La grâce chez Paul
9 janvier, 2023Un temps pour (re)découvrir Hébreux
16 janvier, 2023L’espérance chez Pierre et Jude
Note de l’éditeur : Ceci est le quatrième chapitre de la série Les épîtres du Nouveau Testament.
Dès les premiers jours de l’Église, les chrétiens ont été confrontés à des difficultés. Des tentations, et des souffrances, inhérentes à cette vie de péché, jusqu’aux problèmes posés par les faux docteurs, la vie du chrétien est difficile. Les lettres de Pierre et de Jude nous encouragent. La première lettre de Pierre nous montre la signification de la vraie grâce – cette union mystérieuse entre la souffrance présente et la gloire à venir. La deuxième lettre de Pierre nous exhorte à être fermement établis dans la connaissance de Dieu, qui découle de notre relation avec lui. Et la lettre de Jude nous encourage à lutter sans crainte pour la foi.
1 PIERRE
LE THÈME DE 1 Pierre – révélé dans les derniers versets comme étant la véritable grâce – provient de l’interaction entre deux idées importantes : la gloire qui nous sera révélée lors de la seconde venue de Jésus-Christ et la difficulté de cette vie présente dans un monde de péché. Dès le début de sa lettre, Pierre fait référence à notre héritage et notre exaltation futurs en tant que croyants. Il conclut que, puisque le Christ a souffert et qu’il a été ensuite glorifié (1 Pierre 1.11), notre espérance doit se porter sur la grâce qui sera révélée par le Christ (1 Pi 1.13, 2.12, 4.13, 5.1, 4, 10). Mais cette grâce qui est promise ne vient qu’après cette période de souffrance. Comme il en a été pour le Fils de Dieu, il en sera de même pour nous tous qui sommes en lui. Pierre réunit également ces thèmes à la fin de sa lettre : « Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. » (1 Pi 5.10). Le chemin qui mène en haut passe par le bas. La restauration vient après les épreuves. Telle est la « véritable grâce de Dieu » dans laquelle nous devons tenir ferme (1 Pi 5.12).
Cette union de deux vérités apparemment incompatibles – notre statut exalté en Christ et nos souffrances présentes sur terre – a toujours été difficile pour les chrétiens. Nous avons du mal à concilier le plan de Dieu, qui est bon pour nous, avec la difficulté de cette vie. Nous nous demandons si Dieu a vraiment un plan qui est bon puisqu’il nous permet de souffrir maintenant, que ce soit à cause de nos croyances (comme le font de nombreux chrétiens dans le monde) ou simplement parce que nous sommes des êtres humains fragiles (jamais à l’abri de la douleur et de la mort). Mais Pierre prend grand soin de montrer, dès les premiers mots de sa lettre, que ceci est, et a été, le modèle glorieux du plan de Dieu « selon la prescience de Dieu le Père » (1 Pi 1.2a). Dans les versets suivants, nous voyons qu’un héritage éternel est construit sur les épreuves présentes ainsi que sur les gloires passées (1 Pi 1.3-12).
S’il en est ainsi, que devons-nous faire ? À partir du verset 15, Pierre répond : « Cela se résume à notre conduite en tant que chrétiens ». Le mot pour « conduite » dans ce verset est utilisé vingt et une fois dans le Nouveau Testament, dont dix fois par Pierre (1 Pierre 1.15, 17, 18, 2.12, 3.1, 2, 16 ; 2 Pierre 2.7, 18, 3:11). La stratégie de Pierre pour la conduite chrétienne, enracinée dans l’espérance, se concentre sur quelques idées seulement : la sanctification (ou le fait d’être saint, 1 Pi 1.13-21) ; un amour sincère pour les autres, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église (1 Pi 1.22-2.12) ; la démonstration du sacrifice de Jésus-Christ dans notre soumission aux dirigeants injustes et justes ; notre propre volonté de souffrir (1 Pi 2.13-4.6) ; et notre service humble et charitable de la nouvelle famille de Dieu (1 Pi 4.7-5.11).
Tout du long, Pierre nous encourage avec l’exemple du Christ qui a triomphé des épreuves extraordinaires, dont la mort et le péché. Et sa conclusion est très simple : Dieu a établi notre salut, nous a donné notre identité, il a confirmé notre appel présent, et il a sécurisé notre héritage futur au moyen d’une ironie profonde – la mort, la résurrection et l’ascension du Christ. Cette ironie – cette union mystérieuse de la souffrance et de la gloire – est la véritable grâce.
