Qu’est-ce que la colère ?
16 décembre, 2024Qu’est-ce que la fortitude ?
23 décembre, 2024Qu’est-ce que la convoitise ?
Note de l’éditeur : Ceci est le quatrième chapitre de la série Vertus et vices.
Il se pourrait bien que le péché de convoitise ait fait sa première apparition dans le jardin, juste au moment où l’homme et la femme ont fait leur choix tragique. Alors qu’Ève se laissait séduire par le serpent, elle remarqua que le fruit était, entre autres, « agréable à la vue » (Gen. 3:6). Bien sûr, il n’y a pas de mal en soi à ce que quelque chose soit agréable à regarder. Mais Genèse 3 est le récit du péché le plus infâme de l’histoire. Nous pouvons donc conclure sans risque que le regard avide d’Ève sur le fruit était un regard de convoitise. C’était un désir d’avoir quelque chose qu’il ne lui appartenait pas de posséder.
Parce qu’Ève est née sans nature pécheresse, son péché de convoitise du fruit (ou plus précisément de ce qu’elle croyait que le fruit pouvait lui donner) était un choix délibéré en réponse à une source extérieure de tentation. Nous appelons cela une tentation extérieure. Nous sommes cependant dans une situation encore plus difficile que notre première mère. Étant nés avec une préférence naturelle pour le péché, nous sommes tout à fait capables de produire des désirs de convoitise par nous-mêmes, sans qu’aucune source extérieure ne nous y incite. Nous appelons cela la tentation intérieure. Considérons les mots de Jacques 1:14-15 : « Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort » (italiques ajoutés).
Dans le Nouveau Testament, le mot « convoitise » est epithumia, ce qui signifie « désir ». Bien sûr, tous les désirs ne sont pas mauvais. En effet, il existe des exemples dans le Nouveau Testament où epithumia est utilisé de manière positive, comme lorsqu’un homme qualifié « désire » de manière appropriée la fonction d’ancien (1 Tim. 3:1). Mais l’épithumia est souvent utilisée pour se référer à des désirs peccamineux, c’est pourquoi l’épithumia est également rendue par « convoitise » et « passions », ainsi que par « désirs ». La convoitise est le désir de tout ce qui est péché, comme les relations sexuelles illicites, l’ivresse, les gains malhonnêtes, la vengeance, ou tout ce que Dieu interdit.
La convoitise peut également s’appliquer à la manière dont nous désirons quelque chose qui n’est pas en soi un péché. En d’autres termes, nous pouvons éprouver de la convoitise lorsque nous désirons une bonne chose de la mauvaise manière, ou pour de mauvaises raisons. Ce n’est pas un péché de désirer un conjoint. Mais c’est un péché de désirer le conjoint d’une autre personne. Ce n’est pas un péché de désirer être rémunéré équitablement pour des travaux légitimes. Mais c’est un péché de désirer la richesse pour satisfaire nos appétits matérialistes, ou parce que nous recherchons la sécurité du monde. Il est bon de se reposer. Mais le péché de paresse se produit lorsque ce désir devient tordu. Vous voyez le tableau. La convoitise est à la fois un désir pour la mauvaise chose, et un mauvais désir pour une chose par ailleurs bonne. La convoitise, sous toutes ses formes et expressions, est sans exception un péché, et par conséquent, elle représente une sorte de mutinerie contre Dieu.
En Éphésiens, Paul énumère l’epithumia comme faisant partie des péchés qui caractérisent la vie en dehors du Christ, quand nous « vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de notre corps » (Éph. 2:3 ; italiques ajoutés). En Tite, il nous est dit qu’avant notre conversion, nous étions « asservis à toute espèce de convoitises et de voluptés » (Tite 3:3 ; italiques ajoutés). Une vie livrée à de tels désirs peccamineux est tout à fait incompatible avec la vie chrétienne.
Pierre fait référence à la convoitise (les passions) pour opposer la vie du chrétien à celle de l’incroyant : « Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l’ignorance » (1 Pierre 1:14 ; italiques ajoutés). « Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles, qui font la guerre à l’âme » (1 Pierre 2:11 ; italiques ajoutés). Il nous dit que nous ne devons plus vivre « selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu » (1 Pierre 4:2 ; italiques ajoutés).
En réprimandant les chefs religieux qui s’opposaient à lui et à sa mission, Jésus disait que leurs « désirs » (convoitises) étaient les mêmes que ceux de leur père Satan (Jean 8:44). Jésus situe l’origine de la convoitise dans le cœur mauvais de Satan. Il n’est donc pas surprenant que la convoitise, ou les désirs mondains, étouffent souvent la semence de l’Évangile dans le cœur humain (Marc 4:19). La convoitise s’attaque donc aux efforts de l’Église pour faire entendre l’Évangile.
La convoitise mérite notre opposition agressive. Nous devons la fuir lorsqu’elle vient de l’extérieur et la tuer lorsqu’elle jaillit de nos cœurs. La convoitise est mauvaise pour nous de la même manière que tous les péchés sont mauvais pour nous, parce qu’elle nous dit que le poison est doux et que mourir c’est vivre. Puissions-nous utiliser pleinement les moyens de grâce donnés par Dieu (l’Écriture, les sacrements, la communion chrétienne, et la prière) pour faire la guerre à la convoitise aussi sûrement que la convoitise nous fait la guerre. Puissions-nous nous tourner vers Jésus et le chérir dans nos cœurs. Sa puissance et sa beauté sont bien plus grandes que tout ce avec quoi le monde peut nous tenter. Les promesses de Jésus sont de loin meilleures que les promesses moqueuses des désirs du monde :
Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. (Col. 3:1-4)
Cet article a été publié à l’origine dans le Tabletalk Magazine.