
Un seul Seigneur
25 décembre, 2025Pourquoi le Vendredi saint est-il appelé « bon » ?
Le Vendredi saint, qui commémore la souffrance et la mort de Jésus, est célébré depuis longtemps dans l’Église chrétienne. Les archives historiques ne sont pas claires quant à la manière dont l’Église en est venue à appeler ce jour « Vendredi saint », puisque le terme n’est pas mentionné dans les Écritures. Certains ont avancé qu’il était à l’origine appelé « le Vendredi de Dieu » et qu’il s’est ensuite transformé en « Vendredi saint », mais la plupart des linguistes trouvent cette théorie intenable. Il est plus probable que le terme provienne d’une signification archaïque de « bon » en tant que « saint » — en d’autres termes, « Vendredi saint ».
Indépendamment de la manière dont ce terme s’est développé dans l’histoire, le fait demeure que les chrétiens considèrent le Vendredi saint comme bon, dans le sens où nous comprenons le terme aujourd’hui — un fait que certaines personnes pourraient trouver déroutant. Pourquoi les chrétiens appelleraient-ils « bon » le jour où leur chef a subi une injustice horrible de la part de dirigeants religieux corrompus, et qu’il a été mis à mort par les Romains sur un dispositif de torture honteux ?
À première vue, il ne semble y avoir rien de bon quant à ce jour. Les disciples de Jésus ne le voyaient certainement pas comme bon lorsqu’ils pleuraient sa mort ce vendredi et ce samedi. Les disciples qui avaient abandonné leurs moyens de subsistance, croyant qu’ils seraient des acteurs clés dans un royaume messianique qui renverserait la domination de Rome, avaient vu leurs espoirs et leurs rêves anéantis. En effet, si la mort de Jésus en ce jour sombre avait été la fin de l’histoire, les gens considéreraient à juste titre les chrétiens comme des objets de pitié (1 Co 15:17–19).
Pourquoi, alors, les chrétiens appellent-ils le Vendredi saint « bon » ? La réponse est que le dimanche de la Résurrection interprète et transforme le Vendredi saint. Nous voyons tout au long des Écritures le schéma du « pas bon » être ensuite réinterprété, alors que Dieu l’utilise souverainement pour accomplir ce qui est bon.
Par exemple, considérez l’histoire de Joseph dans la Genèse. Il n’y a rien d’intrinsèquement bon à être trahi par ses propres frères, vendu en esclavage dans un pays étranger, et — alors que les choses semblent enfin s’améliorer — être faussement accusé, jeté en prison, et oublié par un codétenu devenu libre. Il serait naturel de marquer « pas bon » sur ces parties de l’histoire de Joseph. Pourtant, dans la providence mystérieuse mais merveilleuse de Dieu, il façonne le bien à partir de ces matériaux brutes « pas bons », utilisant Joseph et sa position finale d’autorité en Égypte pour sauver de la famine, non seulement la famille de Joseph, mais toute la région. Rétrospectivement, Joseph peut dire de la trahison malveillante de ses frères : « Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui et pour sauver la vie d’un peuple nombreux » (Gn 50:20, italiques ajoutés).
Il en va de même des événements maléfiques de la crucifixion et de la mort de Jésus. Comme l’Apôtre Pierre le précise dans son sermon à la Pentecôte, ils l’ont effectivement « fait mourir en le clouant (à la croix) par la main des impies » (Actes 2:23) qui ont « fait mourir le prince de la vie » (Actes 3:15). C’était mal pour ces gens de condamner sciemment à mort un homme innocent qui était aussi Dieu incarné. Mais au-dessus de tous ces événements, Dieu travaillait souverainement à un plan qui avait été prophétisé à travers les âges afin de tirer le plus grand bien du plus grand mal. Quel était le bien que Dieu accomplissait dans la mort de Jésus ce vendredi-là ?
L’Écriture montre clairement que l’humanité est dans une situation difficile. Nous avons tous péché et sommes privés de la gloire de Dieu (Rm 3:23). Le mal et la laideur du péché nous séparent du Dieu glorieux, parfait et saint, qui dans sa justice et sa droiture doit juger le péché (Rm 2:5–6, 5:9–10 ; 1 Th 1:10). Quel espérance avons-nous alors que nous nous dirigeons vers un avenir de séparation éternelle de l’amour de Dieu, et que nous faisons face à sa juste colère contre notre péché ? Nous manquons de la justice requise pour nous tenir en présence de Dieu, et ne pouvons pas payer la dette que nous devons pour notre péché.
Il n’y aurait aucune espérance en dehors du plan du Dieu trinitaire dans l’éternité passée afin de nous apporter un salut que nous ne pouvons pas assurer nous-mêmes. La deuxième personne de la Trinité, le Fils, a pris chair humaine et a vécu la vie parfaitement juste que nous échouons tous à vivre. Sur la croix, selon le propre plan de Dieu (Actes 2:23), Jésus a affronté bien plus que la colère des principaux juifs et des soldats romains. Il a affronté et satisfait (ou « fait propitiation de ») la colère de Dieu lui-même pour les péchés de tous ceux qui lui appartiennent (Rm 5:9–10 ; Hé 2:17 ; 1 Jn 2:2). Le système sacrificiel de l’Ancien Testament annonçait Jésus, qui est à la fois le parfait Grand Sacrificateur et le parfait sacrifice (Hé 9:12, 26). Sa vie parfaite et sa mort, à la fois sacrifice et substitut, ont satisfait la juste colère et le jugement de Dieu contre les péchés de tous ceux qui se fient uniquement à Christ pour le salut. Jésus, celui qui est parfaitement juste, a pris sur lui la punition pour nos péchés, et nous qui méritons une punition éternelle pour notre injustice recevons la parfaite justice de Christ.
Par conséquent, le Vendredi saint est bon parce qu’à travers sa mort, le Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi en devenant une malédiction pour nous, afin que nous puissions recevoir l’adoption des enfants (Ga 3:13–14, 4:5). Parce que Jésus a porté nos péchés dans son corps sur le bois (1 Pierre 2:24), nous avons la rédemption par son sang et le pardon de nos offenses (Ep 1:7). Nous sommes rachetés par le précieux sang du Christ (1 Pierre 1:18–19). Nous sommes justifiés, sauvés de la colère de Dieu, et réconciliés avec Dieu (Rm 5:9–10).
La résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts le troisième jour valide tout ce qu’il a accompli le Vendredi saint, révélant que la mort n’a aucune revendication finale sur lui (Actes 2:24). Son triomphe sur la mort dans sa résurrection montre qu’il a le pouvoir et la capacité de garantir notre justification (Rm 4:25). La résurrection prouve qu’il est vraiment Dieu (Rm 1:4) et que la colère de Dieu a été effectivement apaisée par la mort expiatoire du Christ. Parce que Jésus a porté la colère de Dieu pour les péchés de tous ceux qui auraient confiance en cette provision par la foi seule, les chrétiens ne feront jamais face à la colère de Dieu contre leurs péchés ni ne seront séparés de Dieu, car ils sont unis au Christ dans sa mort et dans sa vie.
En bref, le Vendredi saint est bon parce que ce jour-là, le plus grand échange a eu lieu : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait (devenir) péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Co 5:21). Puissions-nous alors déclarer avec l’apôtre Paul : « Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable ! » (2 Co 9:15).
Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.

