Qu’y avait-il avant Dieu ?
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10 avril, 2023Pourquoi prier si Dieu est souverain ?
Rien n’échappe à Dieu, rien ne va au-delà des limites de sa puissance. Dieu fait autorité en toutes choses. Si je pensais, ne serait-ce qu’un instant, qu’une seule molécule se trouvait en liberté dans l’univers, en dehors du contrôle et de la juridiction du Dieu tout-puissant, je ne dormirais pas cette nuit. Ma confiance en l’avenir repose sur ma confiance dans le Dieu qui contrôle l’histoire. Mais comment Dieu exerce-t-il ce contrôle et manifeste-t-il cette autorité ? Comment Dieu réalise-t-il les choses qu’il a souverainement décrétées ?
Augustin a dit que rien ne se produit dans cet univers en dehors de la volonté de Dieu et que, dans un certain sens, Dieu ordonne tout ce qui se produit. Augustin n’était pas en train d’exonérer les hommes de la responsabilité de leurs actions, mais son enseignement soulève une question : Pourquoi prier si Dieu est souverain sur les actions et les intentions des hommes ? Il y a une préoccupation secondaire autour de cette question : « La prière change-t-elle vraiment quelque chose ? » Permettez-moi de répondre à la première question en affirmant que le Dieu souverain commande dans sa sainte Parole que nous priions. La prière n’est pas facultative pour le chrétien, elle est obligatoire.
Nous pourrions nous demander : « Et si cela ne change rien ? ». Là n’est pas la question. Que la prière fasse ou non du bien, si Dieu nous commande de prier, nous devons prier. Le fait que le Seigneur Dieu de l’univers, le créateur et le soutien de toutes choses, le commande est une raison suffisante. Cependant, non seulement il nous commande de prier, mais il nous invite également à faire connaître nos requêtes. Jacques dit que nous n’avons rien parce que nous ne demandons rien (Jacques 4.2). Il nous dit également que la prière d’un homme juste est très efficace (Jacques 5.16). La Bible ne cesse de répéter que la prière est un outil efficace. Elle est utile, elle marche.
Jean Calvin, dans l’Institution de la religion chrétienne, fait des observations profondes sur la prière :
Toutefois quelqu’un pourrait demander si Dieu ne connaît point assez sans avertissement, et en quel endroit nous sommes pressés, et ce qui nous est expédient. D’où il semblerait que ce fût chose superflue de le solliciter par des prières, vu que nous avons accoutumé de solliciter ceux qui ne pensent point à notre affaire et qui sont endormis. Mais ceux qui arguent en cette manière, ne voient point à quelle fin notre Seigneur a instruit les siens à prier : car il n’a pas ordonné cela à cause de soi, mais au regard de nous. Il veut bien que son droit lui soit rendu, comme aussi il est équitable, quand les hommes reconnaissent que tout ce qui leur est profitable et qu’ils peuvent désirer vient de lui, et qu’ils l’attestent par des prières : mais l’utilité de ce sacrifice par lequel Dieu est honoré, nous revient à nous-mêmes. C’est pourquoi les saints Pères, d’autant plus qu’ils se tenaient assurés des bienfaits de Dieu tant envers eux qu’envers les autres, ont été tant plus vivement incités à le prier […] Premièrement, afin que notre cœur soit enflammé d’un véhément et ardent désir de le toujours chercher, aimer et honorer, en ce que nous nous accoutumions d’avoir en lui notre refuge en toutes nécessités, comme au port unique de salut. Ensuite, afin que notre cœur ne soit ému d’aucun désir, dont nous ne l’osions faire incontinent témoin, comme nous le faisons en exposant devant ses yeux toute notre affection et, par manière de dire, déployant tout notre cœur devant lui. Davantage, afin que nous soyons préparés à recevoir ses bienfaits avec une vraie reconnaissance et avec action de grâces, car par la prière nous sommes avertis qu’ils nous viennent de sa main.
Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, III.XX.3
La prière, comme tout le reste de la vie chrétienne, est destinée à la gloire de Dieu et à notre bénéfice, dans cet ordre-là. Tout ce que Dieu fait, tout ce qu’il permet et ordonne, est au sens suprême pour sa gloire. Il est également vrai que si Dieu recherche avant tout sa propre gloire, l’homme en tire bénéfice lorsque Dieu est glorifié. Nous prions pour glorifier Dieu, mais nous prions aussi pour recevoir de sa main les bienfaits de la prière. La prière est pour notre bénéfice, même à la lumière du fait que Dieu connaît la fin depuis le début. C’est notre privilège d’amener l’ensemble de notre existence finie dans la gloire de sa présence infinie.
L’un des grands thèmes de la Réformation fut l’idée selon laquelle toute la vie doit être vécue sous l’autorité de Dieu, à la gloire de Dieu, en présence de Dieu. La prière n’est pas un simple soliloque, un simple exercice d’auto-analyse thérapeutique, ou encore une récitation religieuse. La prière est un discours avec le Dieu personnel lui-même. Là, dans l’acte et la dynamique de la prière, je place toute ma vie sous son regard. Oui, il sait ce que j’ai à l’esprit, mais j’ai encore le privilège de lui exprimer ce que j’ai à l’esprit. Il me dit : « Viens. Parle-moi. Fais-moi connaître tes requêtes. » Nous venons donc pour le connaître et pour être connus de lui.
Il y a quelque chose d’erroné dans la question : « Pourquoi prier si Dieu sait tout ? ». Cette question suppose que la prière est unidimensionnelle, et qu’elle se définit simplement comme une supplication ou une intercession. Au contraire, la prière est multidimensionnelle. La souveraineté de Dieu ne jette aucune ombre sur la prière d’adoration. La prescience de Dieu, ou son conseil déterminé, n’annule pas la prière de louange. La seule chose qu’elle devrait faire c’est de nous donner une plus grande raison d’exprimer notre adoration à cause de qui Dieu est. Si Dieu sait ce que je vais dire avant que je ne le dise, sa connaissance, au lieu de limiter ma prière, accroît la beauté de ma louange.
Ma femme et moi sommes aussi proches que deux personnes peuvent l’être. Souvent, je sais ce qu’elle va dire juste avant qu’elle ne le dise. L’inverse est également vrai. Mais j’aime toujours l’entendre dire ce qu’elle pense. Si cela est vrai de l’homme, combien plus est-ce vrai de Dieu ? Nous avons le privilège inouï de partager nos pensées les plus intimes avec Dieu. Bien sûr, nous pourrions simplement entrer dans notre lieu de prière, laisser Dieu lire nos pensées, et appeler cela une prière. Mais ce n’est pas la communion, et ce n’est certainement pas de la communication.
Nous sommes des créatures qui communiquent principalement par la parole. La prière parlée est évidemment une façon de parler, une façon pour nous de communier et de communiquer avec Dieu. Dans un certain sens, la souveraineté de Dieu devrait affecter notre attitude dans la prière, au moins en ce qui concerne l’adoration. En fait, notre compréhension de la souveraineté de Dieu devrait nous provoquer à une intense vie de prière et d’action de grâces. Grâce à cette connaissance, nous devrions voir que tout bienfait, tout don bon et parfait, est une manifestation de l’abondance de sa grâce. Plus nous comprenons la souveraineté de Dieu, plus nos prières seront remplies d’actions de grâce.
De quelle manière la souveraineté de Dieu pourrait-elle affecter négativement la prière de contrition, de confession ? Nous pourrions peut-être en conclure que notre péché relèverait ultimement de la responsabilité de Dieu, et que notre confession serait une accusation de culpabilité contre Dieu lui-même. Tout chrétien véritable sait bien qu’il ne peut pas blâmer Dieu pour son péché. Je ne comprends peut-être pas la relation entre la souveraineté divine et la responsabilité humaine, mais je sais que ce qui provient de la méchanceté de mon propre cœur ne peut être attribué à la volonté de Dieu. Nous devons donc prier parce que nous sommes coupables, en implorant le pardon du Saint que nous avons offensé.