Les faux enseignements qui proviennent de l’extérieur de l’Église, et ceux qui proviennent de l’intérieur | 1ère partie
17 décembre, 2019Les faux enseignements qui proviennent de l’extérieur de l’Église, et ceux qui proviennent de l’intérieur | 3ème partie
24 décembre, 2019Les faux enseignements qui proviennent de l’extérieur de l’Église, et ceux qui proviennent de l’intérieur | 2ème partie
Note de l’éditeur : Ceci est la deuxième partie de l’article « Les faux enseignements qui proviennent de l’extérieur de l’Église, et ceux qui proviennent de l’intérieur », qui est le deuxième chapitre de la série « Les faux enseignants », publiée par Tabletalk Magazine.
Les dangers qui proviennent de l’intérieur de l’Église
Très certainement, au sein de l’Église évangélique, il y a une panoplie d’erreurs qui requièrent une correction pastorale. La plupart des erreurs portent sur l’application de l’Évangile dans la vie du croyant. Les faux enseignements mettront en péril la nature même de l’Évangile.
Le faux enseignement le plus répandu qui se cache derrière le nom de l’Évangile est, semble-t-il, le moralisme. Généralement, les églises évangéliques enseignent la base de l’Évangile : les pécheurs qui croient en Jésus seul voient leurs péchés pardonnés, et le ciel leur est promis. Cependant, beaucoup de ces mêmes églises enseignent à leurs fidèles qu’une fois sauvés, ils doivent « filer droit et faire beaucoup mieux ». La vie chrétienne est une vie d’effort, et Dieu bénit ceux qui s’aident eux-mêmes, travaillent dur, évitent les ennuis, disent la vérité et « mènent une vie droite ». Sans le vouloir, les gens commencent à croire que c’est l’Évangile : une transaction presque économique où nous donnons à Dieu notre obéissance et il nous donne des bénédictions en retour : un toit et de la nourriture, un bon mariage et des enfants bien élevés, un bon travail et des vacances de temps en temps.
Évidemment, ce n’est pas du tout l’Évangile : c’est du moralisme. Pourtant, c’est ce que croient les adolescents évangéliques et, par extension, leurs parents et leurs églises. Le sociologue Christian Smith a démontré ce phénomène il y a plusieurs années, dans son livre Soul Searching : The Religious and Spiritual Lives of American Teenagers. Dieu est plutôt éloigné de nos vies, sauf dans les périodes de tristesse ou de peine. Dieu se rapproche alors pour nous guérir ; son vrai désir est que nous soyons gentils envers les autres, et il accorde les bénédictions du ciel aux hommes justes lorsqu’ils meurent.
Sous sa pire forme, ce moralisme peut engendrer un Évangile de prospérité atténué. Dans ce cas, les bénédictions ne sont pas simplement la nourriture et le toit, un bon mariage et des enfants ; à la place, on considère que notre obéissance est le chemin vers un succès matériel fantastique. Ceux qui vivent selon la justice sont ceux qui conduisent des voitures Lamborghini avec un autocollant « Je suis béni » pailleté sur la vitre arrière : l’idée étant que la bénédiction de conduire une Lamborghini est le résultat de notre obéissance à Dieu. Ceux qui plaisent à Dieu sont ceux qui ont les moyens de payer l’éducation privée pour leurs enfants ou les camps d’été les plus chers. Ce genre de confusion est à la fois au cœur du légalisme et de l’Évangile de prospérité.
Nous devons prendre garde à nous-mêmes et à nos enseignements, alors que nous cherchons à protéger le Peuple de Dieu des erreurs.
