Enseigner le pardon à nos enfants

Les parents sont des paraboles. Nos vies racontent des histoires à nos enfants. La grande histoire de l’Évangile que nous espérons que nos vies raconteront est celle du pardon. Dieu nous pardonne en Christ, et un cœur en nous qui pardonne est un témoignage vivant du pardon de Dieu —un cœur qui non seulement reçoit, mais donne. Nous devons commencer à enseigner à nos enfants le pardon avec l’Évangile, mais nous devons également devenir des paraboles du pardon pour eux par nos vies.

L’une des paraboles les plus frappantes sur le pardon est racontée de manière négative : la parabole du serviteur impitoyable. Dans la parabole, un serviteur qui doit beaucoup se voit pardonner beaucoup, pour ensuite se retourner et exiger d’un autre le relativement peu qui lui était dû (voir Matt. 18:21–35). Cette parabole souligne à quel point il est incongru pour celui qui a été pardonné de ne pas pardonner, mais le fait que Jésus souligne une telle incongruité nous enseigne implicitement que nous pardonnons d’abord en étant pardonnés. C’est pourquoi nous enseignons le pardon à nos enfants en commençant par la bonne nouvelle que nous sommes pardonnés grâce à l’incarnation, la mort, la résurrection et l’ascension du Christ.

Le Catéchisme de Heidelberg, dans son exposition du Symbole des Apôtres, nous aide à comprendre l’étendue de notre pardon dans l’Évangile :

Q. Que crois-tu de la rémission des péchés ?
R. Parce que Jésus-Christ a totalement payé pour eux, Dieu ne veut jamais plus se souvenir de mes péchés, ni de ma nature corrompue contre laquelle j’ai à combattre pendant toute ma vie ; et il me donne par grâce la justice de Jésus-Christ afin que je ne vienne jamais en jugement devant lui. (Q. 56)

Comme indiqué ici, notre pardon est généreux — assuré en Christ et pour toujours. La prochaine leçon pour nos enfants est que si tel est notre pardon dans l’Évangile, alors il en devrait être de même lorsqu’il s’agit de notre pardon envers les autres.

Nous enseignons à nos enfants que leur pardon envers les autres devrait ressembler au leur.

• Notre pardon devrait être en raison du Christ, en son honneur, tout comme Dieu nous pardonne « parce que Jésus-Christ a totalement payé » pour nos péchés.
• Notre pardon devrait être oublieux, car nous cessons de rappeler les péchés passés, tout comme Dieu « ne veut jamais plus se souvenir » de nos péchés.
• Notre pardon devrait être constant, tout comme Dieu pardonne « ma nature corrompue contre laquelle j’ai à combattre pendant toute ma vie. »
• Notre pardon devrait être gracieux, alors que nous abandonnons nos exigences, tout comme Dieu « par grâce » nous accorde la justice de Christ.
• Notre pardon devrait libérer les autres de la peur de notre jugement, car nous cessons de leur reprocher les péchés passés, tout comme pour moi « que je ne vienne jamais en jugement » devant Dieu.

Voici ce qui est effrayant lorsqu’on est parent : une fois que nos enfants connaissent l’Évangile et ce qu’est le pardon, ils seront capables de repérer l’incohérence en nous quand nous agissons comme des serviteurs impitoyables. Par exemple nous tombons dans ce piège en tant que parents quand nous ressassons le passé avec nos enfants. Nous pourrions dire des choses comme « Tu fais toujours ça… » afin de les culpabiliser, d’exprimer nos frustrations ou de manipuler leur obéissance. Quand nous parlons ainsi, nous devenons involontairement des paraboles du serviteur impitoyable.

Mais nous ne devrions pas perdre espoir. Nous pouvons être des paraboles positives du pardon. Les parents qui sont des paraboles de serviteurs qui pardonnent sont ouverts au sujet du pardon, et nos enfants apprennent le plus sur le pardon lorsque nous nous pardonnons mutuellement.

Parents, demandez régulièrement pardon à vos enfants. Ils ont des cœurs qui réagissent au péché et à l’injustice, tout comme vous. Ne laissez pas les péchés non confessés s’interposer entre vous, et lorsque vos enfants pèchent contre vous, encouragez-les également à demander pardon. Cela implique de ne pas être dur avec eux afin qu’ils se sentent à l’aise pour parler de leurs péchés. Quand ils sont jeunes, nommez leur péché à leur place, et apprenez-leur comment demander pardon au-delà de dire « Je suis désolé. » Il y a quelque chose de beaucoup plus fort qui est communiqué au sujet du péché et de la réconciliation lorsque nous leur apprenons à demander : « Veux-tu me pardonner ? »

Lorsque vos enfants ont du mal à pardonner à quelqu’un, priez avec eux à ce sujet. Même lorsque vos enfants sont petits, et qui peuvent ne pas être conscients de ressentir de la rancune envers qui que ce soit, priez quotidiennement avec eux pour qu’ils développent des cœurs qui pardonnent. La prière est l’un des meilleurs moyens de communiquer indirectement de cœur à cœur. C’est particulièrement utile lorsqu’ils ne sont pas enclins à écouter vos instructions directes. Utilisez la prière comme une voie indirecte pour que leurs cœurs soient adoucis par l’Esprit.

La famille est merveilleuse. Elle peut aussi, parfois, être volatile. Établissez un rythme régulier de prière ensemble en famille. Cela peut être aussi simple que de prier pendant les repas. Ce rythme régulier, même s’il ne se manifeste qu’à un repas par jour, nous offre l’occasion de nous présenter devant le Seigneur chaque fois que des tensions inévitables surgissent. Quand une dispute vient d’éclater, Jésus nous appelle à nous réconcilier. Demander de l’aide par la prière est une façon d’apaiser les tensions. Quelque chose dans le caractère ordinaire d’une prière d’action de grâces au moment du repas rend ces requêtes surprenantes mais, surtout, ordinaires.

Nous devrions être ouverts au sujet du pardon avec nos enfants, et une fois qu’une telle ouverture est créée dans nos foyers, nous devons diligemment préserver la paix que la réconciliation apporte, et ne plus pécher les uns contre les autres. Mais quand nous le faisons, nous pardonnons.

Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.