La joie dans la communauté
12 juillet, 2021La joie future
19 juillet, 2021La joie de Christ
Note de l’éditeur : Ceci est le cinquième chapitre de la série La joie
Nos cœurs se préparent à l’avent en chantant « Viens sur terre pour goûter notre tristesse, Lui dont les gloires n’ont pas de fin ». Nous entrons dans la Semaine de la Passion en chantant sombrement : « Homme de douleur ! Quel nom, pour le Fils de Dieu qui est venu. » Ésaïe écrit des paroles sur le Serviteur souffrant (42.1-4 ; 49.1-6 ; 50.4-9 ; 52.13-53.12). Il était l’Homme de douleur, capable de goûter la tristesse – notre tristesse. Alors qu’il pleure au tombeau de Lazare (Jn 11.33-43), nous le voyons touché par le sentiment de nos faiblesses (Hé 4.15).
Est-ce là tout le tableau ? N’y a-t-il pas un courant profond et palpitant derrière la volonté de Christ d’entrer dans notre douleur – une force née de quelque chose de transcendant et d’éternel ? Si Jésus a voilé sa gloire lorsqu’il est venu sur terre (Ph 2.5-11), il a néanmoins apporté sa joie éternelle.
La joie est un mot régulièrement utilisé par les chrétiens, mais il n’est pas facile à définir. La joie subsiste lorsque le bonheur nous échappe. La joie fait du bonheur plus qu’un sentiment éphémère. La joie s’apparente au mot précieux. Elle signifie ce à quoi elle fait référence. Il est difficile de la définir sans utiliser le mot lui-même. Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, le mot traduit l’idée d’un « plaisir joyeux » – un « cœur qui danse », comme l’a dit un spécialiste.
Le cœur de Jésus danserait-il joyeusement ? Si l’Évangile est une bonne nouvelle, il n’est pas surprenant que les Évangiles montrent notre Seigneur personnifiant et proclamant joyeusement l’euangelion (bonne nouvelle). Son ministère était imprégné de joie. Les pessimistes l’ont accusé de trop s’amuser (Lu 7.34). Pour beaucoup, peu de choses sont plus joyeuses que les souvenirs d’un jour de mariage. Jésus s’est comparé à un époux annonçant un festin de noces à ses invités (Mc 2.18-20).
La joie de Jésus était liée à l’accomplissement de la volonté de son Père. Il s’est réjoui dans l’Esprit, remerciant son Père pour l’annonce de l’Évangile selon le dessein de l’élection souveraine (Lu 10.21-22). La joie évangélique de notre Sauveur est magnifiquement tissée dans les paraboles de Luc 15. L’agneau sauvé d’un berger sur ses épaules (v. 5-7), la pièce de monnaie perdue d’une femme retrouvée (v. 8-10) – des images d’une joie sans limites. Rien n’illustre autant l’abandon joyeux du cœur de notre Seigneur qu’un père courant et se jetant affectueusement au cou de son fils perdu (v. 11-32). Il doit y avoir une fête et des danses lorsque l’évangile se déchaîne.
Jésus souhaite ardemment que sa joie soit la nôtre (Jn 15.11 ; 16.24 ; 17.13). Il veut que sa joie couvre la création, car toutes choses sont faites nouvelles (Ro 8.18-23 ; Ap 21.5). L’affirmation d’Abraham Kuyper, citée hors contexte, selon laquelle Jésus crie « À moi ! » sur l’univers doit être comprise comme la revendication joyeusement légitime de Jésus et son engagement restaurateur envers le cosmos. Augustin a parlé du Seigneur comme de la « vraie, de la souveraine joie . . . plus douce que tout plaisir » dans ses Confessions. Sauvant le christianisme des ténèbres stoïques, C.S. Lewis a parlé de « vacances à la mer » – une « joie infinie » largement supérieure à nos idoles. Dans Religious Affections (trad. Les émotions religieuses), Jonathan Edwards décrit cette douce joie comme « la crème de tous nos plaisirs ».
Nous devons développer un goût pour la joie – Sa joie. C’est la joie trinitaire de la connaissance de notre Père, la joie satisfaisante de demeurer en Christ, habité par l’Esprit. Notre joie découle de la contemplation de la personne et de l’œuvre de Christ. Nous chantons aussi : « Joie du monde, le Seigneur est venu » à Noël, et « Levez bien haut vos joies et vos triomphes » à Pâques, qui nous garantit que nous le reverrons et que notre joie ne nous sera jamais enlevée (Jn 16.22). L’amour que nous avons envers le Christ invisible nous remplit d’une joie inexprimable et glorieuse (1 P 1.8). L’obéissance animée par l’Esprit est essentielle à la joie. Cette joie, ensuite, alimente une obéissance continue. Donald MacLeod dit que Jésus a connu « une joie profonde et habituelle … un élément indispensable de la psychologie de son obéissance … [Il servait] non pas comme un esclave, mais comme un Fils ». Cela est vrai pour nous, car notre filiation nous permet de crier joyeusement « Abba ! Père » (Ro 8.15).
Tout cela est fondé sur la croix de notre Seigneur, qu’il a soufferte pour la joie qui lui était réservée (Hé 12.1-2). Dans « The Emotional Life of Our Lord » (trad. « La vie émotionnelle de notre Seigneur ») de B.B. Warfield, Jésus vient « comme un conquérant avec dans son cœur la joie de la victoire imminente ». Le mot pour « joie » dans Hébreux 12.1-2 est « un mot fort, véhiculant l’idée d’une joie exubérante – une joie qui remplit le cœur ».
Mais, qu’est-ce qui aurait pu être joyeux au vu des horreurs humiliantes de la croix qui se profilait ? Si seulement la page que vous lisez pouvait se transformer en miroir et que votre reflet apparaissait, vous verriez la joie qui lui était réservée. Car vous et moi sommes l’agneau sauvé posé sur ses épaules, la pièce de monnaie perdue retrouvée, le fils prodigue embrassé. Vous avez fait en sorte que son cœur se réjouisse alors. Vous rendez son cœur joyeux maintenant. Vous ferez en sorte que son cœur, et le vôtre se réjouissent pour toute l’éternité.