La christologie du Nouveau Testament
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8 août, 2024L’Église, une, sainte, catholique et apostolique
“Une nation, sous Dieu, indivisible, avec la liberté […]”. Nous le disons. Nous en débattons (en particulier des mots “sous Dieu”). Mais est-ce vrai ? En réalité, combien les États-Unis sont-ils unis ? L'”union plus parfaite” recherchée par Lincoln est loin d’être parfaite en termes d’harmonie. Nous sommes une nation profondément divisée sur le plan moral, philosophique et religieux. Pourtant, la coquille extérieure de l’unité formelle et organisationnelle demeure. Nous avons l’union sans l’unité.
Il en va des États-Unis comme de l’unité de l’Église chrétienne. L'”unicité” de l’Église est l’un des quatre termes descriptifs et classiques pour définir l’Église. Selon le concile de Nicée (325 après J.-C.), l’Église est une, sainte, catholique et apostolique.
Aujourd’hui, peu de corps ecclésiastiques accordent beaucoup d’importance au fait d’être apostolique. Plus rares encore sont ceux qui semblent se préoccuper de la dimension de la sainteté. Lorsque ces deux qualités n’ont plus aucune importance dans l’esprit des membres de l’Église, parler de catholicité et d’unité n’est plus qu’une chimère.
L’Église, comme organisation, est désespérément fragmentée. Depuis la naissance du “mouvement œcuménique”, l’Église a connu davantage de scissions que de fusions. La crise de la désunion fait la une des journaux suite à la décision de l’Église épiscopale de consacrer un homosexuel pratiquant et impénitent au rôle d’évêque.
L’unité est-elle un faux espoir ? Est-elle, dans ses expressions historiques, une simple illusion ?
Pour répondre à ces questions, nous devons considérer la nature de l’unité de l’Église.
En premier lieu, l’unité la plus profonde et la plus significative de l’Église est son unité spirituelle. Bien que nous ne puissions jamais séparer le formel du matériel en ce qui concerne l’unité de l’Église, nous pouvons et devons les distinguer.
C’est Augustin qui a enseigné le plus profondément la distinction entre l’Église visible et l’Église invisible. Avec cette distinction classique, Augustin n’envisageait pas deux corps ecclésiastiques distincts, l’un visible à l’œil nu et l’autre hors de portée de toute perception visuelle. A-t-il imaginé une Église “souterraine” et une autre en surface, à la vue de tous ?
Non, il décrivait une Église dans une Église. Augustin s’est inspiré de l’enseignement de notre Seigneur selon lequel, jusqu’à ce qu’il purifie son Église dans la gloire, celle-ci continuera dans ce monde comme un corps qui comprendra de l'”ivraie” aux côtés du “blé”. L’ivraie est la mauvaise herbe qui pousse en même temps que les fleurs dans le jardin du Christ.
En raison de la présence simultanée du blé et de l’ivraie dans l’Église, nous savons que les croyants coexistent aux côtés des non-croyants, les régénérés aux côtés des non-régénérés. C’est cette situation qui a incité Augustin à décrire l’Église comme un “corps mélangé” (corpus permixtum). L’Église invisible est l’Église composée de vrais croyants. C’est l’Église composée des régénérés ou, comme l’a fait remarquer Augustin, des “élus”.
Jésus a clairement indiqué que certains, et même beaucoup, professent la foi mais ne la possèdent pas. Son avertissement percutant est le point culminant du Sermon sur la montagne :
Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! N’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? Et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité.
(Matthieu 7.21-23)
Ailleurs, Jésus a noté que les gens l’honoraient de leurs lèvres alors que leur cœur était éloigné de lui. L’ivraie prétend travailler pour le Christ. Pourtant, Jésus les rejettera. Il leur demandera (voire leur commandera) de partir. Il déclarera qu’ils n’ont jamais fait partie de sa véritable Église : “Je ne vous ai jamais connus”. Il ne s’agit pas ici de brebis d’un jour devenues boucs. Ce sont les fils et les filles de Judas qui ont été incrédules dès le début.
Nous remarquons également que Jésus a déclaré qu’ils étaient “plusieurs”, lorsqu’il parle du nombre de ces croyants autoproclamés, qui ne sont pas réellement régénérés. Cela devrait nous inciter à la prudence quant à la réussite de nos méthodes et techniques d’évangélisation. Nous avons tendance à être assez optimistes avec nos “statistiques évangéliques” lorsque nous supposons la conversion de tous ceux qui répondent à un appel à l’autel, prennent une “décision pour Christ”, ou récitent la “prière du pécheur”. Ces outils peuvent aider à mesurer les professions extérieures, mais ils ne nous donnent pas à entrevoir dans le cœur. Tout ce que nous pouvons voir de la profession d’une personne, ce sont ses fruits. Et même les fruits peuvent être trompeurs. Dieu, et Dieu seul, peut lire le cœur humain. Notre regard ne peut pénétrer au-delà de l’apparence extérieure.
Augustin soutenait également que l’Église invisible existe substantiellement au sein de l’Église visible. Il peut y avoir de rares cas où un vrai croyant n’entre jamais en contact avec une église visible, si cela est providentiellement empêché. Le larron sur la croix n’a jamais eu l’occasion d’assister à des cours pour nouveaux membres au sein d’une Église locale.
Cependant, pour la plupart, les vrais membres de l’Église invisible du Christ se trouvent dans l’Église visible. Bien que l’Église visible à laquelle une personne véritablement régénérée peut appartenir diffère de l’Église à laquelle une autre personne régénérée appartient, les deux croyants sont, en réalité, déjà unis dans l’Église invisible véritable et une.
L’union des croyants est fondée sur l’union mystique du Christ et de son Église. La Bible parle d’une transaction à double sens qui se produit lorsqu’une personne est régénérée. Toute personne convertie devient “en Christ” en même temps que Christ entre dans le croyant. Si je suis en Christ et si vous êtes en Christ, et si lui est en nous, alors nous faisons l’expérience d’une profonde unité en Christ.
La prière sacerdotale de Jésus en Jean 17, en faveur de l’unité de ses disciples, n’était ni un échec ni une requête non exaucée. Dieu s’est plu à assurer une unité entre les croyants qui, bien qu’invisible, n’en est pas moins réelle. Il s’agit d’un lien commun fondé sur un seul Seigneur, une seule foi, et un seul baptême.
Cet article a été publié à l’origine sur le site Ligonier.