2 PIERRE
DANS SA DEUXIÈME lettre, Pierre nous instruit sur le thème de la connaissance de Dieu. Pierre nous exhorte à connaître Dieu intimement, et pas seulement de manière cognitive. Il nous exhorte à être fermement établis dans la connaissance qui ne peut venir que d’une relation avec Dieu. Il commence ainsi : « que la grâce et la paix vous soient multipliées dans la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur ! » (2 Pierre 1.2), et il termine par « mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pi 3.18a). Cette répétition montre bien que Pierre fonde sa certitude sur la grâce de Dieu en Jésus par la connaissance du Christ. Cette connaissance structure l’ensemble de la lettre. Le mot « connaissance », ou une forme du verbe « connaître », apparaît en 2 Pierre 1.3, 5, 6, 8, 12, 14, 16, 2.20, 21, 3.18 (voir aussi « connaître cela » en 2 Pi 1.20, 3.1-3, 17). Il s’agit d’un type de connaissance spécifique. Cette connaissance a une origine scripturaire, ou apostolique (2 Pi 1.16, 2.1, 3.2), et elle concerne la seconde venue de Jésus-Christ (2 Pi 3.1-4.12). S’appuyant sur l’Ancien Testament et le témoignage apostolique, Pierre nous exhorte à nous souvenir du retour de notre Sauveur. Car si nous l’oublions, si nous ne vivons pas à la lumière de la connaissance de son retour imminent, nous devenons semblables aux moqueurs qui ne vivent que pour le temps présent, à ceux qui s’adonnent à la sensualité et à la cupidité (ce dont Pierre parle précisément au chapitre 2).
Quel est le résultat de cette connaissance ? Pierre espère que nous serons fermement enracinés ou établis dans notre foi (2 Pierre 1.12 ; 1 Pierre 5.10). En effet, il s’agit d’un objectif intimement personnel pour Pierre, puisque le langage et le but de la lettre évoquent le souvenir d’un moment crucial, mais douloureux, de la vie de Pierre. Le vocabulaire utilisé est celui de la chute et de l’affermissement.
La nuit de son arrestation, Jésus avait dit : « Je serai pour vous tous, cette nuit, une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. » (Matthieu 26.31). En entendant ces paroles, Pierre a répondu : « Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi […] Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. » (v. 33-35). Pourtant, Pierre est tombé. Il est tombé une fois. Il est tombé deux fois. Et de façon humiliante, il est tombé pour la troisième fois aux pieds d’une servante dans la cour du souverain sacrificateur. En composant cette lettre, Pierre utilise de nouveau le langage de cette nuit-là. Il écrit : « C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection ; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais » (2 Pierre 1.10).
Cette même nuit de la vie de Pierre, Jésus avait également utilisé le langage de l’affermissement. Jésus a dit à Pierre : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. » (Luc 22.31-32). Le mot « affermis » vient du même mot « établis » en 2 Pierre 1.12 : « C’est pourquoi j’entends vous rappeler toujours ces choses, bien que vous les connaissiez et que vous soyez établis dans la vérité présente. » En d’autres termes, la grand espérance de Pierre pour nous dans cette lettre – conformément à sa propre mission apostolique – c’est que nous soyons affermis par notre connaissance de Jésus-Christ.
JUDE
LA LETTRE DE JUDE NOUS ENCOURAGE, en tant que chrétiens, à défendre notre foi. Le thème de la lettre de Jude se trouve au verset 3. Cet appel à la défense s’enracine dans la conviction de Jude que la foi est contestée par des adversaires (« certains hommes » aux versets 4, 8, 10, 12, 16, 19). La structure de toute la lettre repose sur ces deux idées. L’appel à la défense de la foi du verset 3 trouve son explication dans les versets 17-23. Et Jude défend, du verset 5 à 16, les conclusions qu’il tire au verset 4 à propos des problèmes auxquels le christianisme est confronté.
Premièrement, dans les versets 17 à 23, nous voyons que la défense de la foi est liée à : l’appel que les chrétiens doivent garder – particulièrement, nous devons nous souvenir des paroles des apôtres (v. 17-19) et « nous garder dans l’amour de Dieu » (v. 20-21) ; les engagements que les chrétiens prennent – nous devons nous édifier les uns les autres « sur votre très sainte foi », « prier dans l’Esprit Saint » (v. 20), et « attendre la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ qui conduit à la vie éternelle » (v. 21) ; et la conduite par laquelle nous vivons – nous devons être connus pour « avoir de la miséricorde pour ceux qui doutent » (v. 22), sauver les autres des flammes de l’enfer, et faire preuve de miséricorde, même envers les impénitents (v. 23).
La lettre de Jude soutient que nous sommes appelés à défendre notre cause de cette manière parce que certains hommes contestent la foi (v. 4). Dans les versets 5 à 10, Jude choisit trois événements historiques (l’apostasie des rebelles du désert, l’autonomie de certaines créatures angéliques, et l’immoralité de certaines villes anciennes) pour aider ses lecteurs à comprendre que les contestations de la foi ont toujours existé, et que Dieu y a toujours répondu par un jugement divin. Et dans les versets 11 à 16, Jude poursuit avec trois exemples de l’Ancien Testament de personnes qui ont contesté la foi et qui ont attiré le jugement sur eux (Caïn, Balaam, et Koré).
Si Jude nous met au défi de défendre la foi, il le fait en sachant qu’en Jésus-Christ, nous pouvons le faire sans crainte de trébucher. Il termine par une belle doxologie qui exprime précisément ce point : « Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans l’allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles ! Amen ! » (v. 24-25).