Un autre type de faux enseignement est le légalisme. Le légalisme et le moralisme sont liés l’un à l’autre. Le moralisme affirme qu’il y a un échange avec Dieu : moralité contre bénédiction. Par contre, le légalisme a une compréhension de l’obéissance à Dieu qui est très spécifique, quoique tout aussi anti-biblique. Dans la lettre aux Galates, le légalisme prenait l’apparence de pratiques juives particulières qui étaient demandées au peuple de Dieu : la circoncision, les lois alimentaires et les fêtes religieuses. De nos jours, le légalisme peut prendre diverses formes. Il peut se retrouver dans des manières très spéciales et extra-scripturales d’honorer le Jour du Seigneur, dans certaines techniques concernant les fréquentations amoureuses, ou encore dans des approches de la culture qui confondent les préférences familiales avec les commandements bibliques. Cependant, le légalisme n’est qu’une sorte de moralisme, puisqu’il suggère que nous gagnons la faveur de Dieu par nos œuvres.
L’Évangile prescrit bel et bien des pratiques spirituelles particulières, et c’est la raison pour laquelle le moralisme et le légalisme sont si compliqués à traiter. L’Évangile dit que si nous aimons Jésus, il y aura forcément des fruits. Jésus a dit : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. » (Jean 15.10)
Toutefois, la différence entre l’obéissance à l’Évangile et l’obéissance légaliste ou moraliste est la suivante : nous obéissons à cause de l’amour que Dieu a manifesté en nous par Jésus-Christ. Nous n’obéissons pas en vue d’obtenir quelque chose de Dieu, qu’il s’agisse de son amour ou de ses bienfaits. Aucun de nous ne peut obéir à Dieu de manière suffisamment conforme au standard requis pour obtenir ses bienfaits. Nos œuvres lui sont acceptables uniquement parce qu’il les reçoit par Jésus et en son nom. Notre obéissance n’existe pas sans l’influence et la mise en œuvre du Saint Esprit, qui crée en nous le vouloir et le faire.
On trouve encore un autre type de faux enseignement qui est contraire au moralisme et au légalisme. Certains chrétiens pourraient regarder tout cela et dire : « Tout cet accent sur l’obéissance déforme l’Évangile. Dieu ne nous demande rien, sinon de croire en son Fils. Aussi longtemps que nous croyons en Jésus, Dieu nous reçoit comme nous sommes, selon son “ amour inconditionnel ” ». En conséquence, ces chrétiens diminuent l’importance de l’obéissance à un tel point qu’ils deviennent antinomistes.
Littéralement, les antinomistes sont « contre la loi », refusant toute légitimité à la loi de Dieu comme guide de la vie chrétienne. La plupart des évangéliques ne sont pas grossiers au point de nier toute légitimité à l’obéissance à la loi de Dieu. Ils ne peuvent pas contourner les paroles de Jésus et de Paul, Jacques et Jean sur l’obéissance chrétienne. L’antinomisme contemporain est plus subtil : il dénigre le rôle des obligations dans les prêches, diminue l’importance de l’effort dans la vie chrétienne, donne facilement le pardon pour des péchés horribles et évite la discipline d’Église.
Encore une fois, l’antinomisme est difficile à traiter parce qu’il est proche de la vérité. Notre justification n’est pas basée sur ce que nous faisons, mais sur l’œuvre de Christ que nous recevons par la foi seule. Comme nous l’avons déjà énoncé, notre effort est le résultat de l’influence et de la mise en œuvre de l’Esprit en nous. Le pardon est gratuit pour les repentants, alors que nous revenons sans cesse au Père et que nous nous repentons de notre péché. La différence entre l’antinomisme et l’Évangile est une question d’accentuation. Nous sommes justifiés gratuitement en Christ, mais cela nous pousse à travailler et lutter contre le péché. La repentance exige de nous détourner du péché et de nous soumettre à la discipline d’Église.
Tous ces dangers se trouvent dans l’Église évangélique. Peut-être les reconnaissez-vous, les avez-vous déjà entendus, ou peut-être même les avez-vous déjà crus. Pourtant, le moralisme, le légalisme et l’antinomisme sont tous des formes de faux enseignements. Nous devons prendre garde à nous-mêmes et à nos enseignements, alors que nous cherchons à protéger le Peuple de Dieu des erreurs.