Une question de vie ou de mort
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Note de l’éditeur : Ceci est le deuxième chapitre de la série « La mortification du péché », publiée par le Tabletalk Magazine.
La question « Qu’est-ce que le péché ? » est évoquée dans le « Westminster Shorter Catechism » (trad. « Le petit catéchisme de Westminster »). La réponse donnée à cette question catéchétique est simplement la suivante : « Le péché est tout manque de conformité à la loi de Dieu, ou toute transgression de cette loi. »
Examinons certains des éléments de cette réponse catéchétique. Dans un premier temps, le péché est identifié comme une sorte de désir ou de manque. Au Moyen ge, les théologiens chrétiens ont tenté de définir le mal ou le péché en termes de privation (privatio) ou de négation (negatio). Dans ces termes, le mal ou le péché était défini par son manque de conformité au bien. La terminologie négative associée au péché peut être vue dans des mots bibliques tels que désobéissance, impiété ou immoralité. Dans tous ces termes, nous voyons que le négatif est souligné. D’autres illustrations incluraient des mots tels que déshonneur, antichrist, et autres.
Puisque c’est la loi de Dieu qui définit la nature du péché, nous sommes laissés face aux terribles conséquences de notre désobéissance à cette loi.
Cependant, pour avoir une vue complète du péché, nous devons réaliser qu’il implique plus qu’une négation du bien, ou plus qu’un simple manque de vertu. Nous pouvons être enclins à penser que le péché, s’il est défini exclusivement en termes négatifs, n’est qu’une illusion. Mais les ravages du péché mettent en évidence de façon dramatique la réalité de sa puissance, réalité qui ne peut jamais être expliquée et balayée de côté en recourant à l’idée de l’illusion. Les réformateurs ont ajouté à l’idée de privatio la notion d’actualité ou d’activité, de sorte que le mal est donc vu dans l’expression « privatio actuosa ». Cela souligne le caractère actif du péché. Dans le catéchisme, le péché est défini non seulement comme un désir de conformité, mais comme un acte de transgression, une action qui implique un dépassement ou une violation d’une norme.
Pour comprendre la signification du péché, on ne peut pas le définir en dehors de son rapport avec la loi. C’est la loi de Dieu qui détermine ce qu’est le péché. Dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul, en particulier dans Romains, insiste sur le fait qu’il existe une relation inséparable entre le péché et la mort et entre le péché et la loi. La formule simple est la suivante : Pas de péché veut dire pas de mort. Pas de loi veut dire pas de péché. L’apôtre soutient que là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de péché, et que là où il n’y a pas de péché, il n’y a pas de mort. Cela repose sur la prémisse que la mort envahit l’expérience humaine comme un acte de jugement divin pour le péché. C’est l’âme qui pèche qui meurt. Cependant, sans loi, il ne peut y avoir de péché. La mort ne peut pas entrer dans l’expérience humaine avant que la loi de Dieu ne soit d’abord révélée. C’est pour cette raison que l’apôtre soutient que la loi morale était en vigueur avant que Dieu ne donne à Israël la loi mosaïque. L’argument repose sur la prémisse que la mort était présente dans le monde avant le Sinaï, que la mort a régné d’Adam à Moïse. Cela ne peut que signifier que la loi morale de Dieu a été donnée à ses créatures bien avant que les tablettes de pierre ne soient livrées à la nation d’Israël.
Cela donne un certain crédit à l’affirmation d’Emmanuel Kant sur l’existence d’un impératif moral universel qu’il a appelé l’impératif catégorique, qui se trouve dans la conscience de toute personne sensible. Puisque c’est la loi de Dieu qui définit la nature du péché, nous sommes laissés face aux terribles conséquences de notre désobéissance à cette loi. Ce dont le pécheur a besoin pour être sauvé des aspects punitifs de cette loi est de ce que Salomon Stoddard appelle une justice de la Loi. Tout comme le péché est défini par un manque de conformité à la Loi, ou une transgression de la Loi, le seul antidote à cette transgression est l’obéissance à la Loi. Si nous possédons une telle obéissance à la Loi de Dieu, nous ne risquons pas d’être jugés par Dieu.
Salomon Stoddard, le grand-père de Jonathan Edwards, a écrit dans son livre, « La Justice de Christ », le résumé suivant de la valeur de la justice de la Loi : Il nous suffit d’avoir la justice de la loi. On ne risque pas de se perdre si l’on a cette justice. La sécurité des anges dans le Ciel consiste dans le fait qu’ils ont la justice de la loi, et il nous suffit que nous ayons la justice de la loi pour être en sécurité. Si nous avons la justice de la loi, alors nous ne sommes pas sujets à la malédiction de la loi. Nous ne sommes pas menacés par la loi ; la justice ne se dresse pas contre nous ; la condamnation de la loi ne peut nous atteindre ; la loi n’a rien à objecter contre notre salut. L’âme qui a la justice de la loi est hors de portée des menaces de la loi. Quand on répond à l’exigence de la loi, la loi ne trouve aucune faute. La loi ne maudit que lorsqu’elle constate un manque d’obéissance parfaite. De plus, là où il y a la justice de la loi, Dieu s’est engagé à donner la vie éternelle. De telles personnes sont les héritières de la vie, selon la promesse de la loi. La loi les a déclarés héritiers de la vie, Galates 3.12, « L’homme qui mettra ces règles en pratique vivra par elles » (La justice de Christ, p. 25).
La seule justice qui répond aux exigences de la Loi est la justice de Christ. C’est seulement par l’imputation de cette justice que le pécheur peut à jamais posséder la justice de la Loi. Cela est essentiel pour comprendre pourquoi l’imputation de la justice de Christ est si largement attaquée aujourd’hui. Si nous abandonnons la notion de la justice de Christ, nous n’avons aucun espoir, parce que la Loi n’est jamais négociée par Dieu. Tant que la Loi existe, nous sommes exposés à son jugement, à moins que notre péché ne soit couvert par la justice de la Loi. La seule protection que nous puissions avoir contre cette justice est celle qui nous vient de l’obéissance active de Christ, qui a lui-même accompli chaque point et chaque titre de la Loi. Son accomplissement de la Loi en lui-même est une activité effectuée en tant que notre représentant par laquelle il obtient la récompense qui vient avec une telle obéissance. Il ne le fait pas pour lui-même, mais pour son peuple. C’est l’arrière-plan de cette justice imputée, ce sauvetage de la condamnation de la Loi, ce salut des ravages du péché qui est la toile de fond de la sanctification du chrétien, dans laquelle nous devons mortifier ce péché qui demeure en nous, puisque Christ est mort pour notre péché.