Y a-t-il des degrés de péché ? - Ministère Ligonier
Qu’est-ce que l’expiation limitée ?
13 mars, 2023
Qu’est-ce que l’intendance ?
20 mars, 2023
Qu’est-ce que l’expiation limitée ?
13 mars, 2023
Qu’est-ce que l’intendance ?
20 mars, 2023

Y a-t-il des degrés de péché ?

Historiquement, le catholicisme romain et le protestantisme tous deux comprenaient qu’il existe des degrés de péché. L’Église catholique romaine fait une distinction entre le péché mortel et le péché véniel. Le sens de cette distinction est qu’il existe des péchés si grossiers, odieux et graves que leur commission est mortelle en ce qu’elle tue la grâce de la justification qui réside dans l’âme du croyant. Dans leur théologie, tous les péchés ne sont pas dévastateurs à ce point. Certains péchés réels sont des péchés véniels. Ce sont des péchés moins graves en termes de conséquences, mais ils n’ont pas la capacité de tuer la justification comme les péchés mortels.

De nombreux protestants évangéliques ont rejeté l’idée qu’il y ait des degrés de péché, parce qu’ils savent que la Réformation protestante a rejeté la distinction catholique romaine entre les péchés mortels et les péchés véniels. Ils en ont donc conclu que, dans le protestantisme, il n’y avait pas de distinction entre les péchés.

Nous devrions revenir aux opinions des réformateurs eux-mêmes. Jean Calvin était un fervent critique de l’Église catholique romaine et de sa distinction entre péché mortel et péché véniel. Calvin affirmait que tout péché est mortel en ce sens qu’il mérite la mort. Le livre de Jacques nous rappelle que : “quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous” (Jacques 2.10). Même le moindre péché est un acte de trahison cosmique. Nous ne ressentons pas la gravité de nos actes à ce point, mais c’est pourtant vrai.

Lorsque je pèche, je choisis ma volonté plutôt que celle du Dieu tout-puissant. Je dis essentiellement, par implication, que je suis plus intelligent, plus sage, plus juste et plus puissant que Dieu lui-même. Calvin disait que tout péché est mortel, en ce sens que Dieu pourrait à juste titre détruire chacun d’entre nous pour le plus petit péché que nous ayons commis. En fait, la peine pour le péché fut donnée le premier jour de la création de l’homme : “mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras” (Ge 2.17). Toutefois, Dieu ne nous traite pas toujours selon la justice. Il nous traite selon la grâce, il nous permet de vivre, et il intervient pour opérer notre rédemption. Calvin disait que tous les péchés sont mortels en ce sens qu’ils méritent la mort, mais qu’aucun péché n’est mortel en ce sens qu’il peut détruire notre grâce salvatrice. Nous devons nous repentir, certes, mais la grâce justifiante que le Saint-Esprit nous apporte n’est pas détruite par notre péché. Calvin et chacun des réformateurs ont vigoureusement soutenu qu’il existait une différence entre les péchés moindres et ce qu’ils appelaient les péchés grossiers et odieux.

Il est important que les chrétiens comprennent cette distinction afin d’apprendre à vivre charitablement les uns avec les autres. Le péché de mesquinerie, qui consiste à s’attarder sur des transgressions mineures au sein de la communauté, peut entre-déchirer le corps du Christ. Les dégâts sont importants lorsqu’ils sont alimentés par le feu des commérages et des calomnies. Nous sommes appelés à la patience et à la tolérance à l’égard des chutes des autres chrétiens. Ce n’est pas que nous soyons appelés à être laxistes à l’égard du péché, car certains péchés énumérés dans le Nouveau Testament sont graves, et ne devraient pas être autorisés dans l’Église. L’adultère est grave. L’inceste nécessite une discipline ecclésiastique. L’ivrognerie, le meurtre, et la fornication, sont mentionnés à plusieurs reprises. Ces péchés sont si destructeurs qu’ils nécessitent une discipline ecclésiastique lorsqu’ils se manifestent.

Dieu nous dit que l’entrée dans le ciel se basera uniquement sur les mérites du Christ, mais qu’une fois au ciel, les récompenses seront distribuées selon les œuvres.

Il est clair qu’il y a différents degrés de péché lorsque nous considérons les avertissements de l’Écriture. Le Nouveau Testament mentionne au moins vingt-deux degrés de récompenses accordées aux saints dans le ciel. Il y a différents niveaux, différentes récompenses, et différents rôles dans le ciel. La Bible nous met en garde contre le fait d’ajouter à la sévérité de notre jugement. Jésus a dit à Ponce Pilate : “celui qui me livre à toi commet un plus grand péché” (Jean 19.11). Jésus mesure et évalue la culpabilité ; et avec une plus grande culpabilité, et une plus grande responsabilité, vient un plus grand jugement. Cette thématique est omniprésente dans le Nouveau Testament.

Cette idée d’une gradation des péchés et des récompenses est basée sur la justice de Dieu. Si je commets deux fois plus de péchés qu’une autre personne, la justice exige que la punition soit à la hauteur du crime. Si j’ai été deux fois plus vertueux qu’une autre personne, la justice exige que je reçoive une plus grande récompense. Dieu nous dit que l’entrée dans le ciel se basera uniquement sur les mérites du Christ, mais qu’une fois au ciel, les récompenses seront distribuées selon les œuvres. Ceux qui auront abondé en bonnes œuvres recevront une récompense abondante. Ceux qui auront été négligents dans les bonnes œuvres auront une petite récompense au ciel. De même, ceux qui ont été des ennemis acharnés de Dieu connaîtront de graves tourments en enfer. Ceux qui ont été moins hostiles auront une punition moins sévère entre les mains de Dieu. Il est parfaitement juste et, lorsqu’il juge, il tient compte de toutes les circonstances atténuantes. Jésus a dit : “Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée” (Mt 12.36).

Pourquoi est-il important que nous insistions sur ce point ? J’ai souvent parlé à des hommes qui luttent contre la luxure et qui se disent, ou bien me disent : “Autant y aller carrément, et commettre l’adultère, puisque je suis déjà coupable de luxure. Je ne peux pas être en plus mauvaise posture aux yeux de Dieu, alors autant aller jusqu’au bout”. À cela je réponds toujours : “Oh oui, vous pouvez être dans une posture bien pire”. Le jugement de l’adultère effectif sera beaucoup plus sévère que le jugement de la luxure. Dieu nous traitera à ce niveau, et c’est une chose insensée pour une personne qui a commis un délit, que de dire : “Je suis déjà coupable, autant en faire un crime.” Que Dieu nous garde de penser de la sorte. Si nous le faisons, nous nous exposons au juste jugement de Dieu. Nous devons garder cela à l’esprit lorsque nous cherchons à construire une conscience chrétienne et un caractère chrétien.

Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.

R.C. Sproul
R.C. Sproul
Le Dr R.C. Sproul est le fondateur de Ligonier Ministries. Il a été pasteur principal de la prédication et de l'enseignement à la Saint Andrew's Chapel à Sanford, en Floride, et premier président du Reformation Bible College. Il a aussi écrit plus d'une centaine de livres, dont La sainteté de Dieu.