituel possible uniquement grâce à la descendance idéale d’Abraham. Le langage de Genèse 22.17 selon lequel la descendance « possédera les villes de ses ennemis » signifie simplement que les défenses des ennemis ne peuvent pas s’opposer à l’avancée de la descendance. Dans le langage du Nouveau Testament, Christ a dit qu’il édifierait son Église et que même les portes de l’enfer ne peuvent pas résister à l’avancée de la descendance.

Le fait que Dieu bénisse Abraham et fasse de sa descendance une bénédiction pour le monde entier met l’accent sur la promesse directement adressée à Christ. La seule chose à propos des descendants d’Abraham qui peut être interprétée comme une bénédiction pour le monde entier est Jésus, l’ultime descendance de la promesse. Paul a donné une interprétation inspirée de cette bénédiction d’Abraham lorsqu’il a dit que Christ est devenu une malédiction en étant pendu au bois afin « qu’en Jésus-Christ la bénédiction d’Abraham touche aussi les non-Juifs » (Gal 3.13-14). Cela met en évidence un thème messianique clef tout au long de l’Ancien Testament : la promesse du Messie n’a jamais été une promesse uniquement juive. La seule revendication unique que la descendance physique d’Abraham avait sur Christ était qu’Il était venu au monde physiquement par eux (Rm 9.4-5). La lignée d’Abraham a été choisie comme l’identité physique du Messie, mais toutes les nations de la terre bénéficient du Messie. L’alliance avec Abraham rétrécit notre compréhension de l’identité de la Descendance promise tout en maintenant l’inclusivité du dessein de grâce de Dieu pour « toutes les familles de la terre » (Gn 12.1-3).

Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.

Dr Michael P.V. Barrett
Dr Michael P.V. Barrett
Le Dr Michael P.V. Barrett est vice-président des affaires académiques, doyen des études et professeur d'Ancien Testament au Puritan Reformed Theological Seminary à Grand Rapids, Michigan. Il est l'auteur de plusieurs livres, dont Beginning with Moses : A Guide to Finding Christ in the Old Testament.